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Vie de château (379) - un article de La Libre Belgique


Le Royer en pleine grâce
» Le fief de Royer, petit domaine féodal, n'aura jamais connu tant de charme. » Ses actuels propriétaires le bichonnent, tel un trésor. Le site est remarquable.

Nous voici à Mozet, dans un des plus beaux villages  de  Wallonie,   où coule le Tronquoy, petit ru venu de Wierde et qui ira se jeter dans le Samson, né lui entre Sorée et Florée. A Mozet se trouve à flanc de colline l'ancien château des nobles familles Mozet et Hemricourt (de Ramioul). Le fief de Royer était avant 953 dans la possession de l'abbaye de Stavelot.
Puis il passa à la date précitée dans la famille des sires de Mozet. Ces derniers s'y maintinrent jusqu'en 1398. A cette époque, Guillaume de Mozet était sire de Dongelberg, Arche et Bernimont (près d'Assenois). Hypothéqué par son fils Godefroid, le fief fut laissé à Michard Heillarde, bourgeois de Namur. Ce Heillarde était un des députés de la bourgeoisie lors de l'inauguration du comte Guillaume II de Namur, le 11 décembre 1391. Le fief dit alors "du Piroy" entra par retrait lignager   dans   les   mains   de Guillaume de Juppleu, le 26 novembre   1399,   précise   l'abbé Blouard.
Les Juppleu étaient une célèbre famille du Namurois (ils auraient possédé Freyr, avaient Pontillas plus Montigny à Hanret). On y vit notamment Guillaume de Juppleu, sire de Noirmont (près de Chastre), époux de Jeanne de Hosden. Ils n'eurent que deux filles. Jeanne allait épouser Conrard d'Argen-teau, sire de Ligny et de Tongrin-nes. Elle releva Bonneville, tandis que sa sœur épouse de Jean de Royer reprit la terre qui nous occupe. Le 3 juillet 1577, ledit Jean de Royer, sire de Neuville-sous-Huy, opéra le relief pour compte de sa femme Louise de Juppleu. Les Royer, brefs maî­tres de céans donneront leur nom à la résidence. En effet, Jeanne de Royer, fille de Jean et de Louise allait vendre cette part de son héritage le 15 juillet 1606.

Maîrtre de forges
L'acheteur était un Liégeois d'origine, maître de forges et déjà châtelain à Courrière, sire d'Yvoir (dépendance de Maillen), à savoir Jean Muller. Cet ultime possédait des intérêts industriels du côté de Goyet et occupa à Namur la charge d'échevin. Jean Muller fut l'édifïcateur de la tour carrée qui pointe sa flèche vers les cimes des arbres. Elle est datée de 1614. On ne sait qui prit en charge ce bien à la mort de Jean Muller et les sources amènent illico à 1774 quand le "Royer" est détenu par Antoine Jacqmart, avocat au Conseil de Namur.
Les XIXe et XXe siècles verront le "Royer" occupé par différentes familles de fermiers jusqu'à ce que les actuels propriétaires en prennent les commandes et donnent à ce fief un lustre que sans doute il n'eut jamais.
Le domaine s'illustre dès l'abord par sa tour haute et tra­pue postée à droite de l'ensemble castrai, près de la colline boisée. La tour à laquelle est accolée une tourelle d'escalier à toit conique engagée, est érigée en briques et agrémentée de pierre bleue. On retrouve cette dernière pour les décors de baies, au portail en plein cintre à clé et aux chaîna­ges des arêtes. La tour repose sur des moellons de grès au premier niveau. L'édifice grimpe sur trois étages sans compter les hauts combles dissimulés sous la toi­ture en bâtière à coyaux couverte d'ardoises. Le tout est sommé d'un clocheton octogonal terminé par une flèche de fer forgé. L'en­trée dans la cour s'effectue à pré­sent par l'aile nord-est datant comme le reste des édifices de la fin du XVIII siècle, sauf la grande d'en face qui porte des ancres de 1601. Le passage sous couvert est limité par des arcs surbaissés. Le logis en moellons de pierre bleue, à gauche de l'en­trée, présente trois larges tra­vées sur un niveau et demi. Les toitures sont toutes couvertes d'ardoises. Le parc actuel est ce qui reste après un démembre­ment opéré par une société im­mobilière voici, semble-t-il une centaine d'années.
On ne visite pas. Le domaine se voit parfaitement de la rue. La tour est classée depuis le 5 jan­vier 1979.

Philippe Farcy

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General update: 19-01-2012 07:54
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