CHAPITRE IV
Le domaine et les finances
A. — Le domaine
1. - Extension et fixation du domaine de Grandpré.
Sitôt les moines de Villers installés à Grandpré, ils mirent tout en œuvre pour préciser leur patrimoine initial et le développer, grâce à des donations faites en leur faveur, ou à des acquêts.
Outre les possessions déjà mentionnées dans la fondation du monastère, l'abbé de Villers tenait de Jacques de Walhay (Ohey) un fief de 12 bonniers et de 12 sous liégeois de rente à Borsu (Gesves). (1)
En 1231 déjà, année de la fondation, Henri, comte de Namur et de Vianden, et Marguerite, sa femme, firent savoir à leurs bailli, échevins et bourgeois de Biervliet qu'ils avaient donné à l'abbaye de Grandpré 200 livres de revenus annuels à prélever sur des terres à Biervliet. (2)
En 1232, Guillaume de Mozet et sa femme cédèrent aux moines de Grandpré 12 bonniers de terre de leurs cultures de Mozet, et cela en présence de l'abbé, du prieur et du frère-convers Gosuin, sans doute maître de la grange de Grandpré; l'acte fut passé dans le verger situé près de l'église de Mozet, étant témoins Guidon, prieur de Géronsart; Condulfe et Acolde, prêtres de Mozet; f. Théodore de Malèves, maître de l'hôpital Saint-Christophe à Liège; le seigneur Thierry de Faulx et beaucoup d'autres personnages; l'usufruit de la donation devait revenir à Guillaume de Mozet, jusqu'à sa mort. (3)
En 1235, le comte de Namur Henri et sa femme notifièrent que leur féal Corin, chevalier, ancien châtelain de Samson, avait vendu à Grandpré 5 bonniers de bruyère à Hanret, qu'il tenait en fief d'eux; ils certifièrent, en outre, la donation de biens situés à Wierde et Ramesée par Gérard ou Renier Sohet, chevalier. (4)
En 1236 et 1238, Robert de Gesves et ses enfants donnèrent à Grand-pré leurs alleux de Florée et leurs terres dans la campagne entre Gesves et Gramptinne.
En 1238, Jean, doyen de Ciney, de la famille seigneuriale de Gesves, céda aussi ses biens sis aux mêmes endroits. (5)
En 1242, le jour de la vigile de saint Marc, il fut confirmé par un document rédigé à Mont-Sainte-Marie, que les bois d'Arche et de la Ramsée appartenaient à l'abbaye de Grandpré, venant à celle-ci d'Ar-nould et Guillaume de Mozet. (6)
1239 : Baudouin, comte de Namur, a vendu à Grandpré 160 bonniers du bois de Jettefolz, près de Cognelée.
En 1243, au mois de mai, on précisa que le bois de Maizeroule était possédé par le monastère, et non par Simon, « laïque » de Mozet. (7)
Le vendredi après la fête de sainte Marie-Madeleine de la même année, à Liège, il fut déclaré que le bois de Ster, bien de
l'abbaye, était délimité par le lieu-dit Bruyères, du côté de Corioule, et par la villa de Wierde. (8)
En 1247, le dimanche dans l'octave de l'Assomption, Henri, abbé de Saint-Laurent, à Liège, vendit au monastère, pour 10 marcs et demi liégeois, tous les « stalla » des moulins, toutes les terres, tous les cens de capon et de prés, et tout ce qui leur appartenait dans la paroisse de la ville de Faulx, Mozet et Wierde. (9)
En 1251, un accord intervint entre Jean, abbé de Grandpré, et Guillaume et Gérard de Hanret, frères, au sujet de leurs biens situés à Hanrct et à Wasseige. (10)
Le 26 octobre 1253, Thierry de Faulz, Gérard, Guillaume et Jean, ses frères, ont spontanément abandonné à l'abbaye de Grandpré tous leurs droits sur la forêt de Ramesée, sur le pré de la Mayeurerie et celui de la Foresterie, sur un arpent de terre de la Maladrerie, des pièces de terre aux Tombes, en Ramesée et en Pirechtimps. (11)
Le mardi après le dimanche « Cantate » 1254, Renaud, seigneur d'Argenteau, reconnut que la forêt d'Arche, sur laquelle une partie de l'abbaye de Grandpré et une partie clé la grange, appelée Ster, étaient construites, appartenait à l'abbaye de Villers, qui l'avait acquise de
Guillaume de Mozet, et cela du consentement clé son père, Henri d'Ar-genteau; le tuteur de Renaud avait été Th., seigneur d'Houffalize. (13)
En 1256 vente du fief de Spasse, accomplie par Guillaume, fils de Warnier, en faveur clé l'abbaye. (12)
En décembre 1270, donation de Thierry de Profondeville. (14)
Le 17 juillet 1272, jugement prononcé à l'avantage de Grandpré, contre Guillaume de Dongelberg, chevalier, au sujet de 120 bonniers de bois situés entre Corioule et Ster. (16)
En 1277, l'abbaye de Grandpré acheta le fief de Florée à Jean de Bornai. (17)
En 1283, la seigneurie foncière, constituée sur le plateau de Spinoit, en face de l'église de Gesves, fut vendue au monastère de Grandpré, par Arnold et Guillaume de Gramptinne. (18)
Le 10 janvier 1284, un accord fut conclu entre Gui, comte de Flandre et marquis de Namur, et les religieux de Grandpré, à propos de la haute-justice des alleux de Wierde et des serfs de N.-D. de Grandpré. (19)
En 1300, Jean, comte de Namur, prit sous sa protection les religieux et les biens de Grandpré. (20)
Le 9 juin 1322, Jean de Baulet, bailli du domaine de Fleurus, fit savoir que Thirion, dit Bodet, avait vendu au couvent de Grandpré quelques tenures quïl possédait en franc-alleu, sans doute à Vieille-Maison. (21)
1375, Gérard, abbé de Grandpré et son couvent, d'une part, et Renier de Wierde, d'autre part, voulant mettre un terme à leurs différends, firent l'arrangement suivant : les premiers cédèrent à Renier leur part dans les rentes qu'ils percevaient conjointement avec lui à Wez, Faulx, Wierde et Sart-Bcrnard, et reprirent ce qu'il tenait d'eux, à savoir le manoir, situé près du moutier à Wierde, le jardin et les autres dépendances, plus un bonnier de pré devant le dit manoir. Cet arrangement fut fait avec le consentement du comte de Namur, dont les dites rentes étaient tenues en fief. (22)
L'abbaye de Grandpré possédait aussi, à Mont-Sainte-Marie, un fief Guillaume de Mozct, et cela du consentement de son père, Henri d'Argenteau; le tuteur de Renaud avait été Th., seigneur d'Houffalize. (13)
En 1256 vente du fief de Spassc, accomplie par Guillaume, fils de Warnier, en faveur de l'abbaye. (12)
En décembre 1270, donation de Thierry de Profondeville. (14) d'une dizaine de bonniers de terre, qui, vraisemblablement, avaient appartenu autrefois au chevalier Henri de Bornai, puis à Henri de Bornai et Gilles de Melleroy, vers 1380 ; ces terrains, ne trouvant personne pour en faire relief, furent relevés, la première fois, d'après les archives, en 1454, par l'abbé de Grandpré ; ils étaient venus en mains de l'abbé « par transport de Henri de Jamblines et livré comme mam-bour Alyanne le Niquet, au lieu de Lambert Sclatin, décédé ». (23)
Ce fief fut relevé par les abbés, au cours des siècles.
Le 24 mai 1509, Dom Nicole de Niquet, abbé de Grandpré, céda une terre du hameau « Les Loges », à Georges Stassinoit. (24)
Le 30 août 1525, l'abbé Pierre Emmens transporta à l'abbaye de Boneffe, la maison de Jettefolz. (25)
Le 18 août 1731, Bernard Petit, abbé de Grandpré, et Bernard de Barsy, représentant Jean de Muller, firent un accord au sujet de la seigneurie de Trieu-Avillon-Fays ; le monastère en devint propriétaire, après amortissement, le 25 mai 1735 (26). Cette seigneurie fut relevée par les abbés qui se succédèrent à Grandpré.
Ce rapide aperçu sur les donations et acquisitions en faveur de l'abbaye clé Grandpré, donne une idée de l'importance de sa propriété foncière; les éléments qui la composent seront repris à l'article suivant d'une façon plus complète, quand il sera traité de l'administration du domaine foncier de Grandpré.
2. — Administration du domaine foncier.
Le domaine foncier de l'abbaye de Grandpré, étendu et éparpillé en beaucoup d'endroits du Condroz, était constitué par nombre de curtes, de granges : elles groupaient les propriétés environnantes, acquises au monastère par des donations, faites le plus souvent par des hommes libres, des nobles des chevaliers, par des achats ou les apports de certains membres de la communauté.
M. Jenicot décrit très bien l'évolution de la seigneurie foncière ; à propos des abbayes, il note la situation plutôt stable, succédant pour la plupart des seigneuries foncières, à des morcellements qui les affaiblissaient, mais qui finirent quand même, vers le 13me siècle, à constituer une solide propriété rurale. (1)
« Au 12me siècle, et durant les 25 ou 30 premières années du 13me, la création de granges fut le fait économique fondamental. » (2)
L'abbaye de Grandpré, comme d'autres, s'appliqua à constituer de vastes curtes ; des privilèges pontificaux lui accordèrent de nombreux privilèges pour les terres novales, c'est-à-dire celles provenant des défrichements. (3)
« Vers 1250, l'abbaye amodie (remet à bail) la plupart de ses curtes, mais, comme c'était l'usage alors, elle persiste à cultiver pour son compte l'une ou l'autre située dans son voisinage immédiat ; en 1787, elle occupe encore elle-même une exploitation de 2 charrues, soit environ 50 bon-niers de terres labourables, et 10 bonniers de prés. » (4)
Cette mesure de décentralisation eut pour conséquence l'institution de cours foncières qui administraient tel ou tel grand centre agricole, tel ou tel territoire, propriétés de l'abbaye.
Ainsi, l'abbaye de Grandpré possédait plusieurs cours foncières : à Monceau (Faulx), à Vizin (Jausse), à Wierde et à Wez, à Gesves, etc... ; cette multiplicité de juridictions entraînait souvent la nécessité de recourir, pour la constitution de différentes cours, aux mêmes personnages, pris d'ailleurs parfois en dehors des territoires sur lesquels s'exerçait leur compétence.
A. — COUR FONCIERE DE MONCEAU.
Monceau, dont le nom est perdu aujourd'hui, comprenait une étendue assez importante du territoire actuel de Faulx ; on trouve dans les documents : Faulx dit Monceau (1685) : ce lieu-dit (Moncheau, Mon-chiaux, Moncheal, et parfois grands £t petits Monchiaux) paraît rappeler, du point de vue étymologique, le dénivellement peu accentué sur Faulx, dans les limites de la dite cour, de terrains qui se présentent surtout en mamelons plus ou moins élevés : de là, grand ou petit Monceau, Monchiau, etc. (diminutifs de mont) signifieraient monts, collines de petite hauteur variable.
1. La souveronde (a) du moulin de Jausse.
2. Baille sur Wanet (garde-fou).
3. Le poirié, le long vaux, le patron.
4. Le dessous de la terre Vincent.
5. La rouge saulx.
6. Le chaine à l'agasse, à présent longue borne.
7. Le charme desseur le prez Ste-Catherine, joindant au rieu de Houyoulx.
8. La bocq darse (le bois d'Arche).
9. La maison de Croquet.
10. Le chaufour de Grandprez.
11. La carrière de Grandprez.
12. Le ruisseau de Houyoux.
13. Les anciennes limites dela hauteur de Faux.
14. La ramsée de Faux.
(a) On emploi encore ce mot, aujourd'hui, pour indiquer les sommiers et le plancher d'une grange ou d'une remise à céréales; aurefois, il signifiait tout le bâtiment de la grange ou de la remise.
