CHAPITRE III La vie religieuse à Grandpré
I. — La vie religieuse d'après la règle cistercienne
Le statut fondamental de l'ordre cistercien est la « Carta Caritatis » promulguée dans le chapitre général de 1199. (1)
Comme le rappelle le Père de Moreau (2) d'après la « Carta Caritatis », chaque monastère a son abbé qui exerce toute autorité sur les moines qui l'ont élu; mais il a pour supérieur immédiat l'abbé du monastère dont le sien est issu. L'abbé de Citeaux est le père universel de l'ordre; toutefois, à l'encontre de l'abbé de Cluny, il ne veille que sur les maisons nées directement clé Citeaux; de plus, il est soumis lui-même à la surveillance de quatre abbés. Au suprême degré du pouvoir, apparaît le chapitre général, organe régulier créée par les Cisterciens. Il réunit, chaque année, à Citeaux, tous les chefs des maisons de l'ordre. La compétence de cette assemblée est universelle.
La réforme de Citeaux s'exerça à l'endroit de la discipline religieuse. L'influence du monde féodal, la nécessité pour l'abbé de tenir son rang et de vivre en grand seigneur, la faveur des rois et des riches avaient en plusieurs points battu en brèche l'esprit et la lettre de la règle. Celle-ci ordonne en particulier que le moine vive du travail de ses mains. Or, des serfs exploitaient le grand domaine monastique et le labeur des champs était méprisé.
Avec le luxe des abbés, leurs fréquentes absences, les réceptions pompeuses de rois et de princes, allaient de pair chez les moines un goût plus prononcé pour les plaisirs de la table, une recherche plus grande dans les vêtements. La mortification, la pauvreté, la simplicité étaient oubliées.
Une à une toutes ces nouveautés irrégulières devaient être écartées. Le cistercien vivra dans le cloître, seul avec Dieu, priant, jeûnant et travaillant sous son regard... On choisira, pour les nouvelles fondations, des endroits déserts, où le monde n'ait pas la tentation de venir troubler la paix des religieux.
Dans la nourriture, dans le vêtement, dans le sommeil, dans toute la manière d'être, le cistercien fut soumis à un régime des plus mortifiants pour sa nature : les frocs, les pellisses, les fourrures furent condamnés. Le moine ne garda que la tunique et la coule en laine dont parlait la règle... Une nourriture pauvre, composée presque uniquement de légumes, d'huile, de sel et d'eau orne la table cistercienne. On ne prend que deux repas par jour, vers midi et vers six heures; encore, du 15 septembre à Pâques, un seul repas est-il de règle.
La nuit se passait dans un dortoir commun. Les lits ne consistaient qu'en une simple paillasse étalée sur une planche et un oreiller également en paille, le tout recouvert d'une taie.
Telles furent les grandes lignes de la réforme de Citeaux : « C'est à l'idéal de la vie religieuse et de mortification et de travail que l'on veut revenir. C'est aussi de cet idéal que s'approchèrent, sous saint Bernard, les moines de Clervaux et de tant d'autres couvents. Il est permis de penser que l'abbaye de Grandpré suivit les exemples donnés par Citeaux et par Villers.
Son établissement dans le Grandpré des Tombes-Mozet, pris sur la forêt d'Arche, favorisa la solitude et le recueillement de la jeune communauté; à l'abri du siècle, fidèles à la règle cistercienne et aux enseignements qu'ils avaient reçus à Villers, les religieux de Grandpré s'efforcèrent de réaliser l'idéal de leur vocation par l'accomplissement des exercices religieux quotidiens, par le chant de l'office, par la sanctification du travail manuel, par leur intervention dans le ministère paroissial, par leur bienfaisance à l'égard des pauvres et des malheureux.
La ferveur que la communauté montra dès le début lui attira le respect et la générosité des princes, clés nobles et même des manants qui voulaient la protection divine.
Le Comte de Namur, par sa donation initiale, les seigneurs de la famille noble de Mozet qui assumaient la charge d'avoués du domaine du Prince-Evêque de Liège à Namur, des membres de l'illustre lignage de Faulx, comptent parmi les bienfaiteurs insignes de l'abbaye; les générosités qui s'accumulèrent au cours des siècles lui valurent une prospérité économique remarquable; « prospérité religieuse et prospérité économique vont communément de pair dans les abbayes médiévales; prospérité religieuse et prospérité économique sont comme deux grandes manifestations fondamentales de la grandeur d'un monastère ». (3)
La devise de l'abbé Defrenne « Delectamur in umbra » et le millésime 1772 qu'on voit sur le portail actuel de l'abbaye apparaissent comme le signe de la fidélité de Grandpré à l'esprit cistercien et de son activité économique, encore dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle; à n'en pas douter, pareil fait se produisit grâce à la sage direction des prélats qui furent, la plupart, des modèles dans l'accomplissement de leur tâche spirituelle et clés artisans industrieux de l'extension de leur domaine foncier.
