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Conclusion

Le Namurois compta, au Moyen Age, cinq abbayes cisterciennes : Boneffe, Grandpré, le Jardinet, Moulin et Saint-Remy; quatre abbayes bénédictines : Florennes, Gembloux Saint-Gérard et Waulsort; deux abbayes de Prémontrés, à Floreffe et à Leffe; deux monastères de chanoines réguliers de Saint-Augustin, à Géronsart et à Malonne; des communautés de moindre importance, comme les prieurés de Saint-Héribert de Namêche, d'Hastière et Hanzinne.

La multiplicité de ces institutions monastiques posa un double problème : celui du recrutement et celui de l'influence.
Les candidats à la vie du cloître eurent le choix : en fait, les abbayes cisterciennes furent moins peuplées; celle de Grandpré, avons-nous dit comptait 12 à 15 religieux-profès et quelques novices et frères convers.

Parmi les moines de Grandpré, peu étaient originaires de la région: à peine peut-on citer quelques noms : Henri de Faulx, abbé de Grand-pré de 1320 à 1323; Jean de Maillen, abbé, mort en 1447; Gérard de Maillen, abbé de 1447 à 1469; Jean Morial de Haltinnes, abbé de 1470 à 1479; François de Larbrespine d'Andenne, abbé en 1669; Dom Jean Douflamme de Mozet, mort en 1675.

Cette pénurie de vocations dans les environs immédiats du monastère semble être imputable à deux causes : la première, c'est que le con-druzien, autrefois comme aujourd'hui, a un tempérament frondeur ei indépendant; la deuxième, c'est qu'il connut au Moyen Age des conditions de vie difficiles; il dut travailler opiniâtrement pour arracher à Is terre les ressources nécessaires à sa subsistance et à celle de sa famille: il n'eut pas souvent le loisir de s'évader vers les choses de l'au-delà; il fut obligé à des prestations humiliantes pour son caractère. Tout CE restant fidèle à sa foi et aux pratiques chrétiennes communes, il ne pensa pas à s'engager dans les milices sacrées, régulières ou séculières; peut-être ne se crut-il pas digne d'un pareil état de vie. Si quelques localités fournissent de nombreuses vocations, il faut constater que les moines et les prêtres séculiers sont rares dans le Condroz.

Le plus grand nombre des religieux de Grandpré venaient d'endroits éloignés, privilégiés par la nature : le plat-pays, des importantes agglomérations et le pays de Liège : Gembloux, Genappe, Braine-l'Alleud Vilroux, Huy, Verviers, etc...
C'est là peut-être le plus grand témoignage en faveur de l'influence exercée par l'abbaye de Grandpré.

Le renom de ferveur dont jouirent les moines, la filiation directe de Grandpré avec l'abbaye de Villers, dont le nom seul était entouré d'un grand prestige, la personnalité de la plupart des abbés, dont certains devinrent abbés de l'abbaye-mère, la faveur que les prélats connurent auprès des princes, des nobles et dans les Etats Namurois, furent autant d'éléments qui firent rayonner au loin l'éclat de Grandpré et commandèrent le respect, l'admiration et la confiance.

Le monastère géra son domaine et ses finances avec circonspection et vigilance. Malgré les crises de l'époque, le XVIIIe siècle vit se maintenir une prospérité indéniable ; les moines mirent leurs richesses et leur expérience au service des populations ; ils cultivèrent la terre avec ardeur et intelligence. Au point de vue social, leur exemple fut heureux pour les manants, dont beaucoup engagèrent à l'abbaye tout ou partie de leurs biens, pour se constituer des rentes sûres ; l'étendue du domaine abbatial rapprocha habitants et religieux ; dans tous les centres que l'abbaye occupa, autour des granges qu'elle exploita, se répandit la fraternité de l'Evangile ; le monastère eut son portier qui accueillit les pauvres, les malades; tous recevaient les secours spirituels et matériels dont ils avaient besoin ; les pèlerins trouvèrent l'asile le plus réconfortant.

L'épitaphe, ciselée dans la pierre tombale de l'abbé Rochette, rappelle l'idéal des abbés et de la communauté de Grandpré : la beauté de la maison de Dieu, la piété dans les offices divins, l'hospitalité, toute d'aménité et de discrétion envers tous, l'humilité qui s'exerçait dans leur vie de sacrifice et dans les travaux les plus humbles. (1)
L'abbaye de Grandpré suivit la ligne de conduite tracée par la Règle cistercienne : elle accomplit, avec générosité, la mission que lui avaient confiée le comte Philippe de Namur, l'abbé Guillaume de Villers et son premier abbé, le Bienheureux Jean de Grandpré.




(1) Voir page 32. 112

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General update: 19-01-2012 07:54
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