Ce plan, relevé en 1742, est d'une exactitude remarquable; témoin ce cerclemenage, fait le 9 mai 1575, à l'intervention du seigneur de Mont et Arville, de la seigneurie de Mont ; « La srie de Paulx prend à la souveronde du moulin de Jausse, se retire à la baille-sous-Wanet, s'en allant au poirier au dessus du long vaux le patron, au dessous de la terre Vincent, revient à la ronce sous les héritages Lambert Wanet, joignant au trieu des Tombes, tirant une ligne au chêne à l'agasse, et au chêne au dessus du pré Ste Catherine, joignant au ruisseau de Hoyoulx, montant allé bocque d'Arche, rallant au ry qui descend allé fontaine Monsieur Ny, tirant au cupelé, et se retirant à une borne, auprès du pré de Mont. » Voir archives d'Arville et notre histoire de Mont-Sainte-Marie et Arville, pp. 54 et seq.
Certains personnages sont dits de Monceau, Moncheal : Henrart de Monchial (1441), Thierry ou Thirion de Monchial (1462), Hubert, dit Hubinon de Maizeroule ou de Monceau (1470), Henri de Monceau
(1541). (6)
Monceau (grand et petit) relevait de la seigneurie hautaine de Faulx, concédée à Arnoul d'Agimont, seigneur de Faulx, par Guillaume, comte de Namur, en 1360. (7)
Monceau faisait partie de la donation des Princes clé 1231 ; il n'est pas douteux que les religieux constituèrent très tôt leur cour foncière, là où se trouvait, dès les jeunes années de l'abbaye, sa principale propriété ; la cour siégea à Faulx, puis à l'abbaye même. (8)
Une carte, faite à main levée, fut trouvée, il y a peu de temps, dans un fonds privé d'archives ; cette carte est accompagnée d'une lettre de Dom Riquet, proviseur de Grandpré, envoyée le 17 janvier 1742, à M. de Jaminet, seigneur de Sclayn et de Bonneville ; le religieux écrit notamment : « la carte figurative, copiée ainsi que jaij peu, avec la sentence Jean de Flandre... Cette seigneurie de Monceau est très anciennes, comme il nous en conste par une quantité d'actes, tant très anciens que modernes ; j'aij aussi tomber sur quelques cerclesmenages (déliminations), qui commencent du Moulin de Jausse, et finissent au prez d'Arville. »
La cour foncière de Monceau, comme toutes les autres du même genre, traitait de toutes les questions : achats, transfert, arrentements, cessions, etc... qui intéressaient les propriétés de l'abbaye ou des particuliers.
Des contestations fréquentes eurent lieu au sujet des limites du domaine de Grandpré, des droits de chasse et de pêche, de l'usage des bois : en effet, si quantité de bois furent donnés à l'abbaye pour sa fondation en 1231, si d'autres furent achetés par elle, il n'empêche que plusieurs d'entre eux avaient la qualité de bois communaux, et par conséquent, pouvaient être à la disposition des manants. (9)
Le 15 juin 1367, par exemple, Guillaume de Flandre, comte de Namur, intervint dans un différend qui opposait le monastère de Grand-pré et les manants de Faulx, de Sorinne-la-Longue, de Corioule, et du bois d'Arche, au sujet du pâturage dans le bois des Loges, notamment, par leurs bestiaux, et des coupes septennales qui s'y faisaient.
Le comte décida que les dits manants avaient droit de pâturage dans les sarts qu'on appelait autrefois le bois des Loges, sauf à certains endroits, et dans les terrains que l'abbaye défrichait pour les cultiver, et aussi dans le bois appelé de l'Espesse, qui se trouve entre le bois des Comognes de Sorinnes, le trie.ii d'Hostet, les tailles de Hoyoulx, près de la maison des Loges. (10)
Le 30 juin 1426, Jean de Flandre, comte de Namur, confirma que tous les manants de Monceau, habitant dans les alleux de Wierde, restaient soumis à l'église Notre-Dame de Grandpré, et non au seigneur de Faulx. (11)
Le 28 octobre 1539, la cour très foncière de Monceau, appartenant à Messieurs de Grandpré, où siégeaient, en ce temps, Jehan Fauchet, maïeur, Jehan Wilmet, Jehan Collart, Gillo Hcdin, Collo le Cheron et Jehan Mourkin, masuiers, enregistra le transport fait par le couvent à Jhoslin Le Camus, manant de Monceau à Faulx, d'une pièce de haye à Croquet, moyennant le payement de deux patars de cens héritable, chaque année, à la fête des Saints Innocents, et cela, sans préjudice des autres cens auxquels l'abbaye a droit. (12)
Le 12 octobre 1574, Jehan Henrion, maï'eur de la basse cour de masuiers de Monceau, Jehan Pirco, François Vérenne, Jehan Remy, masuiers, après avoir été informés que le seigneur de Faulx avait saisi un héritage de Jehan Gilot, par défaut de payement de 30 patars de Brabant de cens et un chapon, demandèrent au seigneur de Faulx de remettre à Gilot le terrain dont question, ce dernier s'engageant à solder 10 florins Brabant par an.
En 1602, la maison du Sté (Ster), appartenant à l'abbé de Grand-preit, contenant un jardi, preit, pasturaige et terres, environ pour tout 6 journaulx. (14)
Des difficultés surgirent aussi à propos du moulin de Monceau à Grandpré, et du jour où se cuisait le pain, notamment avec le seigneur hautain de Faulx Corswarem, en 1685; des témoins, le sergeant de Grand-pré, Adam Pierart, le fermier du moulin Jean Georges, déposèrent en faveur de l'abbaye : à cette occasion, il fut rappelé qu'autrefois « l'abbaye de Grandpré avait à elle appartenante, toute la hauteur jusques à la que tous les hommes lui étaient serfs... Cela (la hauteur) fut échangé et accomodé, mais la banalité du moulin et du four fut réservée et confirmée dans son ancien droit et pouvoir, avec aussi toute la juridiction foncière, qu'elle possède encore aujourd'hui. »
Le moulin de Grandpré était soumis à la même juriprudence et aux mêmes règlements que les autres : « les fermiers des moulins bannaux ont droit, par eux-mêmes ou par leurs domestiques, de panner (cuire le pain), et se saisir, pas seulement des meulnées, qu'ils trouvaient uvoir esté mouldre hors clé leur moulin banal, par ceux y estans sujets mais aussi les chevaulx ou chariots qui les portent, et mesure des pains qui en procèdent, dans quel lieu qu'ils les puissent attraper, et cela, sans estre obligez à demander aucun congé (permission) à qui que ce soit, ny mesme aux srs hautains ou officiers des lieux... pourvu que ce soit dans le ressort de leur bannalité, sans que, pour cela, il leur soit besoin
d'aucun strgeant, ni autres ministres de justice...... ». Les délinquants devaient payer une amende, dont les 2/3 sont pour le meunier, et l'autre tiers pour le comte.
Des procès nombreux eurent lieu pour opérer la mainmise sur les chevaux et sur les chariots.
Le 29 juillet 1707 la cour foncière de Monceau se plaignit, au Provincial, de l'ingérence de la Haute Cour du seigneur de Faulx sur la maison et les héritages de Croquet; une enquête se poursuivit du 23 septembre 1707 au 4 mai 1708, et la conclusion fut favorable à l'abbaye de Grandpré.
18 octobre 1710 : composition de la cour foncière de Monceau : D. F. Dewolf, Graume, Jean le Kauve, échevins ; Dom Hubert Deschamps, boursier de l'abbaye, vendit, au nom de celle-ci, le cortil Hossait (près de l'héritage Denis Martin, et la ruelle des bois de Grandpré, à Lambert Martia, de Sart-Mathelet, pour 40 écus, moyennant une rente annuelle de 6 florins. (15)
Le 27 novembre 1749, devant la cour foncière de Monceau, l'abbé de Grandpré céda à l'abbé Nivaille, recteur clés Tombes, 1/2 bonnier de terre, appelé la fosse des Tombes, dans la juridiction de Monceau, à condition que Nivaille payât, par an, 10 florins 10 sols de rente foncière, pour la première fois à la Saint-André 1750 ; cette terre était libre de toute autre imposition quelconque; si, cependant, Nivaille la renfermait d'un mur ou d'une hâve, il serait obligé de laisser le chemin auprès de la chapelle, pour y passer et tourner avec un chariot ; comme contrepan de la rente de 10 fl. 10 s., il devrait bâtir sur ce terrain, au plus tard endéans un an, une maison : il engageait ses biens meubles et immeubles, cri cas de défaut ; c'est à cet endroit que fut construit l'ancien presbytère.
Mais l'abbé Nivaille ne tarda pas à se soustraire à sa dette vis-à-vis de Grandpré : il ne paya pas la rente convenue en 1766, 1767, 1768; l'abbé de Grandpré ordonna la saisie des hypothèques prises sur la fosse des Tombes; en 1768, Nivaille fut obligé de payer, mais il refusa; on renouvela la saisie ; l'avocat Gobert, du Conseil Provincial de Namur, avait loué le bien en litige, dès 1764, à Catherine Demptinné, pour un terme de 3 ans ; puis, pour un autre terme de 3 ans, à Théodore Nivaille de Wavremont, moyennant 7 florins par an ; ce dernier l'avait sous-loué au curé Nivaille, qui prétendit n'avoir rien à solder, puisqu'il était sous-locataire (19 octobre 1770).
En 1766, Gobert déclara la saisie non avenue, mais Nivaille dut se démêler avec l'abbaye et, en tout cas, verser, comme il l'avait promis, la rente due; mais les discussions durèrent jusqu'en 1776, et les archives ne nous donnent pas la solution finale intervenue. (16)
Le 7 février 1792, acte passé devant la cour foncière de Monceau jugeante à Grandpré, du payement d'une rente de 9 florins, par Jean-Louis Servais, de Faulx, au profit de Jean-Charles Loly, propriétaire au dit Faulx, cultivateur, et de Marie-Thérèse Loly, journalière, également de Faulx. -^^
D'après la rescription de 1787, l'abbaye possédait à Faulx-Monceau, un moulin, un stordoir, 65 bonniers de terres, prairies et jardins, "W ferme du Trou Regnard (4 bonniers et 3 journaulx), 700 bonniers de bois, etc., soit un total de 780 bonniers 1 journal 61 verges. (17)
B. _ COUR DE JAUSSE OU DE VISIN.
La tradition orale ignore complètement l'appellation « Visin, Vizin, Vezin, Vesin », qui, autrefois, désigna souvent le hameau de Jausse. et la cour foncière qu'y posséda l'abbaye de Grandpré.
Cette cour foncière eut dans son ressort Jausse, Maizeroule, Struyaux, Bloskin, Chaumont, etc... ; elle s'appela parfois cour de Jausse, Maizeroule et appendices.
JAUSSE
Les documents nous permettent de retracer, dans les grandes lignes, la géographie de cette partie du domaine abbatial, arrosée par le « Struyaux » et par le Samson (Hoyoul), avec ses forges, ses « macats », ses laminoirs, ses « martias », ses filatures, ses exploitations agricoles, ses moulins, ses « héritages » ; nombreuses sont les personnes qui sont qualifiées de « marescal », de « ferons », de « marte-leurs », de « mouliniers » ou meuniers, de « tisserands », de « tireurs au laiton ».
