Nous avons quitté le seigneur de Gesves, René de Mozet, au moment où, désespérant de surmonter ses difficultés financières, il se résignait à vendre sa seigneurie. L'intermédiaire qu'il chargea de l'opération, son cousin Jean de Fumai, s'étant mis en quête d'un acheteur aux premiers jours de 1642, aborda un haut fonctionnaire, riche et avide de titres seigneuriaux : Louis-François Verreycken.
On sait que le territoire de Gesves, au début du XIe siècle, était entièrement couvert de bois, à l'exception d'une petite clairière de trente à quarante hectares, qui s'étendait autour de l'église et en-dessous, d'ans la vallée. Deux siècles plus tard, l'agriculture en avait conquis un tiers environ.
Hommes allodiaux et de lignage : tels étaient, désignés par leurs caractères principaux, les gens qui constituaient, au Moyen-Age, la classe moyenne de la population, en-dessous du seigneur et au-dessus de la masse des manants.
Mais au XVIe siècle, l'alleu avait, pour ainsi dire, disparu. Toutes les terres relevaient de la cour seigneuriale ; presque toutes étaient grevées de charges pécuniaires. La notion même d'alleu était tombée en désuétude.
Dans la première partie de cette étude, nous n’avons pu connaître qu’une minorité de la population, celle qui se composait des seigneurs et des propriétaires. Quant aux autres habitants, les documents du Moyen-âge ne les signalent qu’en termes généraux.
Le polyptyque de Saint-Vanne, rédigé vers l’an 1050, montre des haestaldi, c’est-à-dire des serfs non casés, dispersés sur le domaine ; ils payaient une capitation de deux deniers, ce qui implique une possibilité d’épargne provenant d’un salaire. L’acte de vente de 1091 emploie le terme générique de mancipia, que l’on trouve habituellement dans les textes relatifs aux grands domaines pour désigner la population servile.
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