Institution de la Seigneurie de Gesves
A côté des familles que nous avons pu rattacher à Warnier du Cellier et à Robert de Gesves, on constate, dès le XIIIe siècle, la présence d'une cinquième lignée d'héritiers en même temps censitaires de la collégiale Saint-Pierre de Liège c'est-à-dire détenteurs de parcelles de l'ancien domaine de Saint-Vanne de Verdun. C'était une branche de la famille seigneuriale de Vyle. "Ottelet fils monseigneur Gérard de Vyle» est inscrit en tête des hommes du comte de Luxembourg qui assistent à la vente de la seigneurie de Spinoit-sous-Gesves en 1283
CHAPITRE V
Institution de la Seigneurie de Gesves
A côté des familles que nous avons pu rattacher à Warnier du Cellier et à Robert de Gesves, on constate, dès le XIIIe siècle, la présence d'une cinquième lignée d'héritiers en même temps censitaires de la collégiale Saint-Pierre de Liège c'est-à-dire détenteurs de parcelles de l'ancien domaine de Saint-Vanne de Verdun. C'était une branche de la famille seigneuriale de Vyle. "Ottelet fils monseigneur Gérard de Vyle» est inscrit en tête des hommes du comte de Luxembourg qui assistent à la vente de la seigneurie de Spinoit-sous-Gesves en 1283.
Otton de Vyle fut écuyer , garde du château de Mirwart et seigneur d'Ossogne près Havelange. II était donc de la caste militaire et féodale, condition supérieure à celle des « gens labourans" issus du lignage de Gesves.Toutefois,la nature et la situation des biens qu'il possédait décèlent une communauté d'origine avec ceux-ci : ces biens étaient des alleux et des censives, contigus aux terres des diverses branches du lignage et dans les quelles on ne peut voir que des parties détachées d'un tout primitif, c'est-à-dire de ce domaine qu'avaient constitué, en deux siècles, les défrichements des préposés de Saint-Vanne et ceux des avoués de Notre-Dame de Huy. En effet, nous voyons Julienne de Vyle, fille et héritière d'Otton, posséder en 1332 dix bonniers et demi de terres redevables de cens à Saint-Pierre de Liège .
D'autre-part sa maison, sise au bord du ruisseau près du manoir de la Fontaine, était un alleu . Son fils Guillaume, devenu seigneur du lieu, siégea comme homme allodial avec d'autres membres du lignage de Gesves . Le lien qui rattachait Otton de Vyle à ce lignage n'est pas déterminé par des documents explicites. Comme il intervint à Gesves dès 1283, c'est-à-dire à une époque où, très probablement, il n'était pas encore marié , les biens qu'il y possédait devaient provenir de l'un ou l'autre de ses propres parents. Une hypothèse vraisemblable est que sa mère, dont aucun texte ne cite le nom, fut fille du chevalier Warnier, auteur du lignage de Gesves.Otton mourut en 1313, laissant une veuve, Marguerite de Wihongne dite de Hamal, deux filles et un fils. Ce dernier, Anseau de Vyle, releva de l'évêque de Liège, , le 6 septembre 1314, la seigneurie d'Ossogne, deux cents bonniers de terre et de bois à Ossogne et Halisoux, la moitié du moulin d'Ossogne, des cens et rentes, vingt hommages, une maison avec tour à Ossogne et la moitié de la justice de ce lieu. Il épousa, en 1325 , Mathilde d'Emeville .L’aînée des filles, Marguerite, mariée avec André d’Upigny, était mère de quatre enfants en 1322.La seconde, Julienne de Vyle, héritière de Julienne de Wihongne-Hamal sa tante maternelle , épousa vers 1325 Evrard de Bolland, cadet de fort noble maison et serviteur dévoue du comte Jean de Luxembourg, roi de Bohême, L'union de Julienne avec Evrard est le fait initial dont découle toute une période de l'histoire de notre village, car Jean de Bohême, que servait Evrard, était alors titulaire de l'avouerie de Gesves et, en fait, seigneur du lieu; d'autre part, Julienne apportait à son mari de quoi prendre pied sur cette terre. Nous allons voir cette conjoncture se développer rapidement.Dès 1320, Jean de Bohême avait promis à son serviteur dix livres de revenu foncier , mais il ne savait alors sur quelle terre réaliser sa promesse. La question fut résolue quand Evrard, du chef de sa femme, eut un intérêt à Gesves ; et voici que les faveurs du prince se précisent.D'abord une charte du 28 octobre 1325 conféra à Evrard le droit de chasse sur tout le territoire de Gesves .