« Dans cette région, écrit Masoin, le minerai de fer est exploité partout à fleur de terre, ou à peu près ; partout, s'élèvent de petites industries où l'on fond, où l'on forge. Là-bas, la fonte (association de fer et de charbon) est coulée en larges plaques ; ici, le marteau sonore frappe les enclumes de pierre. Au maka ou martinet, le plus souvent annexé à une affinerie, les masses de fer, dépouillées de charbon, sont transformées en barres, sont étirées en lattes. Les platineries fournissent les tôles, des fers plats destinés à l'armurerie, aux ustensiles de ménage, tandis que dans les fonderies, le fer est découpé en bandes ou en menus fragments destinés aux clouteries, etc... Par un acte de Guillaume le Riche, comte de Namur (1345), nous savons que de 1' « acier » se fait aux «weys» (gués) sur le Hoyoul (Samson)... La fonte ou gueuse est coulée partout... Le fer tendre se fait clans la vallée du Samson. » (18)
Il y avait des gisements de fer à Goyet, près du moulin, à Jausse, à Chaumont, aux Comognts des Tombes, etc. : c'est dire que l'industrie du fer se développa en de nombreux endroits. On peut dire qu'à chaque « batte » ou retenue d'eau, s'accrochait l'une ou l'autre « huissine » de fer ou de cuivre ; ce n'est pas sans raison que l'endroit s'appelle « Jausse-les-Férons ».
1. — La forge l'abbé, dont le plus ancien propriétaire était l'abbaye de Grandpré : d'autres l'occupèrent au cours des siècles : Adrien Gérard, Denis Gérard, Hubert de Rupplémont, Arnould Ernolte, J.-B. Necqucbar, Jean de Vérenne, de Bande, le Sr de Rouveroy ; en 1709, Ferdinand Haccourt ; puis, la famille Maurissens, et Madame Héliodore Bauchau, née Ferdinandc Maurissens, qui vendit, le 7 novembre 1861, la forge, le bief reliant celle-ci au moulin des Anglais, etc... On y installa une fabrique de clous (clouterie), qui fonctionnait encore vers 1870 ; le régisseur de la clouterie était un nommé Moreau, et le propriétaire Dupré ; la propriété fut achetée, il y a cinquante ans environ, par la famille Gilson, qui y aménagea un moulin à farine. (19)
Au début du 17e siècle, suivant octroi de Sa Majesté du 25 janvier 1643, les tenanciers de l'époque y établirent aussi des « moulins à battre cuivre ».
Une partie de Jausse est délimitée vers le N.-E. en ces termes : « Le Struyaux commence à la forge l'abbé (appartenant à l'abbaye), joignant le ruisseau de Hoyoul (Samson), ainsi qu'à un certain arbre appelé pommier petit Jacques. »
« Au dit Jaulce, la forge l'abbé, édiffiée, néantmoins cessant passé 3 ans, ayant esté le dernier bcsoignant Nicolas Gérard, fils de Denys. » (20)
2. — La forge Denis, située à l'endroit appelé ou « l'tiesse di Plomb » ou l' tiesse di Keuve
Depuis le XIVe siècle au moins, on extrayait la terre platique à Maizeroule et à Strud; la route de Struyaux n'existait pas; seul, un chemin encaissé, rocailleux, humide, servait de passage aux lourds chariots; souvent, des accidents se produisaient : bris d'attelages des chevaux, des roues des véhicules; il fallait aussi ferrer les chevaux, et la forge Denis était bien placée pour les réparations à faire. Cette forge fut tenue par Denis Barthélémy, Hamblenne, etc... ce dernier était en même temps charretier et messager.
3. — Le Moulin des Anglais fut primitivement une forge; ce moulin fut brûlé, grains compris, il y a environ un siècle; des Anglais le rachetèrent et le réparèrent. (21)
4. — Florivaux.
Cet endroit fut le siège d'une forge et d'un laminoir; on y fabriquait des tôles; puis une filature y fut installée par un nommé Bachelard de Maçon, à qui succéda une « société en commandite par actions, sous la raison sociale Alexander et Compagnie, pour l'exploitation de la filature de laines peignées à Jausse-Mozet, près Namur ».
C'était une « filature d'estame à l'Anglaise ». L'estame était une chaîne à tisser, ouvrage de fils de laines, enlacés par mailles les uns dans les autres. Cette société n'a pas réussi. Depuis une cinquantaine d'années, l'ancienne filature est devenue une centrale d'électricité, qui alimente le château de Faulx.
D'autres forges, moins importantes, étaient aussi en activité dans le pays,
L'industrie du fer dans cette région disparut, quand commencèrent à travailler les grandes usines du pays de Charleroi et du pays de Liège. Les industriels de Liège, en particulier, envoyaient des convois de chariots dans la vallée du Samson; ils s'en retournaient bien chargés de « crayats », de « mâchefer », exploités ici, et qui contenaient encore un pourcentage d'environ 30 % de fer, dit la tradition locale; les ouvriers chargés de ce travail étaient appelés « craiy'tis ».
L'abbaye possédait, à Jausse, une censé qui lui fut donnée, en 1231, par Jean, Seigneur et chevalier d'Argenteau, d'une contenance d'environ 52 bonniers et 69 verges de terres labourables, et 4 bonniers et demi de pâchis, jardin, etc, Cette ferme fut remise à bail, par exemple, à Jacques Herbiet, en 1774. Auparavant, en 1602, « Andrieu Bossefeu tient le chernage de l'abbaye de Grandpreit, sans aultre édifficcs que de la grande greinge, contenant 2 charues de labeur de 18 bon. à chasque roye; prairie et poischis quelques 4 bon. » (22)
L'abbaye y avait aussi un moulin : « le moulnier de Grandpreit (à Jausse), lequel solait payer à l'advenant d'une charue, mais à l'exemple de celui des Altezes, ne veult paier que à moietié. » (23)
Les moines de Grandpré exploitaient en plus un stordoir, dès 1284. Guy de Dampierre abandonne à l'abbaye tout ce qu'il a au moulin de Jauche, sans rien retenir des cens et rentes. (25)
Beaucoup de mouvements eurent lieu devant la cour de Visin, par rapport à certains biens de particuliers; ceux qui seront mentionnés fixent l'attention sur les noms de personnes et de lieux-dits.
Le 27 juillet 1397, Henry de Maizeroule, maïeur de la cour de Grandpré, à Vysin, delers Jausse sur Houyoulx; Guillaume Dévoie et Pirart de Fumay, manants à Faulx; Bodart Delnesse, Ebier le feron, Philippart de Hustinial de Mozet, Collart de Maizeroule, masuiers, prirent acte de la vente faite par Willemart Defossé, en mains clé Watelet, fils naturel de Gérard de Seron, d'une maison à Jausse, devant les Forges, etc... (26)
Le 10 juillet 1405, Colin de Bacelle, maire de la cour de Grandpré à Vizisien deleit Jauche-sur-Hoyoul: Williame clé Nooz, Tylman le Four-nefaux, Philippart Hustinial de Moien (Alozet), Pirechon de Stochem, Elbier le feron, masuiers, approuvèrent la vente à Bodart Delnesse, le feron, par Watelet, fils naturel de Seron, de biens que celui-ci avait achetés à Willemart Defossé, comme aussi la cession d'une rente de 14 setiers d'avoine et 14 parisis en faveur de l'abbaye de Grandpré. (27)
Le 13 mars 1408, Bodart Delntsse, dont mention ci-dessus, maître de forges à Jausse, vendit à Grandpré, devant la cour de Visin, une pièce de terre d'un journal environ, appartenant à sa maison de Goyet et gisant sur Houyoul, jointant d'un costé à un preit qui est de Mrc Pierre de Stockem, et d'autre costé aux terres du dit Bodart: il céda aussi au monastère des bien de Sart-Bernard. (28)
Le 25 mars 1416, Gérard de Fechart, bourgeois de Dinant, fut « vesti » de certains biens de Jausse, appartenant à Bodart Delnesse, et cela « par le gré de l'abbé de Grandpré, à condition de payer à l'abbaye 2 muids d'épeautre de rente ». (29)
Le 7 janvier 1425, Damoiselle Isabial, femme de feu Willame de Xowez, affecta en faveur de Grandpré, 4 muids et demi d'épeautre de rente sur la maison de Mre Johan, jadis, et Mre Pierre, frères, dits de Stockem, gisant à Jache, entre le rieu de Hoyoul et la terre de Chaumont, et d'aval à la tenure Reijneman le Ghecke. (30)
Le 4 mars 1451, « accense fut donnée par l'abbaye de Grandpré à Pirchon, fils Hannosse le feron, autrement dit Messire de Jache, sur une maison, tenure, joindant d'amont al desoutraine forge de fasse, d'aval al terre de Martia de Visin, d'autre costeit, aux bies délie dite forge, pour 4 muids d'épeautre: sur une terre gisant deleis Hamont (Chaumont), et sur un pré sur Hoyoul, près du mania qui fut Henry Delintrc et du martia de Visin. » (31)
Le 16 février 1457, « une autre accense fut faite par l'abbaye de Grandpré à Jehan de Gonnes, d'Haltinnes, sur une maison, cortil,' relevant de la cour de Mozet, et gisant à Jausse, devant le pont aux Weis. » (32)
Le même jour, Huet del Vaul transporta un pré, appelé pré Winquin, à Jausse-les-Ferrons, à l'abbé de Grandpré, Gérard de Maillen. (33)
Le 16 février 1458, l'abbé de Grandpré remit à bail à Poly (Polct) le Marescal, demeurant à Jausse-les-Ferrons, une maison, tenure et pour-prise, sise à Jausse, devant la place de Tonlisa (?), joindant aux biens de la forge de Monseigneur, au ruisseau de Hoyoul et au chemin, et un cortil gisant sur Wanet, joignant à Lauren l'Apostore et au rieu Wanet. (34)
Le 25 juin 1474, Anseal de Chenestrée, maire de la cour de Grandpré à Visin (Jausse), Lorens de Streu (Strud), Gira le fondeur, Laurens le Jache, Hakin Plaiart, masuiers, approuvèrent la vente par Paket, petit-fils de feu Jehan de Jache, à Mathieu, fils de grand Colard de Jache, d'une pièce de terre. (35)
Le 10 juin 1479, Anseau de Chenestrée, maire del cour de Vizin à Jausse, Lorens L'apostor, Girard le Fondier, Girard le Marteleur, Adam Corbeul, masuiers, donnèrent par accense à Anseau de Chenestrée, deux maisons de l'abbaye, ayant appartenues à Dom Gérard de Mailleu, une autre maison qui fut le sire de Jache; ces trois maisons touchaient les unes aux autres, et se trouvaient devant la place de la forge de Monseigneur, et non loin de Chaumont. (36)
Le 10 août 1485, l'abbaye donna à Jehan fils le Fondeir, une maison, tenure, etc. à Jausse, devant le pont à weis, entre le rieu de Hoyoul et les biez des forges, avec une pièce de cortil entre le rieu de Wanet et le Ram ère (Rfimsée). (37)
Août 1515, Jehan Girar, dit le Parmentier, maïeur de la cour de Grandpré à Vizin (Jausse), Colin le Camus, Pirot le Ghcgke, Matho Pirchon, Pirot fils Jadot Fondeir, masuiers, approuvèrent le transport de la maison de jadis le gros Collart, à Jausse, à Gilette le Camus et Jehan-nin, fils Fauchet, mouliner (meunier) de Jausse, son mambour, moyennant un muid d'épeautrc pour le couvent: le même Gilette obtint la maison etc... qui jadis furent le Braconnier, à Jausse. (38)
Le 7 février 1545, Guillaume, marchand, maïeur de Vizin, Driane Jean-Gérard, Martin Jean-Gérard, Gilliat de Crupet, Joart Matho, Jehan Pierson, cédèrent à Follet et à Jehan Collart, une pièce de Grandpré d'environ 9 journaux et demi, à Jausse, dessous Chaumont, joindant vers Arche, aux biens de l'abbaye, d'aval aux biens de Maizeroule, vers Meuse à Colin le Tisseur, et d'autres côté à Stiénon le Hierdij (herdier). Parmi les conditions de ce transport, l'acquéreur devait « livrer un chemin pour le bovij (bouvier) du Ramij, et laisser passer les processions de Maizeroule, comme de coutume. (39)
Le 27 février 1551, la cour foncière de Vizin (Jausse) donna son accord à l'accense faite au profit de Adriane Jehan. Gérard de Jausse, « sur des terres de la boverie de fausse, prenant à une grosse pierre allant dessous Bloskin, qui vat envers Bonneville, etc... » (40)
Le 11 avril 1555 : arrentement fut donné à Andriane Gérard, « sur une pièce en Crapofalize, joindant de soleil de aux terres du seigneur de Faulx, du vent, vers le chemin de Dave, et d'autres côtés vers les Roches; sur deux bonniers dessous Croquet devant Faulx ». (41)
Le 8 mars 1570, Andrien Gérard engagea à l'abbaye de Grandpré des rentes d'épeautre sur le Longvaitx, près de Jausse, et d'autres héritages qui appartinrent jadis à Pircot le Mineur, Simon le Tisseur, Colas le Hyerdier; le 1609, l'abbaye reprit cette engagère des mains d'Arnould Ernotte, époux de la fille de feu Andrien.