L'abbé se déchargea d'une partie des fonctions matérielles sur des religieux nommés par lui; à côté du prieur et du sous-prieur, spécialement chargés de la discipline intérieure: les celleriers, aidés de fonctionnaires, prenaient une part active à l'administration des biens de l'abbaye. (4)
Le cellerier dirigeait les convers, qui s'occupaient des granges; parmi ceux-ci, on choisissait le maître de grange : grangiarius.
La communauté de Grandpré comptait en moyenne 12 à 15 religieux et quelques frères convcrs. On ne peut dire qu'il se révéla, parmi les religieux, des éléments de très grande culture intellectuelle ou artistique. Quelques-uns firent des études supérieures à l'Université de Louvain. Ils possédaient une riche bibliothèque composée principalement, semble-t-il, de livres d'ascèse et de mystique, de quelques exemplaires de « Vitae », mais il ne paraît pas qu'elle fut pour tous un instrument de progrès notoire dans les sciences, la littérature et les arts.
II. — Les Abbés de Grandpré
Caillot et Dom Berlière ont dressé une liste des abbés de Grandpré; Caillot, d'une façon très succincte, Dom Berlière, avec beaucoup de références aux sources qu'il a fouillées; Dom Canivez (5) parle seulement de certains prélats et de difficultés à l'occasion de l'élection de l'un ou l'autre d'entre eux.
Nous confronterons les données de Dom Berlière et de Caillot avec celles plus récentes de Dom Canivez et les indications plus détaillées que nous livrent les archives.
Dom Canivez écrit excellemment : « Une chose remarquable dans la série des abbés de Grandpré est que bon nombre d'entre-cux furent pris parmi les moines de Villers. D'après la charte de Charité et les Constitutions des Papes, c'était, en effet, le droit des électeurs de se choisir comme abbé, ou bien l'un d'entre eux, ou bien un moine de leur maison-mère.
Le premier abbé de Grandpré, nous l'avons dit, fut l'abbé Jean, moine de Villers. « Issu de famille noble, il mania d'abord les armes et devint chevalier. Or, « la chevalerie, c'est la forme chrétienne de la condition militaire » (Léon Gauthier : La Chevalerie, 1883, p. 2). Mais, pour notre fervent jeune homme, cette consécration à Dieu par les armes n'est qu'une initiation insuffisante. Il veut un sacrifice plus complet. Le jour même de l'adoubement, il dépose le baudrier et vient à Villers, revêtir la bure blanche des moines. Il apporte dans sa nouvelle vie au cloître l'élan d'un cœur jeune et conquiert le ciel de haute lutte... Le ménologe lui décerne le titre de bienheureux. » II mourut en 1240. Sa fête se célébrait le 9 juin.
En 1232 sont cités Gosuin, frère convcrs, et Guidon, prieur de Géronsart et de Grandpré (6), et en 1236, frère Jean, convers et maître de la grange de Borsu. (/)
Gérard fut élu abbé en 1241.
On relève les noms de trois de ses religieux : f. Adam, autrefois chantre; f. Jacques, cellericr, dans un arbitrage de 1242, au sujet du bois d'Arche, etc..., et f. Henri. (9)
Jean signa, en 1249, un accord avec le chapitre de Saint-Jean à Liège, relatif à une terre à Merdorp. (10) II intervint aussi, le 21 avril 1251, dans un accord avec Guillaume et Gérard de Hanret, frères, au sujet de terres situées à Hanret et à Wasseige.
En 1250, est cité frère Jean, moine de Grandpré, et en 1251, f. Wéri, convers, frère d'Eustache, chevalier de Hemptinnes, bailli de Namur. (11)
Lambert : Gallia Christiana le fait connaître, par une charte de Quincy, en 1256.
Jean renonça, le 23 mai 1260, en faveur des chanoines de Géronsart, à l'usufruit du bois de Jeumont sous Andoy, (12) et, le 23 juillet de la même année, échangea, avec Florefîe, ses biens d'Hingeon, contre la dîme de Florée. (13)
Libert, cité dans Gallia Christiana.
Bernard, de Mont-Saint-Guibert, abbé de Villers de 1264 à 1268, remplaça Libert à Grandpré et mourut à Villers, le 7 juillet 1270. (14)
Jean de Gentines, abbé, auparavant prieur et cellerier de Villers, se reconnut, le 30 avril 1273, débiteur d'une dette annuelle de 20 muids d'épeautre envers le chapitre de Saint-Paul, à Liège, pour l'office du Mandatum. (15)
Laurent assista au chapitre général de 1276 et, comme le note Dom Berlière, il figura à cette occasion comme témoin dans une charte de Val-Dieu.
Walter, cité en 1291.