Une seconde et plus importante, du 29 novembre 1326, constatant que le « féal varlet » a relevé en fief du comte « sa maison de Gesves qui était son bon alleu », porte à vingt-cinq livres le revenu promis et, pour en tenir lieu, concède à titre héréditaire « la hauteur de Gesves qu'on appelle de Notre-Dame de Huy et toute l'avouerie et la seigneurie entièrement, si, avant que le dîmage et la paroisse s'étend ». La dite maison de Gesves sera tenue envers le comte de contribuer à la défense du pays; à cette fin, le nouveau seigneur s'empressa d'ériger une tour près de sa maison ; cette tour demeure, après six siècles, comme témoin de l'institution de la seigneurie.
Une troisième charte, datée du 24 août 1329, confère à Evrard de Bolland la foresterie des bois de Gesves acquis par un comte de Luxembourg dans les conditions que l'on sait .
Une quatrième, du 28 octobre suivant, lui donne le droit exclusif de chasse, dans tous les bois entre Monceau-lez-Haillot et la Meuse .
Une cinquième, du 2 octobre 1332, confirme la précédente en y ajoutant la faculté de préposer des forestiers à la garde de la chasse, qui décidément tenait une grande place dans les largesses du roi Jean .
Enfin, des lettres données à Modène le 20 avril 1333, mirent Evrard en possession de tout ce que le comte de Luxembourg tenait dans le ressort paroissial de Gesves, toutes sortes de revenus, dîmes, prés, champs, bois, hommes, rivières et viviers, justice haute et basse, à la seule réserve du moulin de Hoyoul dont la banalité s'étendait sur des villages voisins . Cette dernière libéralité, faite au cours de l'expédition militaire du roi Jean en Italie, motivée par les bons services d'Evrard et ceux qu'il « entend encore avoir à faire », fait supposer que 1' « amé varlet » avait accompagné son maître au-delà des monts .L'ensemble de ces concessions fit de la nouvelle seigneurie de Gesves l'une des plus largement dotées et des plus complètes de la région. Elle compta parmi les plus notables du comté de Namur lorsque, en 1343, la prévôté de Poilvache fut rattachée à celui-ci.
Toutefois le nouveau seigneur de Gesves ne jouit pas longtemps des bienfaits de son illustre maître. Un acte du 26 juillet 1335 nous apprend que, à cette date, Julienne de Vyle était veuve . L'amitié d'un prince tel que Jean l'Aveugle, que l'histoire honore comme l'un des plus magnifiques exemplaires des vertus chevaleresques, vaut tout un éloge pour Evrard de Bolland. Celui-ci enlevé prématurément par une cause inconnue, laissait quatre enfants dont l'aîné, Guillaume, n'avait encore que neuf ans .Or, dans l'ensemble de droits, de redevances et d'émoluments qui constituaient la seigneurie de Gesves, telle que Jean de Bohême la possédait, il y avait un point faible : c'est que cet ensemble était le fruit d'une politique de force, que la puissante maison de Luxembourg avait aisément pratiquée, mais qu'un simple gentilhomme pouvait difficilement soutenir, moins encore une femme et un enfant.
Le cadeau princier va être contesté dans certains de ses éléments; il ne pourra pas être conservé sans concessions.Nous avons vu que, parmi les revenus que les comtes de Luxembourg percevaient à Gesves, figurent les dîmes. La charte du 20 avril 1333 les mentionne expressément parmi les profits cédés à Evrard de Bolland. Il n'empêche que la collégiale Saint-Pierre de Liège s'empressa de réclamer son dû et de mettre un terme à une usurpation qu'elle avait subie trop longtemps. Les comptes de la période 1329-1334 nous montrent que, dès lors, le chapitre de Saint-Pierre percevait les Dîmes de Gesves par l'intermédiaire de fermiers.