Le 3 mars 1574, Jehan Henrion, maïeur de la cour de Vizin, Drion et Jehan Gérard, Estienne le Greke, Pierre Anseaul, masuiers, approuvèrent l'échange d'une pièce, appelée le cortil Catherine le Mineur, sur la place de Jausse, entre Andrien Gérard, marchand, propriétaire, à Jausse, et Jehan Jossart, dit Gouienne, moyennant certaines rentes pour l'abbaye. (42)
Le 1 mars 1581, l'abbé de Grandpré engagea à Léonard de Bossiflet, maréchal à Jausse, certaines rentes, pour travail fourni à l'abbaye; Bossiflet les repassa à Pierre Anceau, le 7 janvier 1587; l'abbé les reprit, le 3 décembre 1616. Etaient présents à la première engagère : Pierre Anseaulx, maieur de la cour foncière de Vezin (Jausse), Pierlot de Vérinnes, Andrien Gérard, Godefroid de Ramot, masuiers; la seconde transaction avait comme témoins Andrien Gérard, lieutenant-maïeur de la cour de Vizin, Jehan Gérard, dit Lallemand, et Nicolas Gérard. (43)
Le 23 septembre 1588, l'abbaye de Grandpré donna trois journaux de bois sur Chaumont, à condition, pour chaque manant de Jausse, de payer 6 deniers de cens ,et toute la communauté, 4 livres de cire. Cette donation fut faite à la communauté de Jausse, représentée par Pierre Anceau, Andrien Gérard, Léonard et Andrien de Bossiflet. (44)
Le 15 février 1594, échange de rentes affectées sur les biens de Arnould Débris du Guiguonclie (cour de Spinoit-Gesves), contre des rentes grevant les héritages de Nicolas Gérard à Jausse;: cet échange était favorable à Grandpré. (45)
Le 18 mai 1599, Adam de Jausse transporta à Dieudonné Henrot certains héritages, sis sur les places de /tinsse, ayant appartenu autrefois à Andrien le Camus, en présence de Pierre Anceau, maïeur de la cour foncière de Vesin, de Léonard de Bossiflet, de Jean Lambot et de Godefroid Ramet, masuiers: une rente était prévue pour l'abbaye. (46)
1605 : Composaient la cour : Pierre Anceaux, maïeur: Pierre de Vérenne, Léonard de Bossiflet, Josse Dethier, Jehan de Thirifays, Thiry Questeau, Jehan Depreit ciel Loge, masuiers. (47)
Le 14 mai 1614, Arnould Ernotte et sa femme Catherine Gérard transportèrent à l'abbaye certaines rentes, « sur les héritages ayant appartenus à Andrien le Camus, sur les places de Jausse ». (48)
Le 27 avril 1615, l'abbé de Granclpré « transporta, pour 1 florin, etc... de cens à Collart le Portier, un pré situé au lieu qu'on dit « Bavent », près du rieu de Struyaux ». (49)
Le 17 avril 1675, Pierre le Berger, de Jausse, céda à l'abbaye de Grandpré un coin d'héritage nommé la taille de Cheslon et Magnée, avec le bâtiment, le tout sis près du ruisseau clé Struyaitx. (50)
M A I Z E R O U L E
La juridiction de la cour de Grandpré à Visin (Jausse) s'étendait aussi sur le hameau de Maizeroule. (51)
Maizeroule était le siège d'une paroisse assez importante pour l'époque: la chapelle de Strud, très ancienne, dépendait de l'église de Maizeroule. (52)
La paroisse fut supprimée en 1803, le hameau relève aujourd'hui de la paroisse de Tombes (Faulxj.
Maizeroule possédait un manoir, qui s'élevait sur l'un des côtés de la place limitée par le presbytère, l'église et le cimetière, la route et la forêt d'Arche. Il était construit en moellons et maçonné en terre d'argile; la demi-tour, qui saillait au milieu de la façade, avait été surélevée en-briques, en encorbellement de deux demi-briques; le corps de logis droit avait été pareillement haussé; aux parties non remaniées, on remarquait des corniches en pierre, portées par des consoles s'appuyant, à 1 m. 90 du sol, sur de petits culs-de-lampe; les fenêtres, ainsi que la porte, avaient été modernisées, excepté une petite baie de forme ogivale, dont l'appui était creusé comme une auge. (54)
II fut occupé pendant longtemps par la famille noble de Maizeroule, issue du lignage des de Mozet: il formait un seul bloc avec la ferme que possédait, à cet endroit, depuis 1231, l'abbaye de Grandpré; on peut conjecturer qu'il fut construit par l'abbaye: en tous cas, un texte de 1460, que nous citons plus loin, indique que le monastère de Grandpré était propriétaire du manoir et de la ferme.
L'abbaye de Grandpré reçut, dès sa fondation, la censé de Maizeroule; d'autres biens lui furent concédés, à Maizeroule, par les seigneurs de Mozet, au début du XIIIc siècle. La censé comprenait, en 1787, 52 bonniers, 3 journaux, 56 verges de jardins, 42 verges de terres labourables et 12 bonniers et demi, pâchis et enclos. (55)
La censé fut affermée par l'abbaye, le 7 décembre 1406, à Henri de Maizeroule (56); ce personnage est cité comme maïeur de la cour de Grandpré à Vizin, en 1397; il est homme de fief à la cour de Thierry de Molin à Goyet, en 1398. (57)
Dans le bail de 1406, sont cités les lieux-dits de « terre à l'arsille et de terre du St. Esprit, bois de Vaudrivaut (fond Derivaux), etc... »
Henrar, fils d'Henri, tint avec son fils Hubert, dit Hubinon, les biens de Grandpré à Maizeroule, vers 1443.
Au décès d'Henrar, l'abbé de Grandpré, Gérard de Maillen, transporta, le 7 décembre 1460, « a son bien ameit et loyaul censier, Hubert de Mayzeroule » les biens de Maizeroule, pour 20 muids d'épeautre, à livrer en la grange de Grandpré à la Saint-André ou à la Chandeleur au plus tard ; l'étendue des terres, d'après le dénombrement qui suit, était de « quarante bonniers environ avec le manoir, tenure et pourpris, qu'on dit le fossé gisant dessous, et tendant à le voye ».
Le 7 février 1462, Hubert de Maizeroule se tint redevable de certaines rentes sur les biens de Maizeroule qu'il avait de Grandpré.
Quelques lieux-dits sont indiqués dans le bail : tri qu'on dit Saint-Martin, Froidefontaine, pré del dicasse, buisson à l'oresille, al'croix, dessous les Formats, Voitldrie, Longpreit, terre de Duij, terre du St. Esprit, Sauvelins, Vaucelles, tri de Bloskin, Mabiche, douaire du curé de Maizeroul. (58)
En 1602, Gérard de Maizeroule cultiva « 5 bon. à la roye, et preits environ 7 journaux, asscavoir 1 quarte part contre 3 parts de Tami-son ». (59)
Fin du 17e siècle, la ferme de Maizeroule fut louée à Pierre-François Wasseige, maître de forges ; la saisie en fut opérée pour non-payement de plusieurs rentes, dont elle était affectée. (60)
D'accord avec l'abbaye, Wasseige céda sa ferme, le 3 avril 1702, pour un terme de 9 ans, à Pierre de Cereseau : le bail stipulait que « le fermier devra convertir toutes les pailles en fumier pour être mis sur les dites terres, sans en pouvoir vendre ni dissiper » : Wasseige construira une étable et ne pourra pas donner d'autorisation de pâturage dans les biens de la ferme ; les grains récoltés seront conduits au rivage de Samson et mis sur les bateaux ; le fermier Cereseau supportera toutes les tailles, aides et subsides, toutes les rentes en grains dues à l'abbaye ; il aura, pour son chauffage, tous les chinons et la moitié du houblon : il conduira chaque année à Wasseige, à Samson, 4 cordes de bois, etc., etc...
Ce bail fut approuvé le jour susdit, par la cour de Grandpré, à Vizin.
Dans l'entretemps, en 1704, des réparations, très grosses et très urgentes, de la ferme s'imposèrent : un maître-charpentier, André Quewet, un maître-maçon, René Bertrand, un serrurier, du nom de Claude Mahaux, la Vve Léonard Smet (commerce d'ardoises), furent chargés, avec la cour de Vizin, d'estimer les réparations à faire ; furent à l'œuvre, en 1705, François Bouvier et Pierre Godfroid de Faulx pour les charpentes, Jean-François Crespin, maréchal, frère Claude Frizet, maçon, etc...
En 1729, après arrangement pris avec Wasseige, le censier de Maizeroule dut quitter la ferme au mai suivant: le monastère de Grand-pré l'exploita lui-même par des domestiques, « afin clé tâcher de la rétablir ».
En 1787, la ferme de Maizeroule fut vendue comme bien national à Patilée de Douai, puis devint la propriété de F. Deville, rentier à Huy, dès 1812. (61)
D'autres biens de l'abbaye de Grandpré à Maizeroule étaient administrés par la cour foncière de Vizin.
Le 23 mai 1415, par devant Jehan Hustin, maire de eettc cour, VVm-kin Cramp le Manghon, Henotte le feron, son fils, Henneman bij Shes-ches, Me Pierre de Stockem, masuiers, Gramchon, demeurant au moulin de Faulx, rapprocha 1 muid d'épcautre de rente, acquis par l'abbeve, sur 2 journaux, situés sur le chemin de Jausse à Maizeroule, au lieu-dit « al' croisette ».
Le 7 janvier 1443, Balduin de Hun, seigneur de Goyet, donna au monastère de Grandpré, 7 muids de rente, moitié épeautre, moitié avoine, notamment sur un bonnier « al' croix », à Maizeroule, un demi-bonnier près de Bloskin, et d'autres parcelles, comme à Schovelonpré, dessus Agimont, Longpré, Struyal, etc...