Laurent, noté en 1296, : cité le 7 janvier 1273, (16) est le même personnage que I abbé de ce nom qui précéda Walter, opine Dom Berlière.
Baudouin de Asor, cellerier de Villers, s'interposa comme abbé de Grandpré le 11 juin 1293, dans un différend entre les abbayes de Villers et de Bonne-Espérance; (17) mourut à Villers.
Nicolas de Gheest, moine de Villers, élu à la prélature de Grandpré, fut rappelé, peu d'annés après, en 1303, par les moines de Villers, pour les gouverner. (18)
Jacques, intervint en 1306 et 1314, au sujet des dîmes du Tron-quoy, à Wierde. (19)
Henri de Faux, moine de Villers, en 1310, abbé de Grandpré de 1320 à J323; (20) fut redemandé par Villers comme abbé en 1330, charge qu'il abdiqua au bout de deux mois. Cet abbé appartenait à la famille noble de Faulx, qui fut généreuse à l'endroit de l'abbaye.
Sont présents à un acte du 30 octobre 1324, Dom Lambert dit d'Ombray, moine de Grandpré; Dom de Liemalle, procureur de la dite abbaye, et frère Ansial, curé de Wierde. (21)
Désiré de Brigode, prieur de Villers, puis, en 1330, abbé de Grand-pré très peu de temps, car il dirigea bientôt la grande abbaye brabançonne. (22)
Après cet abbé, Gallia Christiana donne les noms de plusieurs prélats : Ghislain, Lambert de Winoc, Henri d'Esterlandt, Lambert de Gueldre, Allard de Stocinado, Hernian, Etienne de Hanseau; mais les archives de Grandpré sont très discrètes à leur propos; c'est qu'à cette époque, Grandpré traversa une crise grave, par rapport à l'élection de ses prélats. Lambert de Gueldre, ayant démissionné comme abbé de Grandpré, en mains de Jean clc Frasncs, abbé de Villers, sa succession fut âprement discutée. Dom Canivez résume très bien la situation : « Après la démission de Lambert de Gueldre, le Saint-Siège s'était réservé la nomination à la prélature de Grandpré, et avait choisi le moine Herman, de Villers. Celui-ci avait aussitôt reçu la bénédiction abbatiale en curie, des mains de Pierre, évêque d'Ostie; mais à Grandpré, il trouva un intrus, Alard de Saint-Amand. C'est pour régler cette affaire que furent rédigés cinq documents reposant aux Archives vaticanes. (23)
Ces documents ont été publiés par le chanoine Barbier (24) : dans le premier, daté du 4 juillet 1356, nomination par le Saint-Siège et bénédiction d'Hcrman, moine de Villers: dans le deuxième (même date), le Pape Innocent VI recommande à l'abbaye de Villers de protéger Herman, nommé abbé de Grandpré: dans le troisième (même date), le Pape informe les moines de Grandpré de la nomination d'Herman et leur recommande l'obéissance et le respect vis-à-vis de lui; dans le quatrième (16 février 1357) le Pape charge l'Evêque d'Utrecht, l'abbé de Saint-Laurent à Liège et le doyen de Sainte-Gudule à Bruxelles, dïns-taller l'abbé Herman à Grandpré, d'écarter Alart de Saint-Amand, l'intrus, et, au besoin, de faire appel au bras séculier; dans le cinquième, Etienne, archevêque de Toulouse, caméricr du Pape, accorde à Herman un délai pour le payement de la taxe due à la Chambre apostolique à l'occasion de sa nomination à l'abbatiat de Grandpré.
C'est l'obscurité, peut-être le gâchis à Grandpré, depuis 1330 environ jusqu'à 1356-1357, années de l'intervention du Saint-Siège; outre les noms des abbés que nous avons cités et sur lesquels on n'a pas de renseignements précis, Dom Berlière note comme prélats de l'abbaye :
Jacques dit de Maini (Moinil ?) cité dans une charte de Marche-les-Dames en 1340.
Jean de Streeuw fit un accord avec le chapitre de Ciney, le 11 mai 1348, au sujet de la dîme de Florée; on le rencontre encore à la date du 14 décembre 1363. (26)
Une grosse difficulté se pose au sujet de cet abbé de Streeuw, que nous voyons intervenir dans des actes de 1348 et 1363; l'abbé Herman a été nommé par le Saint-Siège, en 1356, contre un intrus, Alart de Saint-Amand. A cette époque donc, il y aurait trois abbés à Grandpré; rien ne nous permet de considérer de Streeuw comme un intrus lui aussi; une seule conjoncture paraît possible, c'est que de Streeuw se serait effacé devant l'abbé Herman, choisi par le Pape, que la prélature d'Her-man fut de courte durée, en raison d'une mort prématurée, et que l'abbé de Streeuw, homme de vertu, reprit ses fonctions au décès de l'abbé Herman.
