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"vallée du samson"
C'est incontestablement le joyau de la rive droite de la Basse-Meuse Namuroise.

René Blouard - la basse-meuse namuroise - vallée du Samson - editions mosanes - 1946

 

Arrêtons-nous un instant sur le pont du confluent à Samson. A notre gauche, sur l'autre rive de la Meuse, le château de Namêche; à notre droite deux rochers élevés, girs et couronné de verdure, qui ouvrent sur la vallée.
ImageL'on est ravi d'admiration devant ces deux masses de rochers, semblables à des géants; celle de gauche porte l'antique forteresse et château de Samson — li Tchestia — et celle de droite, les ouvrages de défense du fort moderne de Maizeret.

Primitivement le ruisseau de Samson s'appelait le Houyoux, comme à peu près tous les richots qui dégringolent du Condroz vers la Meuse, dans l'ancien Comté de Huy.
Samson doit son appellation à la forteresse mérovingienne établie au haut du rocher. Ce nom paraît être celui d'un homme germanique, Sanso ou Sanzo — château de Sanzo ? — modifié par une étymologie populaire d'inspiration biblique, rappelant le personnage Samson; certains philologues préféreront peut-être voir dans cette dénomination le « ruisseau des saules » — « salicionem » — devenu, par assimilation, « Sancionem » et enfin Samson.

Le ruisseau de Samson a creusé une vallée longue de 15 kilomètres environ, direction S.-E.-N.
En suivant la route qui remonte le cours de la rivière, on aperçoit, à gauche, l'ouvrage avancé de la forteresse, et les ruines du château-fort, au pied desquelles se trouve le vieux moulin de Vaulx-sous-Samson. Puis, la rivière et la route obliquent à droite ; à l'angle, en face de la chapelle de Samson, la route monte vers le village de Thon ; à côté de la chapelle, on peut voir la maison natale du littérateur Ferdinand Loise (1823-1908) ; la vallée s'élargit; nouveau coude de la rivière vers la gauche; là, descend la route de Maizeret, le long d'une carrière appelée « les Plat'èscailles »; le paysage est de toute beauté; en bordure du ruisseau, des saules, des prés, de grands arbres, et, presque à même le lit de la rivière, des plantes sauvages, appelées pétasites, aux feuilles larges, secouées souvent par les cascatelles, donnent une note pittoresque, qui retient l'attention du voyageur.

ImageEt voici un pont métallique sur un des nombreux méandres du ruisseau.
Celui-ci tourne vers la droite et baigne le château des Forges, du maître de forges, Raymond; beau manoir, de ligne sobre, mais riche quand même; en face, une grotte, dédiée à Notre-Dame de Lourdes.


Retournons-nous. Un immense amphithéâtre s'étale devant nous. Le terrain monte en pente douce, puis raide vers le Trou Perdu, lieu-dit de Thon; maisons, prairies, jardins, bois sont véritablement accrochés à cette colline abrupte ; une route est taillée dans le flanc du coteau.

Continuons notre promenade. La vallée se resserre; dé-ci, dé-là, des polissoirs et des carrières de marbres, des maisons rustiques du XVIIe et du XVIIIe siècle qui furent les « cortils » de l'Ancien Régime.
ImageUn autre pont; il fait la limite entre Thon-Samson et Mozet-Goyet, et nous introduit dans un panorama tout de verdures, d'eau et de bois. Trois hauts rochers isolés, dont l'un emprunte les lignes d'une façade de cathédrale gothique, émergent des grands bois austères ; à la base de la colline, une cascade, déversant les eaux du Samson, crée une harmonie de fraîcheur et de gaîté.
La vallée s'élargit de nouveau; en contrebas de la route, le « Pachis », et le « Moulin » qui occupe l'emplacement d'une ancienne « batterie de cuivre », aujourd'hui pension de famille et restaurant renommés.
De verdoyantes prairies s'étalent le long du ruisseau jusqu'aux routes qui montent, l'une à Mozet, l'autre à Bonneville; des maisons, anciennes pour la plupart, s'étagent sur les bords élevés de la vallée.