Le 31 mai de la même année 1443, Pierchon, fils de Messire de Jache, doit une rente à l'abbaye de Grandpré sur les biens de Maize-roulc, joindant le baty derrière Struyat (Struyaux) ; il fournira aussi les cordes des cloches de l'église de Maizeroule. Reconnaissance de cette dette fut faite devant Collart de Hamerinne, maire de la cour de Grand-pré à Vizin, Hanosse, dit Messire de Jache, Gérard, fils de Willemart de Roufosse, Johan le Gheke et Polly, le maréchal.
Le 9 juillet 1462, Thirion de Monchial, et Hubinon, fils de feu Henrart de Monchial, furent tenus de payer, à l'abbaye de Grandpré, 24 muids de grains sur des biens qu'ils possédaient à Maizeroule, relevant de la cour de Goyet.
24 janvier 1524, Ansillon, petit-fils de Jehan Destreu (de Strud), reçut 5 bonniers de Grandpré, « gisant entre le wees et l'arbre chaîne », en présence de Driquot le forgeur, maître des forges, à Jausse, « maïeur établi en ce cas, d'elle court de Vizin à Jausse », clé Jean Gérard, dit le Parmentier, Collin le Tisseur, Pironet Gérard et Pierro de Ghege, masuiers. (62)
Le 7 septembre 1534, Antoine, fils Polet de Maizeroule, obtint certains biens de Grandpré, situés à Maizeroule, aux environs du baty de Maizeroule, du fond de Struyat, de Blosquin et de Mabeische, à condition de payer 3 florins de rente, le vin à l'abbaye de Villers, une augelle de vin pour Grandpré, etc...
28 octobre 1539, la cour était composée de « Jehan Fauchet, mayeur de la cour très foncière de Moncheaulx appartenant à Mons. de Gran-prez, Jehan Wilmet, Jehan Collart, Gillo Hedin, Collo le Cheron, Jehan Mourkin, masuiers de Moncheatix à Faulx ».
Le 13 avril 1573, la cour de Monceau « donna à Pierre Anciaux de Faulx, une pièce à Froidfontaine, joindant vers Meuse et d'amont au dit Anciaux, et d'aval aux Follet de Maizeroule, et de Sud, à ceux de Grandpré ».
Le 30 mars 1634, Simon Delfosse, maïeur de la cour foncière de Wesin (Jausse), Arnould Ernotte, André Anceau, Nicolas Gérard, Lambert Marens, Toussaint Bouchaux, échevin, reçurent l'engagement de Damoisclle Anne de Tamison, pour elle et sa famille, de payer une rente de 31 muids d'épeautre et 3 muids d'avoine, sur les censés de Maizeroule et de Strud ; le remboursement du capital de 4.950 florins, sur lequel était affectée la rente susdite, se fit le 5 juin 1676, en présence de Arnould Sciot, maïeur de la cour de Vesin, d'Arnould Ernotte et Philippe de Houyoux, échevins. (63)
Le recensement ,fait le 30 vendémaire an XIII, par le Conseil Municipal, donne pour Jausse 44 habitants, pour Maizeroule 22, et pour Struyaux 22.
C. — COUR FONCIERE DE GRANDPRE A WIERDE et WEZ.
WIERDE
A Wierde, où se trouvaient des biens importants de la fondation de l'abbaye de Grandpré, comme la grange de Tronquoy, l'exploitation agricole de Montigny, etc..., une cour foncière réglait les affaires administratives les concernant.
Cette cour s'appela, au cours des âges, cour foncière, très foncière, cour censale des Alloux et Wierde.
Dès 1260, Marie de Dompierre donna à l'abbaye de Grandpré ses alleux de Wierde, qui, en 1787, consistaient en une ferme d'environ 65 bonniers. (64)
A la Sainte-Madeleine 1272, Jean de Bornai échangea, en faveur du jeune monastère, le ban du moulin du Tronquoy dans les alleux de Wierde, les droits sur le moulin de Jausse, sur le pré Libion, sur la digue du moulin et sur les terres qui se trouvaient entre la digue et le pré Libion, contre 6 bonniers de terre près de la maison Oger, et quelques autres petites pièces. (65)
D'autres droits du Comte de Namur et de l'abbaye de Grandpré à Wierde sont indiqués dans une '< information » datant du 16 avril 1679 (66). Elle reprenait les points essentiels d'une charte de 1283 : « Nous, Guis, cuens (comte) de Flandres et Marquis de Namur, et nous, li abbé et li couvent de Grandpré, faisons scavoir à tous que coè (comme) débats fussent et eussent estez entre nous, les parties des scurdittes, del haulte justice des Alues (alleux) de Wierde, des mounant (manants) et des hommes Nre Dame de Grandpré, que nous, li abbés et li couvent descurdits (susdits) clamiéns (discutions) pour noz serfs et serves, nous sommes accordez, par commun assert (accord) que totte li hautte justice des desseur dites Alucs (alleux) et des appendances, et tout li homme (les hommes), que nous, li abbé et li couvent clamiens por (pour) serfs et por serves, où qu'ilz soyent, demorront à nous Guij, comte descurdit, et a noz hovis (héritiers) seigneur de Namur hiretaulement (héréditairement), si coè (comme) homme serviteur (sainteur) aux uz et aux coustu-mes del terre de Namur, payans chun (chacun) et chune (chacune) un denier, chascun an, de cresvage (chevage : droit perçu par tête d'habitant) à l'autel de Nrè Dame de Grandpret; et tout li mounant (tous les manants) des villes dessoubs escrittes, asscavoir est, de Wierde, de Mon-rigny delez Wierde, d'où Sart Bernard, de Waing (Wez) et de Monceau (Faulx) demorront (demeureront) heritauleu à nous Abbé et le couvent de Grandpreit deseurdit, et iront, par ban à nos mollin, où que l'ayons, dedans les alues de Wierde, parmi (moyennant) cincq solz lovignois d'amende, qui n'irat, et le monnée (mouture) rendue a nous par le mon-nier (meunier) sermenté : desquels cincq solz, nos li Abbé et li couvent aurons les deux partes, et nous, Guis li cuens desseurditte, la tierce parte, pour ce que nous ferons ens venir l'amende ; et s'il advenait que le dit mollin ardist (brûlât) ou évist (fût inondé), por déane (aire du moulin), les dis monnans devroient aller a mollin de Grandpreit, dedans l'abbaye, sor l'amende deseure nommée, jusquez a tant que le dit mollin seroit refait ou pouroit mourre (moudre) audit alue, sol ce que ly Abbé et ly couvent devroient refaire le mollin dedens l'an et dedens le jour ql seroit destruit, toutes fois ql destruit servit ; et si refait n'essoit dedens l'an et dedens le jour, li monnant (les manants) pouront aller la où mieux leur plairat, jusque a tant qu'il seroit refait, sens amende nulle payer, et si tost qu'il seroit refait, li monnant doivent revenir audit mollin, sor l'amende devant nommée et parmy ces monnants desseurditz ki demeurent a nous l'Abbé et le couvent desseureclitz ottrions tout ce et tout le droiture ke nous avons au mollin de Jauce (Jausse), sens rien retenir parmy telle droiture de cens et rente, ke no partie d'audit mollin doit a l'église d'Andenne, a très noble home Nre trechèr signeur Simon comte de Flandres, et a ses hoirs, signeur de Namur hirtaulement ajouir et parce ke touttes ces choses desseuredites soient fermes et estables, nous, les parties devant nommées, en témoignage de vérité, avons mis nos sceaux à ces prtes biens ; ce fut fait l'an de l'Incarnation Nre Seigneur Jhu Christ, mil deux cent quattre vingt et trois, le lundy prochain, après le Théophanie. »
« L'information », de 1679, rappelait que « la seigneurie très foncière de Wierde, qui appartient au couvent de Grandpré, consiste tant dans l'étendue de la banlieu de Namur (67), que dans une partie du baillage de Samson, et ce avec tous les droits, émoluments, et prérogatives qui s'ensuivent : entre lesquels sont comprises les verdes amendes,encourues par les bêtes des habitants, à raison des dégâts, causés par elles, dans les terres ou héritages d'autrui », elle indiquait que les religieux de Grandpré ont toujours perçu leurs droits, « au vu et au su d'un chacun », tant en vertu de l'accord réalisé entre leurs devanciers et Guillaume, comte de Namur en 1283, qu'en vertu des actes de possession postérieurs; que, par l'accord clé 1283, ils ont seulement concédé au comte la haute justice sur leurs biens de Wierde, « en laissant suivre les hommes qu'il réclamait pour serfs et serves, aux us et coutumes de la terre de Namur », sans qu'aucun des autres droits dépendant clé la dite seigneurie ait été cédé au Prince ; les plaids généraux ont été tenus à Wierde, trois fois par an, depuis un temps immémorial et jusqu'à présent ; enfin, il rappelle certains condammations aux verdes amendes, encourues les derniers temps, par certains manants de l'endroit.
Un acte signé le 27 juin 1695, par Alexis de Mouyet, boursier de Grandpré (68), insista une fois encore sur certains droits du monastère à Wierde : « la censé de Wé (Wez) va avec la seigneurie de Wierde ; dans cette terre et censé, appendices et dépendances, l'abbaye a la seigneurie-foncière, ou, comme est de coutume, très foncière, consistent dans le droit et pouvoir d'établir Maïeur, échevins, greffier et sergent, pour administrer la justice ; consistant aussi en droits seigneuriaux, pour aliénation de biens en fond ou de pareille nature : en convocation des plaids généraux trois fois par an, aux Rois, à Pâques et à la St-Remy, et d'y obliger le censier de Wez, sous peine d'amende ; en plusieurs cens fonciers et seigneuriaux qui se paient à la St-Etienne ; les verdes amendes, la Visitation des Maleloz (?) et des chemins, le droit de chasse et de pêche, un droit sur le bétail qui va paître dans les bois de Grandpré, un denier appelé droit de chinage (69), à l'autel de N.-D. de Grandpré, à payer par chaque manant, chaque année ; le droit de connaître de toutes foulles qui se commettent dans les fonds audit lieu : il leu appartient un moulin banal, appelé Tronquoy, du ressort de Wierde, avec tous les droits y annexés, et auquel sont sujets les villages de Wierde, Wez, la censé de Montigny, village de Sart-Bernard et Moncheaux (Faulx). Tout cela est de possession immémoriale ».