Gilles de Bléhen ou de Ville, en Hesbaye, abbé, cité de 1388 à 1408. En 1406, il fut mis en possession de biens situés à Sart-Bernard, et légués à l'abbaye, par Robert de Flandre, chanoine de Cambrai. (27)
Jean de Waret, 1409. En 1412, il donna le tiers de la dîme d'Yvoi, en accense, à Jean d'Aisse (Arche), pour 32 muids d'épeautre. (28)
Jean de Maillen, fils de Wéry et de Jeanne de Modave, procureur en 1407 ; mentionné comme abbé de Grandpré, clans plusieurs actes depuis 1414 jusqu'à 1445. (29)
II mourut le 3 décembre 1447.
Gérard de Maillen, fils de Wautier et de Marie d'Hauterive, élu abbé en 1447. Il mourut le 14 février 1469. C'est lui qui aménagea le dortoir de l'abbaye.
Le pitancier de l'église de Grandpré à cette époque, est Williame de Faulx (1462). En 1451, il céda à Matelin le Pannetier, un héritage à Wierde pour 3 l/i setiers d'épeautre clé rente héritaule, bonne, com-mournée de noyaux, de rege et de van. (30)
Jean Moréal ou Moriau, de Haltinnes, figure comme abbé, du 25 février 1470 au 6 juin 1479 (31). La famille Moréal du Moriau eut de nombreux représentants, à Sclayn, à Haltinnes et dans les villages environnants, pendant plusieurs siècles.
Relevé le nom de frère Jean-Marie, moine de Grandpré, curé de Mont-Sainte-Marie, en 1472, et celui de frère Jean de Sorinne, prof es de Grandpré.
Jacques Courtoy, cité par Gallia Christiana.
Nicolas de Niquet, abbé du 11 août 1500 au 26 janvier 1524. Cependant, on date sa mort du 17 juillet 1521. En 1518, il céda à bail des propriétés clé l'abbaye à Wierde, à Jehan Hébrant d'Andoy. (32)
Jacques Alart, 1526 à 1528. (33)
François Belfroid, prieur à Villers, nommé abbé de Grandpré, par l'abbé de Villers Van Zcverdonck (1524-1545). Dom Canivez se demande pourquoi Belfroid fut élu abbé de Grandpré, alors que ce moine manquait complètement des éléments requis pour faire un prélat : peu de science et nulle expérience des choses temporelles, voilà ce qui frappe à première vue chez le nouvel abbé. A moins que ce soit pour se débarrasser d'un prieur gênant, que Van Zeverdonck voulut le créer abbé ? « Promoveatur ut amoveatur ! ». (34)
Belfroid est cité comme abbé de Grandpré en 1534. (35) « Van Zeverdonck se repentit d'avoir choisi Belfroid pour abbé de Grandpré : il dut s'employer à obtenir sa démission. Elle fut cependant donnée sans trop de peine, car Belfroid était malgré tout homme de bon sens et homme de prières. Il rentra à Villcrs reprendre ses longues méditations, malencontreusement interrompues pour un temps ». (36)
« Pour occuper le siège vacant, Van Zevcrclonck, prévenant l'élection régulière des moines, alla chercher dans le monastère de Nizelles, un sujet qu'il connaissait un peu et même trop peu, Pierre Emmens, qui ne fit pas à Grandpré meilleure besogne que son prédécesseur, au contraire ! Il commit la faute d'arriver là, escorté clé plusieurs frères convers de Nizelles, dont il voulait se faire des auxiliaires dévoués.
Ceux-ci, d'une autre mentalité que celle qui régnait à Grandpré, s'installèrent dans leur nouveau séjour, comme en pays conquis.
Chargés du temporel de l'abbaye, ils accaparèrent les finances ; maîtres de ce département, ils voulurent vivre au large, dans le luxe même, disant adieu à la régularité et à l'austérité. On ne dit pas si Van Zeverdonck intervint cette fois encore, mais la Providence, elle, intervint. Pierre Emmens n'eut qu'un très court abbatial.
A sa mort (1541), l'abbaye était loin d'être dans un état brillant, et elle se ressentit longtemps de cette période malheureuse. » (37)
Pierre Emmens transporta, à l'abbaye de Bonefîe, le fief de Jette-fooz, le 30 août 1536 (38) ; Dom Berlière retrouve encore ce prélat à la date du 21 mars 1539. (39)
Fastrède de Fesche, de Huy, reconstruisit le monastère et le refuge de Namur; il figura dans des actes de 1541 à 1550. (40)
Thomas Robin, cité par Gallia Christiana.