L'on aperçoit, au milieu d'elles, l'ancien château de Goyet, légué pour hospitaliser les vieillards de la commune de Mozet; ce château porte aujourd'hui le nom d'Institut Saint-Antoine.
Le château récent de Goyet le surplombe : château en briques, avec tourelles et donjon; la vallée est très large, c'est un des plus beaux coins.

Brusquement, la vallée se resserre; à 100 mètre du pont de l'Hospice, un escalier rustique monte à la terrasse, donnant accès aux grottes et cavernes préhistoriques de Goyet; au pied de ce massif rocheux. les eaux du Struyaux, venant de Strud, le long de la route Strud-Goyet, se mêlent à celles du Samson.

ImageUn pont; nous sommes sur le territoire de Faulx-les-Tombes, section de Jausse. La route fait deux angles droits, enserrant un vieux moulin; le ruisseau traverse un grand verger de l'ancien château-ferme de Jausse; à gauche, on aperçoit l'ancien Moulin, dit des Anglais; à droite, un bois, au lieu-dit « Au Camp », en souvenir du cantonnement des troupes de Louis XIV, lors du siège de Namur. L'ancien château-ferme de Jausse appartenait, au début du siècle dernier, à un nommé Boisgenrieux, général de Napoléon. La tradition orale nous apprend que ce général, d'une certaine originalité, avait conçu et d'ailleurs réalisé le projet de perpétuer et d'illustrer le souvenir des armées françaises, attaché à ce lieu-dit « Au Camp ». Le vieux général se mit en tête d'organiser un véritable camp retranché, postiche, à cet endroit; il fit construire des murs, sortes de remparts avec créneaux, casemates, bref, tout ce qui pouvait rappeler l'appareil d'un camp militaire; il anima ces constructions de la présence de soldats taillés dans le bois, de canons, d'armes défensives, également en bois; la tour en ruines, un peu plus loin, appelée maintenant « la Parapette », serait due également à Boisgenrieux; c'était, dans son dispositif de défense, la tour des guetteurs... Les frondaisons touffues dérobent aux yeux ces constructions fantaisistes, dont la plupart d'ailleurs, faites de matériaux peu consistants, n'ont pas résisté aux intempéries.

Un peu plus loin, à droite, la route de Dave s'amorce, passant par Mozet, Wierde et Naninne; à gauche, une route conduit aux Tombes; nous continuons à remonter le cours de la rivière, dans un décor plein de verdure, vers Faulx et son château; au pied de ce château, le petit ruisseau d'Arville descend en cascade des étangs d'Arville, situés près du château du même nom, à une demi-heure de distance de celui de Faulx, et non loin du hameau de Mont-Ste-Marie (Mozet) où l'on peut admirer une vieille chapelle du XIIIe siècle, dédiée à Notre-Dame.

b_150_100_16777215_00_images_stories_s5_granpre.jpgDisparaissant dans les prairies ou sous des frondaisons touffues, le Samson s'éloigne de la route; il va séparer les deux sections de Faulx et des Tombes; puis, il traverse les terrains de l'ancienne abbaye cistercienne de Grandpré, dont il ne reste que la ferme.

La vallée redevient sauvage.

La route a été tracée dans les bois épais, où l'on n'entend que la chanson des eaux qui cascadinent, celle des oiseaux, et celle... du silence de la forêt.

Une demi-heure de marche. Nous arrivons à la section d'Insefonds, commune de Gesves ; un pont encore fait la limite entre Gesves et Faulx-les-Tombes; à, droite, sur la hauteur, Sorinne-la-Longue; en bas, une carrière; et le ruisseau serpente dans le village de Gesves, très étendu et très ancien, au-dessus duquel, à Gramptinne exactement, il prend' sa source,

ImageSur le parcours de la rivière, des « battes » nombreuses retiennent les eaux du Samson; elles rappellent remplacement d'anciens moulins, de vieilles forges, de « batteries de fer et de cuivre » qui ont, autrefois, animé la vallée.



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