Le ressort paroissial était divisé en trois sections : Gesves, Spasse et Hoyoul. Dans chacune, la dîme était mise aux enchères et souvent affermée par l'un des principaux propriétaires. Ainsi, dans la section dite de Hoyoul, qui comprenait les biens de Hoyoul et de Hourt, on voit les propriétaires de ces deux domaines, alternativement, prendre la dîme à bail pour trois ans . Plus tard, les membres de la famille seigneuriale assumèrent eux-mêmes ce rôle de fermiers de la dîme, qui donnait lieu à des forfaits avantageux, et ainsi retrouvèrent une partie des profits dont avaient joui leurs puissants prédécesseurs .Guillaume de Bolland, l'aîné des fils d'Evrard, atteignit sa majorité en 1351. Peut-être se montra-t-il plus exigeant que sa mère dans l'usage des droits seigneuriaux; toujours est-il qu'un conflit surgit entre lui et le chapitre de Notre-Dame de Huy, conflit qui ramena au jour des faits bien oubliés et souleva une controverse de principe.Sous la domination des comtes de Luxembourg, on ne tenait guère compte du véritable seigneur.
Guillaume de Bolland paraissant disposé à ne pas s'en soucier davantage, le chapitre de Huy remonta aux sources, et les prétentions des deux parties s'affirmèrent de la façon suivante : Guillaume, se fondant sur la possession, soutenait que la hauteur de Gesves lui appartenait comme fief tenu du château de Poilvache. S'il y avait contestation à cet égard, disait-il, la décision appartenait aux hommes féodaux de Poilvache, et le chapitre de Huy ne pouvait prétendre qu'aux droits de mutation sur les terres de sa mouvance, à certains cens et rentes, à tenir les plaids généraux et faire les bornages. Tous autres droits seigneuriaux, Guillaume les revendiquait.Les chanoines ripostaient que la hauteur et la justice de Gesves, avec tout ce qui en découlait, étaient leur alleu.
Quant à l'origine de cette propriété, ils n'en avaient pas une exacte notion, bien que détenteurs des titres qui la justifiaient. Ils croyaient avoir acquis leur droit d'un comte de Luxembourg, auquel ils auraient confié l'avouerie sous condition de ne pas l'aliéner : vague réminiscence d'une des clauses de l'acte de 1091.
En fait, comme seigneurs tréfonciers, les chanoines nommaient mayeur et échevins, lesquels jugeaient de tous cas. Le chapitre exerçait donc les droits qui dérivaient de la « hauteur », tandis que Guillaume n'avait que l'avouerie et ce qui en découlait.Telles étaient les deux thèses opposées.
Le chapitre de Huy en saisit les échevins de Liège, qui se reconnurent compétents et appelèrent à leur barre les échevins de Gesves « qui de tous ces débats étaient plus pleinement informés ». Ceux-ci entendus, on plaida; les titres furent minutieusement examinés; enfin, les échevins de Liège rendirent une sentence conforme à la thèse du chapitre. Ils n'attribuaient à Guillaume de Bolland, en qualité d'avoué, que le tiers des amendes infligées par les échevins.Mais contrairement à cette sentence et au mépris de la loi de Liège, Bolland persista à usurper certaines prérogatives afférentes à la hauteur. Alors nouvelle procédure ; nouvelle consultation des échevins de Gesves; nouvelle sentence, promulguée le 29 août 1355, qui répétait la première « sans adjonction ni diminution nulle» .Cependant, les parties s'avisèrent d'un moyen qui valait mieux que toute cette chicane.