Bernard Rosart, prieur en 1547, puis abbé peu de temps après ; intervint comme tel de 1550 à 1557 (41) ; mentionné dans le Nécrologe de Marche-lcs-Dames, à la date du 24 mai 1558. (42)
Jean Landuyn, moine d'Aulne, abbé de Grandpré de 1558 à 1564. Docteur en théologie. Caillot le considère comme l'un des plus grands prélats de Grandpré. (43)
La bibliothèque de Dijon possède une copie des Statuts de Citeaux qui lui a appartenu.
Barthélemi Poisson, de Rivière, abbé, releva, le 12 mars 1566, le fief de Mont-Sainte-Marie, appartenant à l'abbaye. Il figure aussi, de 1557 à 1587.
Sous son abbatial, la communauté se composait de Jean Destrée, prieur, François de Godinne, Jean de Grcnevillc, Gilles Froset, Gilles Fesches, Marie Maubourg, Baudouin Veitart, Jean Piret, sous-prieur, Hubert de Bretagne, religieux ; Louis Demoulin, Guillaume Dive, Jean de Dinant, Louis Leroy, Gérard de Spartey, frères (27-8-1574). (45)
Gilles de Feche, mentionné de 1588 à 1590 (46). Mort en 1593.
Jean Pitot, de Huy ; 15 février 1594 à 1604. Mort en 1605. Il est cité dans un acte du 30 août 1594, entérinant un accord passé entre lui et les curés de Mozet et de Mont-Sainte-Marie, au sujet de la dîme à prélever sur certains héritages. (47)
Gilles Bouchiaux, né à Spontin ; son élection abbatiale eut lieu le 4 mars 1605 ; il était alors âgé de 34 ans, profès de 15 ans et exerçait la charge d'économe ; à l'occasion de son élection, on fit la déclaration des biens de l'abbaye, en présence de l'abbé de Boneffe. (48)
Jean Doyen de Jamblines, prieur, élu abbé le 7 mars 1618, à l'âge de 32 ans (49). Mourut en 1649. Le Nécrologe de Marche-les-Dames fait mention de cet abbé au 27 mars. Etaient présents à l'élection, qui eut lieu à l'Evêché de Namur : f. Jean Doyen, prieur, f. Philippe de Fumai, f. Nicolas Fontaine, curé de Florée, f. Philippe Denizart, f. Louis de Moulin, f. Anselme Devallée, bachelier en théologie, f. Laurent de Fize, f. Bernard Dubelle, f. Hubert Bataille, f. Nicolas Albert, f. Pierre Sacré, f. Jean Mandinan, et f. Benoit Nicolas, diacre, f. Charles Coppin, et f. Jean de Loyer, plus jeunes.
En 1632, testament de f. François de Senne, moine de Grandpré. (50)
Charles Coppin, né à Viile-en-Hesbaye, prieur de Grandpré. Son élection abbatiale eut lieu le 26 juin 1649, le nouvel abbé avait 57 ans. Avant le vote, on exhiba la provision du prélat défunt, l'état des biens et des charges de l'abbaye ; trois candidats reçurent des suffrages.
Les religieux qui participèrent à l'élection étaient : Charles Coppin, prieur, Philippe Denizart, sous-prieur, Bernard Herbelle, pasteur de Flo-rée, Nicolas Cognoul (malade), Bocope de Saint-Fontaine, Henry Chaen, Gilles Verlaine, Pierre Barré, Robert Kinon et Lambert Smael. (51)
Son successeur, François de Larbrespme, d'Andcnne, âgé de 40 ans, curé de Florée, fut élu le 25 juin 1669 ; l'élection eut lieu au Refuge de Grandpré à Naiiiur, en présence de l'Evêque du lieu, qui n'aimait pas les déplacements, à cause « des dangers qu'il y a es chemin » !... Mais les religieux de Grandpré, eux, durent venir à Namur ; c'étaient Dom Adrien de Glimes, prieur et boursier, Dom Jean Douflamme, natif de Mozet, Dom François de Larbrespine, pasteur de Florée, Dom Bernard Gofîart, maître d'hôtel, Dom Everard Hoiiet, sous-prieur et maître de novices, Dom Conrard Connard, Dom Sébastien Orban, sacristain, Dom Antoine Boisée, Dom Albert Marteau et Dom Henry Dardenne.
En 1673, Dom Hubert Godart était prieur. (52)
Charles Dethier, originaire d'Avin, prieur, puis curé de Florée, fut élu le 16 février 1705.
Il mourut le 23 septembre 1728. Dom Berlière note que, le 9 septembre 1722, l'abbé de Villers fit la visite de Grandpré, et « regretta l'admission de cinq sujets liégeois, malgré le décret du gouvernement, interdisant la réception de novices, autres que des sujets de l'Empire ».
L'élection de Charles Dethier eut lieu sous la présidence de Maximilien, abbé de Moulins.