Un cerclemenage du domaine foncier de l'abbaye de Grandpré à Wierde fut fait le 8 mai 1708, afin de préciser ses limites avec celles de la « seigneurie » haute et basse et moyenne de la dame d'Arville, Marie de Geloes, veuve de Godfroid de Maillen et des seigneurs avoi-sinants: la dame d'Arville fit exhiber, à cette occasion, par son représentant Louis Henry, l'ancien cerclemenage de la terre d'Arville du 22 mai 1490, fait aussi à l'intervention de l'abbé de Grandpré lui-même, cerclemenage qui, pour elle, conserve toute sa valeur. (70)
Le procès-verbal, relatif aux limites en litige, fut dressé comme suit : « Primes, nous nous sommes transportez au fond et au vivier du Bougnon, avec ...... (ici sont cités de nombreux témoins) qui ont convenus que la juridiction dudit Wierde s'extend et git au rieu du Bougnon, et vat au long du bois de Reppsau : avons marchez entre deux lieux, laissez le moulin du Tronquoy à droitte, du cotte du levant ; avons passez à la croix Mathieu, et nous rendus aux bolettes; nous avons poursuit tout le grand chemin de Luxembourg à Namur ; sommes entrez en un petit vercl chemin : avons etez jusqu'où a etez autrefois un buisson nomme « le buisson au pommier sauvage », qui étoit sur le bord dudit verd chemin, conduisant à la perche à Andoy, ou se metterat une borne de pierre, et les parties ont convenus que tout ce qui est à droite desdits chemins allant vers Namur, est de la cour très foncière de Wierde, et ce qui est à gauche, est de la hauteur de Dave... de là, nous avons traversez la campagne, et nous rendus droitte a la tour a Andoy, accompagnez de Nicolas Rosart, receveur de la dame dudit Andoy, Pierre Robinet, son mayeur, et Guillaume Ladre, sergeant ; avons continuez notre chemin vers le fournil de Basseseille, en passant au coing d'un petit trieu des trois bonniers de Hambau ; duquel fournil, nous nous avons transportez avec Henri Cornenfaille, député de la dame d'Arville, au travers d'une terre ditte les quatre bonniers de la censé de Wez, dessous Mont, au millieu du chemin de la vicomte de Dave, ou avons trouvé une borne de pierre, qui fait séparation des dixmes de Wierde et de l'église Saint-Maur à Huy ; de la, avons remontez à la borne Laberterne, et nous rendus au bois des pauvres du grand hôpital de Namur ; de la, à la borne du bois d'Arche, puis à la borne de la potence de Barabbas et avons finis audit fond et vivier de Bougnon. » (71)
En 1720, fut confirmé le droit de chasse de l'abbaye, seigneur très foncier de Wierde ; ce droit comprend la chasse avec des chiens, cors de chasse : les domestiques et les invités de l'abbé sont admis aux parties de chasse ; l'origine de ce droit remonte à la fondation de l'abbaye. (72)
En 1790, le 3 février, une commission de sergent de la cour foncière de Wierde, appartenant à Grandpré, fut donnée à François Willem, de Mont-Sainte-Marie. (73)
Notons la composition de la haute cour de l'abbaye de Grandpré, à Wierde : le 21 janvier 1430, Jehan Biamet, maire : Jehan de Limaing (Limoy), Jamar de Tronkoy, Johan Stévenart, Reinchoul et Collart de Repeal (Reppeau), frères, Pirart Malcorps, Pirart Delforge, échevins ; le 28 mai 1437, maire de la haute cour de l'abbaye à Wierde, Jehan Dousar, et les échevins : Jehan Dandewain (d'Andoy), Piret Delforge, Jenai de Limaing, Adrien le Marescaul. (74)
En 1602, les moines de Grandpré firent l'estimation de la contenance de leurs fermes à Wierde :
« La censé de l'abbaye de Grandpreit que tient Denis Kinart, comme censicr, 2 charues. » (75)
Eglise de Wîerde.
« La censé dudit Tronquoy, appartenant à l'abbaye de Grandpreit, que tient par louage le sieur Mailleu du Sart, 2 charues. » (76)
Le 22 mars 1759, à la réquisition de l'abbaye de Grandpré, eut lieu le mesurage d'une pièce clé terre reboisée, dépendant de la censé du Tronquoy, « joindant d'Orient et de Septentrion, au chemin de Dave, de Midy au terre et pachit de la même censé, et bois nommé le Scopelle-rie, appartenant à la susditte abbaye, d'Occident à la ditte censé, contenant cinq bonier, trois journaux et cinquante-cinq verge trois carts. » Le fermier d'alors était Antoine Joseph Georges. (77)
Le monastère cistercien avait reçu, en 1272, de Jean de Bornai, un moulin banal, avec un jardin d'un bonnier, et six bonniers 22 verges de terres labourables. (78)
Ce moulin était soumis aux mêmes règlements et à la même jurisprudence que les autres du comté.
Le moulin banal de Grandpré à Wierde, appelé communément du Tronquoy, devait être utilisé, nous l'avons dit, par les manants et habitants de Wierde, Wez, Montigny-lez-Wierde, Sart-Bernard et Monceau ; lorsque le moulin du Tronquoy ne tournait pas, c'était à celui de Grand-pré qu'ils devaient conduire leurs moutures. (79)
En 1602, un dénombrement indique :
« Le moulin du Tronquoy, appartenant au Sr. de Grandpreit, estimé à une charue. » (80)
L'abbaye de Grandpré avait aussi deux étangs à Wierde, d'une superficie de 5 bonniers environ. (81)
En 1787, elle y possédait :
a) la censé du Tronquoy, avec 71 bonniers, 2 journaux, 50 verges;
b) la censé de Wierde, avec 65 bonniers, 3 journaux, 56 verges ;
c) un moulin et dépendances, avec 6 bonniers, 22 verges, soit environ 142 bonniers. (82)
La ferme de Grandpré à Wierde (50 bonniers) a été vendue, comme bien national, pour 3.565 livres à J. Dachet, ex-religieux à Namur ; celle du Tronquoy (44 bonniers), pour 7.032 livres, à Sana, Paulé, fonctionnaires, et Stapleaux, imprimeur, tous trois de Namur ; le moulin du Tronquoy (25 bonniers), pour 3.170 livres, à S. Hulin, ex-religieux à Florée. (83)
WEZ
Outre la cour haute et foncière du seigneur hautain, fonctionnait aussi une cour foncière de l'abbaye de Grandpré, pour les biens qu'elle possédait dans ce petit hameau.
Le 14 octobre 1403, composaient cette cour : « Colin de Limaing (Limoy), maire et masuyer, Gilles de Nannine, Philippe, dit Hustinéa de Mozet, Collart Bachot, Jehan de Limaing, Jehan, fils Johan Deleville, masuiers;; Jehannin, fieu Jeanne de Bacelle (Basseilles), sergent de la cour. » (84)
En 1410, le 7 août, siégeaient à Wez, pour le seigneur hautain, « Williaine de Seilles, Arnould Bousiaux (Boseau, seigneur de Mozet), maire et masuyer, Jamars Hustin et Allar, frère Jean Manisin de Waing (Wez), masuiers. » (85)
Pendant la période 1701-1717, les mambours du grand hôpital de Namur durent livrer, sur les greniers du Refuge de Namur, appartenant à l'abbaye clé Grandpré, pour la ferme de Wez, 30 muids et 1 setier d'épeautre. (86)
Nous avons vu qu'à la cour foncière de Grandpré à Wierde, les manants devaient comparaître en différentes circonstances.
Il existait à Wez une église paroissiale qui, à cause de l'exiguïté de ses revenus, fut incorporée à l'église de Wierde, par acte dressé au monastère de Géronsart le 20 octobre 1438, en exécution d'une bulle du pape Eugène IV, datée du 27 juillet 1436; il est à noter que l'abbaye de Grand-pré avait une part dans la présentation du curé de Wez, avec le prieur de Géronsart et le seigneur du lieu, et que l'église de Wez, comme celle d'Andoy, était desservie par des chanoines de la collégiale de Notre-Dame, à Namur. (87)
D. — SEIGNEURIE FONCIERE DE SART-BERNARD.
L'abbaye de Grandpré obtint en 1283 de la générosité de Guillaume, comte de Flandre et marquis de Namur, la seigneurie foncière de Sart-Bernard, avec le droit de chasse. (88)
Le 20 janvier 1392, Hustin de Naninne, écuyer, « céda par échange à l'abbaye de Grandpré, la moitié d'une court de masuiers à Sart-Bernard, qui comporte 7 journaux de pré et 5 de bois, 10 sous 6 deniers de lovignis, 1 mouton, 13 chapons et 10 setiers et demi d'épeautre de rente. » (89)
En 1406, l'abbé Gilles de Ville reçut des biens situés à Sart-Bernard. légués au monastère par Robert de Flandre, chanoine de Cambrai. (90)
Le 28 novembre 1599, l'abbaye rappela la dette due par chaque ménage de Sart-Brnard, de 2 setiers d'avoine et 2 petits deniers de Namur, le 1er dimanche d'octobre de chaque année: cette rente a été payée dès 1477. (91)
En 1602, « Sy at aussi aultre petite censé, contenant en tout, tant en labeur, terres, prairies et jardin 20 bon., demeurée déserte dès au commencement des guerres, icelles applée la censé de Boingnon (vers Wierde). » (92)
Alexis de Mougct, boursier de Grandpré, déclara le 27 juin 1695, : son abbaye avait les mêmes droits, excepté les plaids généraux, : ceux qu'elle possédait à Wierde à cette époque; mais, en plus, chaque nt devait au monastère, chaque année, le dimanche après St Denis, 2 setrërs d'avoine et 2 deniers noirs; en cas de non payement, le couvent avait le pouvoir « de dépendre ou de détacher la porte du domicile du délinquant, et la placer sur le grand chemin jusqu'au payement, sans forme ni figure de procès... Et cela, de temps immémorial. » (93)
TRIEU D'AVILLON-FAYS, VIVIER L'AGNEAU, SART-MATHELET et LES LOGES.
Ces trois sections constituent la majeure partie de l'actuelle commune de Courrière.
TRIEU D'AVILLON-FAYS
Le domaine foncier de Trieu d'Avillon-Fays datait de la fondation de l'abbaye; des contestations surgirent au cours des temps entre le monastère de Grandpré et le seigneur clc Courrière, qui possédait la seigneurie foncière sur les autres biens de l'endroit et la seigneurie hautaine sur tout le territoire. (94)
Les terrains de Trieu d'Avillon-Fays joignaient les bois de Ster; déjà, bien avant 1231, l'abbaye de Villers « possédait allentour et des enivrons du bien dit Grand prez, de grands biens, et certainement les bois qui sont entre Korioles (Corioule, dépendance de Courrière) et Ster, et Corrires (Courrière) et Ster: entre lesquelles limites se trouve la plus grande partie de nos bois et des terrains dérodez, dont nous tenons une partie nommée le Sart-Mathelet et les Loges et Wionfays (Avillon-Fays) et plusieurs autres portions remises à des particuliers qui nous en paient encor la dîme et rente, ce qui prouve que tous les dits terrains ont esté bois, et que presque tous ceux qu'on labour, ont y voit encor les vestiges des aires de faude... »
L'auteur de ce document rappelle les échanges opérés entre le Comte de Namur et l'abbaye de Villers d'une part, la donation par le Comte à l'abbaye de Grandpré, de ces terrains échangés, d'autre part, dont beaucoup précisément se situent dans cette région qu'il vient de décrire, et il continue : « Les bois qui commencent au pied des murailles dudit Grandprez se continuent vers Occident jusqu'aux communs du Trieux, et vers Ardenne, partie au bois nome les Quatres, et de là, à la
commune de Sorinne, entre lesquels limittes se trouvent les terrains -en question, qui touchent d'amont aux héritages de Vivier l'Agneau, que le dit Sart-Mattelet et les Loges sont distants d'environ une demi-heure du monastère, sans qu'il se trouve aucun bien ou terrain possédé par autrui, dans tout le terrain, à réserve d'une remise faite qui s'appelle le petit Sart-Mattelet, et plusieurs autres pièces toutes jointantes de la commune de Trieux, que nous cultivons par nous-mêmes et nos domestiques, tous les terrains qu'ont veut nous faire payer et pour lesquels, comme d'autres de la fondation, nomément notre censé de Jausse-le-feron, etc... nous payons annuellement 450 fr. dans les aydes ordinaires avec les ecclésiastiques, quoyque nous n'aons tout au plus que deux charues de labour avec le monastère, et qui ne peut este quotisé à une somme pareille. « (95)
En 1601-1612, on trouve l'indication suivante :
« Trieu et le Vivier l'agneau. Item la maison des Loges, appartenant à l'abbé de Grandpreit, contenant environ 16 bon., maulvais prairies et de peu de rapport, que tient Simon de Loges, et sa sœur vefve, payans eulx deux environ 55 florins par an, oultre quelque beste nouré. » (96)
La commune de Trieu d'Avillon-Fays s'appelait autrefois Hepniée. Sont cités dans un document de 1773, les lieux-dits : Haut-Boloy (Bois d'Hausse ou d'Arche Taille de Hepné, Rahaute de la posterie (98) campagne des Fagnes, etc... (96)
De 1731 à 1735, eurent lieu des tractations entre les seigneurs de Courrière Jean Muller, puis Bernard de Barsy, pour la vente, par ceux-ci, au monastère de Grandpré, de la seigneurie hautaine, moyenne et basse justice de Trieu d'Avillon-Fays.