Ce n'était pas seulement à Gesves que les héritiers d'Evrard de Bolland se heurtaient au chapitre de Huy; c'était aussi dans cette partie de la Hesbaye où Julienne tenait de sa mère et de sa tante maternelle -- Marguerite et Julienne de Wihongne-Hamal -- diverses propriétés.On résolut de terminer toutes les difficultés par une transaction. Contre une rente annuelle de 115 muids d'épeautre, Guillaume de Bolland acquit — non pas en alleu, mais en lansage, c'est-à-dire en propriété grevée d'hypothèque — la hauteur de Gesves et la totalité des droits et revenus que le chapitre y possédait, plus une rente de 8 muids et quelques terres à Wihongne, Paifve, Nederheim, Freeren, Heur-le-Tixhe et alentour. Par le même acte, il cédait au chapitre huit bonniers à Freeren, et quatre à Nederheim. Cette transaction fut consignée dans deux actes passés devant la cour allodiale de Liège et la cour censale du chapitre les 17 et 18 avril 1356.Dans ces documents, nous trouvons une nouvelle énumération des droits constituant la hauteur : commettre mayeur, échevins, sergents et forestiers ; tenir les plaids généraux et faire sonner la cloche pour les convoquer ; arrêter et relâcher; délimiter les communaux à l'intervention de l'avoué ; faire les bornages ; saisir les biens meubles ; prendre deux parts de la mousse trouvée, l'avoué prenant la troisième; percevoir les cens de servage qui échoient le jour de l'an, avec pouvoir de décrocher la porte du défaillant ; encaisser les deux tiers de toutes amendes, l'autre tiers appartenant à l'avoué; marquer les mesures; disposer des cours d'eau, pâturages et terres vagues.
Désormais donc, tous ces droits appartiennent au fils d'Evrard de Bolland. Il sera pleinement seigneur de Gesves, comme ne le furent jamais, en droit, les comtes de Luxembourg; mais à une condition, qui est de payer exactement la rente de 115 muids. Les actes qui enregistrent la transaction prévoient le cas de manquement : alors il suffira que les chanoines fassent ajourner Guillaume ou son héritier « en son hôtel à Gesves », et si celui-ci ne s'exécute pas, ils pourront, sans plus de cérémonie, reprendre tout ce qu'ils ont cédé. Pour plus de sûreté du paiement de la rente, il était interdit de démembrer la seigneurie, sous peine de saisie . Il ne s'écoulera pas un siècle avant que des circonstances calamiteuses mettent en application ces sanctions.
Toute seigneurie comprenait deux sources de revenus: des droits qui dérivaient du système féodal ; des terres boisées ou arables dont le seigneur était propriétaire, qu'il exploitait lui-même ou donnait en location.Nous avons vu ci-dessus qu'Evrard de Bolland reçut de son bienfaiteur la propriété des bois que les comtes de Luxembourg avaient acquis du chapitre de Huy. Mais quant aux terres arables, le nouveau seigneur de Gesves ne possédait que l'apport de sa femme, Julienne de Vyle.
De cet apport, nous connaissons deux éléments : la maison, qui était un alleu, et dix bonniers et demi de terre qui payaient un cens à la collégiale Saint-Pierre. La maison, sise à front du ruisseau, faisait partie du groupe qui se forma, durant la seconde moitié du XIII" siècle, lorsque les descendants de Robert de Gesves, s'étant partagé le domaine constitué par les avoués, s'installèrent aux endroits les plus favorables qu'offrait la vallée du ruisseau.
Sous l'église, en amont et en aval du moulin de Spinoit, s'élevèrent les manoirs dits de la Fontaine et de la Fosse, ainsi nommés à raison d'une caractéristique de leur emplacement; un peu plus loin en aval, celui qui plus tard devait être le château. Quant aux dix bonniers et demi de terre à cens, c'était une moindre part que celle d'autres branches du lignage dans les biens de cette nature. Cette part était certainement accompagnée de terres allodiales d'une plus grande étendue. Nous ne possédons pas d'indications précises quant à la situation de ces biens, noyau du futur domaine seigneurial.Mais on peut penser qu'ils étaient en majeure partie agglomérés aux environs de la maison, notamment en vaux et sur le plateau dit en terre de moulin .
Julienne de Vyle survécut longtemps à son mari, et son veuvage fut employé à arrondir le domaine. Deux chiffres manifestent le résultat qu'elle atteignit. Nous savons que, en 1332, la dame de Gesves était inscrite dans les comptes de la collégiale Saint-Pierre pour une somme de cens correspondant à dix bonniers et demi. Or, vers 1372, elle payait à Saint-Pierre des redevances en argent et en nature qui impliquent la possession de 65 bonniers, soit les deux tiers de tout l'ancien domaine de Saint-Vanne .