Elle se fit avec la participation de Dom Charles Dethier, prieur, de Conrard Connard de Huy, d'Antoine Bolzée, sous-prieur, de Héron, d'Albert de Marteau, de Gcsves, de Henry Dardenne .de Malmédy, d'Alexis de Monget de Namur, de Robert Droumal de Reppe, de Hubert De-champs de Namur, boursier, de Benoit Ponsart de Ciney, de François du Sart de Huy, de Jean Helmans de Namur, religieux ; des frères Bernard Petit de Beaumont et Laurent Lcscaille de Saint-Servais-Namur, diacre. (53)
En 1722, eut lieu une enquête sur la conduite du boursier Dom Hubert Dechamps, à qui on reprochait un certain penchant pour la boisson, soit dans le jardin du monastère, soit aux environs, et même au Sart-Mathelet.
Le religieux, accusé, fut référé au général de l'Ordre de Citeaux, aux abbés de Moulins et du Jardinet ; l'abbé de Grandpré voulait le démettre de ses fonctions ; la sentence arbitrale fut de ne pas sévir avant que « les méchants bruits soient assoupis, de laisser le moine en fonction jusqu'à ce que tout scandale était écarté » ; alors, l'abbé de Grandpré prendrait telles mesures qui pourraient s'imposer. (54)
Bernard Petit, né à Beaumont, succéda à l'abbé Charles Dethier, lors de l'élection abbatiale, qui eut lieu à Grandpré, le 4 octobre 1728, en présence de l'évêque de Namur, de l'abbé de Villers et du président Lambillon.
Prirent part au scrutin : Etienne Petit, prieur, de Beaumont : François Dussart, de Huy ; Bernard Petit, de Beaumont ; Guillaume Lefevre, de Sovet ; Charles Lcyon, maître d'hôtel, de Namur ; Robert Massart, de Dinant ; Joseph Chaumont, de Namur ; Benoit Correvenne, clé Bu-resse ; Henri de Saine, de Hagneux-lez-Fléron : Philippe de Hautregard, moine depuis le 21 mai précédent, n'a pu participer au vote, à cause de son jeune âge. (55)
En 1731, l'abbé Petit acheta la seigneurie de Trieu-d'Avillon-Fays. (56)
II mourut le 16 septembre 1754. (57)
Albert Rinquet, de Floreffe, proviseur, élu abbé le 7 octobre 1734, à l'âge de 49 ans : mort le 4 mars 1761.
Assistèrent à son élection : le prince de Gavre, gouverneur, Malo-taux Thomas, chevalier, conseiller maître aux requêtes du Conseil privé, Martin Staigner, abbé de Villers, Théodore clé Rcul, secrétaire du Conseil ; les religieux votants furent : Laurent Desorbaix, clé Beaumont ; Joseph Chaumont, de Namur ; Albert Rinquet, proviseur, de Floreffe ; Bernard Jadot, de Namur ; Ignace Dewez, sous-prieur, de Namur ; François Donetix, de Verviers ; André Oslet, de Ciney : Benoit Stassin, maître d'hôtel, de Waulsort ; Placide Montoisy, de Gcnappe ; Etienne de Frenne, de Saint-Gérard ; Charles Michot, de Bourdon ; Pierre Toquay, de Engis ; Bernard de Savoye, de Gemblonx : Robert Englebert, de Villeroux.
Le rapport au pouvoir civil mentionna qu'en cette année 1754, la basse-cour de l'abbaye possédait 100 moutons, 15 vaches « viels et jeunes », 6 bœufs, 23 « tant chevaux que poulains », 35 cochons et une grande quantité de volailles. (58)
Etienne Defrenne, né à Saint-Gérard, proviseur, appelé à la charge abbatiale, lors de l'élection du 16 mai 1761.
Les religieux ayant participé au vote furent : Robert Englebert ; Etienne Defrenne, sous-proviseur; Laurent Desorbaix, prieur: Ignace Dewez, curé de Floree; Benoît Stassin, proviseur; André Oslet, Placide
Montoisy, sous-prieur: Pierre Troquzy, maître rf'ftofe/: Bernard de
Savoye; Henry Delbovier, de HouiïaUze; AYom RvchcttC. fie Dïotl-k-Mont; Philippe Dupaix, clé Namur; Lambert Tichon, de Huy, et Charles Lequeu, d'Ophain.
Dans le rapport de cette élection, on trouve que « les bâtiments sont en bon état, sauf que la muraille qui sert de fermeture a été emportée par les eaux, clé même qu'une grande batte, dont le rétablissement est urgent. La ferme du Tronquoy menace ruine; l'infirmerie est en assez bon état, sauf que le futur abbé pourrait être chargé de substituer un plancher au mauvais pavé de pierre et d'y placer des lits plus décens. Pour la réception d'un nouveau religieux, on n'exige aucune dot. » (57)
C'est sous l'abbatiat de Fabbé Defrenne que fut réparé le portail actuel de l'abbaye. L'abbé Defrenne mourut à Namur le 2 février 1774. (58)
Albert Rochette, né à Dion-le-Mont, élu abbé le 14 avril 1774, mourut à Sorée, le 27 janvier 1793. (59) Sa pierre tombale se trouve dans l'église paroissiale de Sorée.