Cette vente en faveur de l'abbave fut définitive le 25 mai 1735, et lui coûta la somme de 2.000 patacons. (98)
Pour trouver cet argent, l'abbaye de Grandpré avait vendu son domaine toncier de Spinoit (Gcsves) au comte de S. Maurice, le 27 octobre 1735. (98)
La seigneurie hautaine de Trieu d'Avillon-Fays rapportait à l'abbaye 1 setier d'avoine de la part de chacun des 37 habitants, et 9 liards pour rachat de mortemain et taille de S. Remy; les veuves ne payaient que la moitié. (99)
Le 22 novembre 1731, fut dressée l'action en bornage (cercle-ménage), de la seigneurie hautaine et foncière de Trieu d'Avillon-Fays,en présence de Dom Bernard Petit, abbé de Grandpré, Dom Guillaume le Felrre, prieur de Grandpré, et Bernard de Barsy, seigneur de Cour-rière et très foncier de Trieu d'Avillon-Fays : « Prime que la hauteur dud. Trieu d'Avillon-Fays, appartenante au Rend, abbé, comme par act passée par devant le notaire Nicolay le 18 aoust dernier, at son commencement du côté vers Meuze, a une borne de piere, plantée au bois Robert... son maniment vers couchant et la commune de Maillien, laquelle hauteur dud. Trieud'Avillon fays se continue depuis la ditte borne dud. bois Robert, jusqu'à la chaussée de Nàr a Luxembourg, sur le bord de laquel on y possera une borne; et continuant lade. chaussée du côté du Levant, comprise la maison ou Philibert Viroux demeure, vivier l'anneau, jusq a l'endroit nommé au potteau, ou on y mettra une borne de mains commune avec les joindant, en impriment sur les bornes les lettres alphabétiques des parties joindantes; et depuis laditte borne a placer aud. endroit dud. chesnes au potteau, traversant la campagne dud. vivier l'anneau, en droiture à la ruelle des ruweaux ou on y a planté un piquet, et a l'endroit duquel on y posera aussi une borne, coè dit est, qui fera separaon, tant des dittes signories que de celle des Srs. Montpellier pour Assesse; laquelle hauteur continue dez led. endroit ou borne au travers de prez des ruweaux, jusqu'au ruisseau d'embas tirant sur le levant; et dudit ruisseau qui traverse les prez de Corioul, ceux de Sorine la longue estants desdits sieurs Montpellier, terre Her-nand Le burton et loing du chemin desoub icelle, en droiture toujour sur le Levant, jusqu'au ruisseaux de Hoyoux: lequel chemin est entré les brochaux et biens Delhet, qui ne se repette qu'en droiture de la barrière de la ditte terre Hermand Le burton, jusqu'au dit ruisseaux de Houyoulx, et dud. ruisseau de Houyoulx, jusqu'à l'endroit nommé le pont des boeufs, scituez desoub l'abbaye dud. Grandprez, qui fait séparation de la signorie duel. Trieu, de celle de Faulx, et partie des Tombes, dans lequel ruisseau, depuis un bout jusqu'à l'autre, la poisse (pêche) est annexée avec laditte signorie, a y poisser par le coté décelle, en ij mettant des filez, et avec la mille ou autres filiez, que l'on est obligez, pour en servir, d'entrer dans le ruisseau aux deux costé aussi large que ledit ruisseau se contient; et cela contre ceux de Gesvcs et autres y ayant droits de même de leurs dit costé respectifs contre icellui; et depuis ledit pont de boeufs, jusqua la borne seituée audit bois Robert, le tout se conduisant conformément la corte figurative... »
La seigneurie très foncière de Trieu d'Avillon-Fays avait, à peu près, les mêmes limites que la seigneurie hautaine; on relève, dans le cerclemenage, les lieux-dits : haye du pré des Ruweaux, trou de Corioule, le fond Dewez, le bois Huguelein, la taille aux fagots, le Cupelé, le Frennoy. (100)
Ajoutons qu'en 1753, un acte stipula que « Trieu d'Avillon-Fays point d'un côté à la banlicu de Namur et d'un autre à la seigneurie de Gesves, s'étendant tant en longueur qu'en largeur, cinq quarts de lieue plus ou moins, et est habité de quarante-huit à cinquante manants, tant propriétaires que louagiers, non fermiers de censé, lesquels y possèdent assez belles commodités, sij comme maisonnement, avec deux, trois, cinq six à douze bonniers d'héritages, etc..., trois a quatre censés, l'une appelée... Vivier l'Agneau, une autre au Réverand prélat de Grand-préez... »
Dans ce même acte : « Charles, par la grâce de Dieu, Empereur des Romains..., roi d'Allemagne, d'Espagne, de Hongrie et de Bohême .. duc de Bourgogne..., comte de Namur... accorde... atixdits abbé et religieux (de Grandpré)... pour des raisons particulières à ce nous mouvantes, et par grâce spéciale... la seigneurie de Trieu d'Avillon-Fays... » (101)
Un mémoire daté de 1756, stipule « qu'il y a un peu en deçà du bois de Vivier l'Agneau, une censé nommée... que l'on dit appartenir à l'abbaye de Grandpreiz ; le grand chemin qui est entre deux hayes, est environ quarante pieds de large ; à la droite, il y a une prairie, et le chemin est élevé environ six pieds ; à la gauche, ce sont des estangs. et un précipice de plus de douze pieds : l'eau qui vient de lad. prairie, et qui fait une espèce de ruisseaux, passe dessoubs une forme de pont que l'on ne voit pas, qui sont des méchants bois, pleins de troux, et tous pouris, en sorte que c'est une espèce de précipice, et le plus méchant chemin qu'il y ait dans toutte la province, y étant arrivé des accidents, et en arrivera d'autres, si on nij remédie ; car il est pourainsy dire impossible d'y passer avec aucune voiture. » (102)
Le droit de chasse fut souvent l'objet de litiges ; après l'acquisition de la seigneurie hautaine par le monastère de Grandpré, celui-ci fit appel à des témoins pour déterminer les limites exactes de la seigneurie et, par conséquent, de la chasse ; le principal témoin fut un certain Lambert Bertrand du Trieu, 75 ans, « affréteur aux bécasses et à la chasse au gros gibier, avec la permission de l'ancien seigneur de Barsy » (!) ; les limites qu'il indique étaient celles du mesurage de 1731 ; et Bertrand nota qu'il n'avait jamais vu, ni entendu dire que, par exemple, les seigneurs d'Arville y avaient droit de chasse, « sinon, qu'il y a plusieurs années, ils ont chassé les loups, mais avec ceux de Grandpré : avec eux aussi, ils ont chassé au sanglier. »
Déposèrent de même : Jean-Joseph Havelange, François Sovet, Jacques Paquet et Jean-Pierre Dcgive, maïeur de Courrière, le 7 février 1771. (103)
SART-MATHELET et LES LOGES
Sart-Mathelet : dépendance de la commune de Courtière, se trouve à l'extrémité Est du village, vers Sorinne-la-Longue; il comporte, outre •ois autres habitations, un vieux château-ferme, exploité aujourd'hui par la famille Romainville; la tradition veut que les religieux de l'abbaye de Granpré construisirent un château fortifié pour défendre l'entrée de leur domaine.
D ne reste plus guère, comme vestige caractéristique, que la tourelle de l'angle N.-E., les murailles très épaisses du corps de logis, et de vagues traces du fossé de protection Ouest, comblé à la fin du 19° siècle. (104)
La censé de Sart-Mathelet, comme on dit actuellement, « appartenait à l'ancien patrimoine et fondation de Granclpré. » (105)
Les Loges : endroit proche de Sart-iMathelet, dont la tradition orale n'a pas conservé le souvenir. (106)
En 1632, les biens de Sart-Mathelet et Loges consistaient en 5 boii-niers 30 verges ; l'abbaye les a loués à Simon des Loges, le 20 octobre 1632 (107) ; il y avait 21 bonniers de terres labourables et 26 bonniers et demi de mauvais pachis et trieux, qui ne servent qu'au pâturage du bétail. (108)
Le 16 août 1673, « la cour de Monceau, siégeante à Grandpré, entérina la cession, faite par Jean George et son épouse Agnès de Hoyoulx, à Jean Maricq, de la maison, jardinages, ahanières et terre de Sart-Mathelet ». (109)
En 1774, Dom Benoit Stassin résida à Sart-Mathelet ; l'abbaye exploitait elle-même la ferme, qui fut vendue, comme bien national, le 9 messidor au VI à L. Libert, homme de loi à Namur. (110)
Un autre document indique que « les biens de Sart-Mathelet provenant de la ci-devant abbaye de Grandpré — non exploités — et se composant d'un bâtiment d'habitation et clé ferme, écuries, grange, autres places, 4 /4 bonniers de jardin, vergers, prairies, étang, 43 bonniers de terres labourables, sis sur la commune de Trieu d'Avillon-Fays, ont été vendus à Lambert Dejoijc, de Trieu d'Avillon-Fays, canton de Wierde, pour la somme de 40.000 livres, après un huitième feu allumé et éteint, sous la réserve de nommer un command qui est Jean Libert de Liège (département de l'Ourthe). » (111)
Ces propriétés furent revendues vers 1812, à De Légipont, homme de loi, à Liège.
En plus du revenu de la ferme, l'abbaye percevait, pour Trieu d'Avil-lon-Fays, Sart-Mathelet et Les Loges, environ 80 florins de rente sur d'autres biens sis dans cet endroit. (112)
F. — COUR FONCIERE DE SPINOIT (GESVES).
Une excellent étude a été faite, par M. le baron Houtart, sur le domaine foncier de l'abbaye de Grandpré à Gesves. Ce domaine s'appelait le domaine ou la cour foncière domaniale de Spinoit ; il comprenait, en ordre principal, la grange de Borsti et la ferme de Spasse, de la fondation du monastère, et le fief de Francesse, acheté vers 1350.
Arnold de Beaufort avait constitué un fief de 25 sous de cens sur Spasse, qu'il avait donné à tenir de lui au chevalier Thomas de Ham-broux.
L'abbaye de Villers, précédant celle de Grandpré dans la région, tenait de Jacques de Walhay (Ohev), à la limite des deux communes actuelles de Gesves et d'Ohey, un fief de 12 bonniers et de 12 sous liégeois de rente à Borsu.
A cette époque, fin du 12e et début du 13e siècle, l'abbaye de Villers chercha à développer ses entreprises agricoles. Rappelons les donations de Borsu et de Spasse, faites à l'abbé Charles de Villers (1197-1209) par un de ses amis. Suivant leur méthode bien connue les moines de Villers organisèrent à Borsu une grange... défrichèrent la zone boisée... et constituèrent un ensemble de cultures, qui demeure aujourd'hui encore l'un des plus importants du pays. (113)
C'est par dix actes de donations ou de ventes, échelonnés clé 1229 à 1365, que l'abbaye a constitué sa seigneurie de Gesves. (114)
En 1229, l'abbé Guillaume de Villers acheta, au chapitre de Huy, une terre dite « Aulnoit », à la limite Sud des communes de Faulx-les-Tombes et de Gesves ; c'est à cet endroit que devait s'élever l'abbaye de Grandpré : le vendeur exigea, pour la réalisation de cette vente, la constitution d'un lay vesti. (115)
Dès sa fondation, en 1231, l'abbaye de Grandpre continua les activités et les traditions de l'abbaye-mère.