Dans les terres allodiales que les avoués avaient ajoutées à ces cultures primitives, nous ne pouvons pas suivre, avec autant d'exactitude, les progrès que fit la dame de Gesves. Mais le fait que, pour une catégorie de terres, elle se substitua presque complètement aux trois principales branches du lignage (celles dites délie Fontaine, délie Fosse et de Hoyoul) révèle un dessein d'accaparement auquel les terres allodiales ne purent échapper.Le fait le plus caractéristiques, à cet égard, est l'absorption complète des biens de Nicolas de la Fontaine, qui était, à l'époque de l'institution de la seigneurie, le plus gros propriétaire cultivateur de tout Gesves. Julienne lui: acheta vingt bonniers de censives sur vingt-deux qu'il possédait, et sans doute ses autres biens puisque, de Nicolas et de ses héritiers, il ne sera plus guère question désormais.
Les délle Fosse, autre ligne masculine du lignage, qui, avec les délle Fontaine, tenaient presque toute la campagne entre Gesves et Florée, cédèrent 15 bonniers de censives et tant d'autres terres qu'il ne leur resta plus que la valeur d'une charrue de labour (20 à 25 bonniers). Même sur les terres de Hoyoul, quoiqu'écartées du centre, la famille seigneuriale jeta son dévolu, en y appliquant le système de l'arrentement qui sera développé au siècle suivant. Des actes avenus en 1383 devant la Cour de Saint-Pierre et devant les hommes allodiaux de Gesves grèvent ces terres d'une rente de vingt-deux muids au profit de Bureau de Juppleu, héritier de la seigneurie .
On peut dire que, dès la fin du XIVe siècle, le domaine de Robert de Gesves était aux trois quarts reconstitué dans le chef du nouveau seigneur. Les acquisitions qui avaient amené ce brillant résultat furent facilitées par la circonstance que le territoire cultivé de Gesves appartenait aux descendants d'une souche commune, à laquelle se rattachait le nouveau seigneur lui-même. Ainsi, elles évitaient la réprobation qu'encourait au Moyen-âge l'aliénation de terres au profit d'étrangers, et n'étaient pas exposées au retrait lignager. Le bloc de plus de deux cents bonniers ainsi formé par l'ambition tenace et l'économie de Julienne de Gesves ne s'augmentera plus guère dans la suite.La maison du nouveau seigneur n'était d'abord qu'un bâtiment agricole, une « boverie » selon le langage d'alors. Evrard de Bolland, en exécution de ses obligations militaires, éleva une tour de défense à proximité. Sa veuve et son fils construisirent un château. Il est certain que, en 1375, le seigneur de Gesves possédait une «forteresse» .
Ce château fut construit sur l'axe des bâtiments de ferme ; il se composait de deux corps de logis en marteau, dont les murs extérieurs avaient deux mètres d'épaisseur . La cour du château faisait suite à celle de la ferme; l'ensemble formant un rectangle dont l'un-des longs côtés, à l'ouest, était coupé par la tour féodale.La ferme du château desservit une partie du domaine cultivé, probablement celle qui provenait du patrimoine de Julienne de Vyle. Les bâtiments et les terres acquis de Nicolas de la Fontaine continuèrent de former un ensemble; la ferme prit le nom de censé de Cour ou doux. C'est l'actuelle « ferme d'en bas » qui forma, avec celle du château, ce qu'on appelait la basse-cour, centre d'exploitation du domaine seigneurial.Cependant, dès la mort de Julienne, le domaine qu'elle avait constitué durant son long veuvage fut divisé. Tandis qu'à son fils aîné allait le château avec les bois et les terres en dépendant directement, la plus grande partie des terres cultivées échut au cadet, Henri de Gesves. Celui-ci bénéficia notamment de toutes les acquisitions provenant des délie Fontaine et des delle Fosse et d'une « boverie » à Spasse. De nouveau, les biens roturiers furent, en grande partie, séparés des droits féodaux.