Présidèrent à la séance d'élection abbatiale, le prince de Gavre, gouverneur; le prince de Lobkowitz, évêque de Namur; messire Philippe, du Conseil privé de Sa Majesté.
Les religieux qui votèrent furent : Placide Montoisy, de Genappe; Ignace Dewez, de Namur: Benoît Stassin, de Waulsort; Pierre Troquay, proviseur de Engis; Bernard de Savoye, de Gembloux; Robert Englebert, de Vilroux; Henri Delbovier, de Houffalize: Albert Rochette, de Dion-le-Mont; Philippe de Paix, de Namur; Lambert Tischon, de Huy; Charles Lequeu, sous-prieur de Hopin; Etienne de Keine, de Corenne; Albéric Blondeau, de Pcrwcz; François de Laforge, de Hepnée; Nicolas Fierées, de Braine-l'Alleud: Adrien Hulain, de Rebecq.
Robert Englebert, né à Vilroux en 1728, entré à Grandpré en 1753, fut oéni et installé comme abbé le 6 mai 1794. A cette occasion, on écrivit, en latin, une oclc qui ne comprenait pas moins de 123 lignes, pour exalter les vertus des fondateurs de l'abbaye et du nouvel abbé. L'adresse du poème porte : « Au Révérendissime Robert Englebert, abbé de Grandpré, seigneur d'Avillon, Fays, Wierde, Sart-Bernard, Floréc, etc. (60)
Robert Englebert était curé de Florée, quand il fut élu abbé; à ce moment, l'abbaye comptait 12 moines-prêtres, 2 convers, 3 novices.
Les deux derniers abbés vécurent les années sombres de la Révolution Française; les religieux durent abandonner le monastère, qui servit de refuges à 800 malades: plusieurs se retirèrent dans leur maison de Namur, rue Notre-Dame: tous les meubles furent pillés en 1792 : 16 matelas et des couvertures furent réquisitionnés par les troupes séjournant à Namur; les bois de l'Abbaye, leur dernière ressource, furent dévastés par les armées; « les archives et les papiers furent enlevés par les Français ». (61)
Le 9 Thermidor An III, l'administration d'arrondissement de Namur permit à l'abbaye de gérer ses biens elle-même; elle offrit aux religieux-sortis du monastère, âgés de 60 ans, une somme de 1.800 livres; cette pension fut refusée par l'abbé et les religieux furent priés de rentrer au monastère. (62)
L'abbé reçut l'autorisation du Conseil Souverain de Namur « de lever au moindre intérêt la part qu'il devait solder dans la contribution pécuniaire de 5 millions de livres, imposée par la République Française ».
Le 18 février 1795 (27 Pluviôse An III) il obtint la faculté de vendre des bois pour achever de payer cet impôt; à cette date, étaient présents à l'abbaye f. Etienne Dereine, f. Adrien Hulin, f. Albéric Blondeau, f. Albert Petit,f. Benoît Pierenge, f. Joseph Godefroid. (63)
Quelques religieux restèrent à l'abbaye jusqu'en 1808-1809; (64) d'autres habitèrent la région de Namur, ou trouvèrent asile auprès de particuliers.
Pendant plus de six cents ans, un foyer intense de piété, de travail, de sacrifice, d'apostolat se développa dans le val de Grandpré; il alluma dans le cœur de la population le flambeau de la foi chrétienne et rayonna la charité du Christ. Les cinquante-et-un abbés mirent tout en œuvre pour étendre leur action sur les paroisses dont ils avaient le patronage; plusieurs religieux y exercèrent le ministère comme curés ou comme coadjuteurs; les habitants les respectèrent et les aimèrent.
(1) Guignard : Les Monuments primitifs de la règle cistercienne. Dijon, 1878, et Vacandard : Vie de saint Bernard, T. I., p. 34 sv. Paris, 1895.
(2) de Moreau, o. c., p. 82, sv.
(3) K. Lamprecht, Deutsches wirtschaftsleben in Mittelalter, T. I, p. 826. 22
(4) En 1774, le personnel fonctionnaire et domestique comprenait un cuisinier, le domestique de l'abbé, un cocher, un valet d'hôtel, un garçon de cuisine un jardinier, un brasseur, un maréchal, un charron, un portier, un domestique pour le stordoir, un sergeant (garde) pour l'abbaye et trois autres à Trieu Plorée et Wierde, sans compter une lingère et trois servantes.
(5) Les religieux tenaient école pour enseigner les rudiments de la religion, du calcul et de la grammaire.
(5) Gaillot, 1. c., T. IV, pp. 227-231; Dom Berlière, o. c., T. I., pp. 71 à 76; Dom Canivez, 1. c., p. 315.
(6) Dom Canivez, 1. c., p. 315; C. G. P. I, 19 (1232) et Mgr Wilmet : Calendrier historique des saints personnages de la Belgique, 1877, p. 62.
(7) Houtart" o. c., p. 251.
(8) C. G. P. I, 60.
(9) C. G. P. I, 27 et 30 (1243).
(10) A. E. Liège — Chartes de S. Jean.
(11) C. G. P. III — 937 et Barbier, o. c., pp. 41 et 256, et Brouwers : Chartes et règlements, I, p. 86.
(12) Barbier, o. c., p. 275.
(13) Cartulaire de Floreffe, p. 141.
(14) Pertz, XXV, p. 209.
(15) C. G. P. I — 79.
(16) C. G. P. I, 72.
(17) Cartulaire de Bonne-Espérance, T. XV, p. 11.
(18) Dom Canivez, o. c., p. 315.
(19) Barbier, o. c., p. 59 — Roland : L'ancienne famille noble de Faux.
(20) C. G. P. III, 887.
(21) Dom Canivez, o. c., p. 315, et Barbier, H. G., p. 309.
(22) Dom Canivez, o. c., p. 316, et Berlière, o. c., p. 73.
(23) A. H. E. B., T. XXXV, p. 361. V. Barbier.
(24) Toussaint : Histoire de Marche-les-Dames, p. 22.
(25) C. G. P. I, 115 et II, 575.
(26) Notamment C. G. P. II, 633, I, 385, III, 911, II, 463, et Souverain Baillage de Namur, COL VIII.
(27) C. G. P. III, 945.
(28) Ibid., I, 173, III, 617, II, 667. — Inscription tombale aux archives du château de Ry.
(29) Ibid., III, 1025, I, 153, et A. E. N., Liasse 11 de Grandpré - Archives du château de Ry.
(30) C. G. P. II, 779, II, 486 ; Barbier, Histoire du chapitre de Sclayn, pp. 37-39, et Reg. cens et rentes de Grandpré, p. 46.
(31) C. G. P. II, 785, II, 492. — A. E. N., Liasse 11 de Grandpré.
(32) C. G. P. II, 529 et 533.
(33) Dom Canivez, o. c., p. 316.
(34) C. G. P. II, 596.
(35) Dom Canivez, o. c., p. 316.
(36) Ibid., pp. 316-317.
(37) Fiefs de Namur, III, 455.
(38) C. G. P. II, 653.
(39) Ibid., III, 1001, II, 615.
(40) Ibid., III, 1003 et I, 297.
(41) A. H. E. B. VIII, p. 300.
(42) C. G. P. I, 168, II, 691. — Caillot, o. c. IV, p. 230.
(43) C. G. P. I, 303, I, 349.
(44) A. E. N. Liasse 14 de Grandpré.
(45) Ibid., I, 399, I, 306.
(46) Ibid., III, 993, II, 676, et Archives communales de Mont.
(47) A. E. N. Liasse 13 de Grandpré.
(48) A. E. N. Conseil d'Etat, 64. — A. E. N. Liasse 13 de Grandpré.
(49) A. H. E. B. VIII, 163, et A. E. N. Liasse 11 de Grandpré.
(50) A. E. N. Liasse 13 de Grandpré.
(51) Ibidem, Liasses 11 et 14.
(52) A. E. N. Liasse 13 de Grandpré.
(53) Ibidem, Liasse 11.
(54) Ibidem, Liasse 13.
(55) A. E. N. Liasse 11 - Grandpré.
(56) Conseil privé, 1478.
Photo E. Roumont.
(57) Dom Berlière, o. c., p. 76 et A. E. N. Liasse 12 - Grandpré. — Procès-verbal de l'élection aux A. E. N.
(57) A. E. N. Liasse 13 de Grandpré — Procès-verbal de l'élection aux A. E. N.
(58) Dom Berlière, o. c., p. 76.
(59) Ibid. et A. E. N. Liasse 11 de Grandpré — Procès-verbal de l'élection aux A. E. N.
(60) Ibidem, et liasse 12 de Grandpré.
(61) D'après des notes manuscrites, fin du XVIIIe siècle, se trouvant dans un volume de Gaillot (Bibliothèque de Maredsous).
(62) Liasse 12 Grandpré : le 27 thermidor au III, on fit l'inventaire des légumes du potager de l'abbaye : choux, betteraves, carottes, oignons, céleris, oseille, poireaux, « scorsionères », haricots, etc. devaient être envoyés à Namur pour les malades des hôpitaux, à la première réquisition du commandant de la place.
(63) A. E. N. Liasse 12, Grandpré (64) A. E. N. Liasse 14, Grandpré.