La grange de Borsu fut complètement organisée.
En 1233, une bulle de Grégoire IX mit, sous l'autorité papale, les biens venus aux mains de l'abbaye « ex testamentis decendentium ». (116)
En 1234, Arnold de Beaufort approuva le don fait par son vassal, Thomas de Hambroux de Reppe, des 25 sous liégeois, indiqués plus haut.
Nous avons signalé que. en 1236, Robert de Gesves donna à l'abbaye les alleux qu'il possédait à Florée et dans la campagne entre Gesves et Gramptinne, et qu'en 1238, Jean, doyen de Ciney, céda également à Grandpre, les parts qu'il avait acquises des héritiers d'Aleide, femme de Rolbert de Gesves, et celles que lui-même et son frère Th. de Courrière possédaient dans l'alleu de Flore", et clans la campagne entre Gesves et Gramptinne. (117)
En 1241, le chapitre clé Fosses vendit à Grandpre des cens à Sorée et à Spinoit. (118)
En 1241 et 1283, le monastère de Grandpre acquit d'abord quelques cens, puis toute la seigneurie constituée sur le plateau de Spinoit, en face de l'église de Gesves. (119)
En 1256, Guillaume, héritier féodal de Warnier, abandonna à l'abbaye de Grandpre les droits qu'il avait sur Spasse, ce qui acheva de rendre l'abbé de Grandpre maître et seigneur de la partie orientale de Gesves.
En 1365 et 1369, de nombreux actes émanèrent de la haute cour de l'église Notre-Dame de Grandpre, « qu'on dit de Spinoit sur le Ren-darche », ou encore « de Spinoit ou des convers jugeant à Spasse » : cette juridiction, distincte de la haute cour de Gesves, subsista jusqu'au 18e siècle : elle n'avait pas la haute justice, mais une compétence domaniale.
Après Borsu et Spasse, l'abbaye de Grandpre connut un accroissement notable par l'achat du fief de Francesse, vers 1350. Francessc était une terre franche, dominée pa-r une construction féodale ; elle possédait aussi une franche taverne (brasserie). Endroit fort anciennement occupé ; on y a découvert un cimetière franc.
Le fief fut relevé en 1334, par Carbon d'On ; en l'achetant, le monastère augmenta son domaine d'une centaine de bonniers, qui s'étendaient, pour une part, sur Sorée.
Après la cession du fief à l'abbaye de Grandpré, les tenanciers de ce bien ne furent plus que censitaires ; toutefois, leur condition sociale fut comparable à celle des alleutiers.
En 1442, Jean de Juppleu vendit à l'abbaye la rente de 14 muids qu'il avait sur la terre de Hoyoul à Gesves. Cette même année, possédant une propriété dans le ressort de la cour foncière du Spinoit, il acheta à Grandpré, en vue d'agrandir son bien, la moitié d'une ferme de l'abbaye, puis il la céda par arrentcment ; c'est ce qui s'appelle le « grand charruage de Spasse » ou la censé « délie Tour ».
En 1446, l'année du sac de Dinant, le seigneur de Gesves et son fils firent, avec l'abbaye, relevé et compte des rentes qu'ils se devaient mutuellement : dans un geste généreux, ils remirent aux moines le solde que ceux-ci leur devaient.
Le domaine de Grandpré à Gesves s'était fort étendu; des particuliers cédèrent leurs biens à l'abbaye où celle-ci prélevait des cens et des rentes ; un exemple : Jean le Bidart, échevin de la cour foncière de Spinoy, en 1442, vendit ses propriétés au monastère : puis, en 1446, demeurant à Spasse, « il hypothéqua sa maison et ses biens, sis dans le ressort de la cour de l'abbaye de Grandpré, dite de Spinoit, pour une rente de deux muids d'épeautre ». (120)
Un terrier de 1602 indique que le plus grand propriétaire du terri toire Spasse-Borsu était l'abbé de Grandpré : il tenait l'ancienne grange de Borsu, comptant 112 bonniers, et la plus grosse ferme de Spasse avec 67 bonniers; ces vastes exploitations étaient louées à des fermiers. En 1590, celle de Borsu, à François de Ronvaux, dit de Caverenne, homme de grand lignage, celle de Spasse, à Lambert des Champs de Reppe ; il donne la précision suivante : « Franchois de Houtte tient la censé de Boursu, appartenant à l'abbaye de Grandpreit, peut contenir en pour-prinse, jardins et ahanières 1 journal, en terres labourables, partie en trieu 3 charues, preits en foings 5 charées ». (121)
D'après le relevé des cens en sous et deniers liégeois, perçus par l'abbaye, à raison de 4 deniers par bonnier, il y avait dans le ressort de la cour de Spinoit, 117 bonniers, grevés de tels cens qui en révèlent l'origine.
Sur toutes ces terres de Gesves, le monastère de Grandpré avait droit de chasse et de pêche, conjointement avec le seigneur de l'endroit ; ce droit, comme tant d'autres, fut contesté, maintes fois, au cours des siècles, par l'un ou l'autre des partenaires.
Entre les années 1731-1735, l'abbaye se décida à acheter la seigneurie hautaine, moyenne et basse de Trieu-d'Avillon-Fays; pour cela, le 27 octobre 1735, elle céda au comte de S. Maurice, après beaucoup de tractations, la seigneurie foncière de Spinoit ; à cette date, le domaine de l'abbaye à Gesves consistait en 871 bonniers et 119 verges.
En 1795, H. Jacob de Schaltin, négociant, racheta la censé de Borsu pour 15.079 livres et celle de Spasse pour 10.185 livres. (122)
Après la Révolution Française, la ferme de Gesves fut en mains de M. Degotte, fonctionnaire à Mozet, dès 1812, et celle de Borsu devint la propriété des Demoiselles Demaillen, rentières à Ciney, dès la même année. (123)
Pour terminer ce rapide coup d'œil sur le domaine foncier de l'abbaye de Grandpré, à Gesves, nous ferons un dernier emprunt au travail du baron Houtart, en donnant la liste des « maïeurs de la cour du monastère, dite de Spinoit, jugeant à Spasse et à Francesse » :
Anselme, l'hôte clé Francesse, 1365-1369 ;
Pierre, l'hôte de Francesse, 1430 :
Wautier de Mailleu, 1442-1446 ;
Philippe de Francesse, 1461 ;
Wautier de Maillen, 1442-1446;
Gilson le Maréchal, 1496 ;
Jean Gérard, 1504 ;
Jean de Francesse, 1515-1532;
Jean délie Fasse, 1522 ;
Arnoul Dubois, 1525-1526 ;
Adam de Reppe, 1534-1541 :
Warnier de Vacomont, 1539 ;
Fieralvas de Crupet, 1582 ;
Josse de Thier, 1589-1611 ;
Jacques de Hey, seigneur de Corbion, 1633 ;
Gilles de Loges, 1637-1667 ;
Thomas de Loges, 1693. (124)
G. — FLOREE.
Le domaine foncier de l'abbaye de Grandpré, à Florée, comprenait :
1°) la ferme de Neuve-Cour, de 120 bonniers, 2 journaux, qui lui fut donnée en 1238, par Robert de Gesves, avec 28 bonniers 2 journaux 23 verges de jardin, prairies et pâchis, et un étang de 2 bonniers et demi et 42 verges. (125)
Déjà, en 1213, est cité le nom de Henri, convers de Grandpré, et maître de Neuvecourt. ([26]
Sur les biens de la Neuve-Cour, le monastère devait, dans les taxes du clergé de Liège, 200 muids qui se payent sur le pied de 7 sols de Liège. (127)
2°) une autre ferme, nommée la censé de Florée, de 93 bonniers, achetée en 1241 (?) à Guillaume, chevalier, seigneur de Hemri-court. (128)
Cette ferme, louée sans bail, en dernier lieu, à Jacques Ligot, fut vendue, le 9 ventôse an V, au citoyen Jacob de Schaltin, pour la somme de 88.000 livres : elle lui fut adjugée après plusieurs séances creuses, et seulement « au 7e feu allumé ». (129)
3°) un bois clé 46 bonniers 63 verges. (130)
L'abbaye de Grandpré acquit de Jean de Bornai, « la seigneurie foncière et féodale de Florée, en 1272 ; la seigneurie féodale de Florée jugeait à l'abbaye >• (131). En janvier 1273, Guillaume, Comte de Namur, approuva la dite vente, au profit des moines, et déchargea ceux-ci de l'hommage du fief, des cens, des rentes, etc...
En 1787, par suite des acquits et des dons faits au cours des âges, les biens du monastère de Grandpré à Florée se répartissaient comme suit : censé de Neuve-Cour, 186 bonniers 1 journal ; censé de Florée, 123 bonniers 2 journaux ; bois, 46 bonniers 63 verges. (132)
Lors de l'expropriation et de la vente des biens ecclésiastiques, fin du 18e siècle, la censé de Neuve-Cour a été vendue pour 12.350 livres, à des anciens religieux de Grandpré ; elle passa, en 1812, en mains d'A. Akermans, rentier à Namur, et, en 1825, en celles de De Modavc, rentier à Florée. (133)
La censé de Florée fut achetée pour 5.562 livres, par H. Jacob de Schaltin, et les bois de Neuve-Cour, soit 50 bonniers, échurent, moyennant la somme de 12.678 livres, à L. Roguin et P. De jardin, fonctionnaires à Namur. (134)
4. AUTRES PROPRIETES FONCIERES DE L'ABBAYE DE GRANDPRE.
L'abbaye possédait à :
Goesnes et Hodoumont : 3 journaux à Goesnes et une terre à Hodoumont : la date de leur appartenance au monastère est inconnue ;
Mont-Sainte-Marie : 10 bonniers de terre, constitués en fief, et qui furent relevé par les différents abbés de Grandpré: (135)
Sombreffe : 4 bonniers de terres labourables, 1 à titre d'une saisinne opérée au XVIe siècle, pour défaut de payement d'une rente de 22 muids. Ces terrains furent vendus, comme biens nationaux, à la Révolution Française, pour 2.458 livres, à Delchevalerie, H., cultivateur à SombrefEe ;
Wasseige et Merdorp : 24 bonniers de terres labourables, depuis le 15e siècle.
De plus, l'abbaye était propriétaire, dans différentes juridictions qui l'environnaient, dans le comté de Namur, de 554 bonniers, 1 journal, 16 verges de bois. (135)
REFUGE DE L'ABBAYE A NAMUR.
Comme la plupart des abbayes médiévales, celle de Grandpré avait son Refuge à Namur.
Il était situé rue Notre-Dame ; bâti en briques et en pierres, il était lourd d'aspect, et de proportions peu heureuses; « le premier étage est comme écrasé par un énorme cordon, qui est presque une corniche ; la porte-cochère, au fronton à angles incurvés, comme on en voit de semblables dans la ville de Namur, est un bon modèle qui a le mérite d'être daté (1731) ; cette date est celle de la reconstruction : le rez-de-chaussée a conservé deux plafonds en stuc de Moretti (1781) ; y figure le blason de l'abbé Albert Rochette (1774-1793), blason au chevron accosté en chef de deux étoiles, et en pointe, d'un clocher mouvant clé la pointe de l'écu. (137)
Le Refuge datait de la fondation de l'abbaye; c'est ce que confirma, le 31 juillet 1671, l'abbé François : « Le refuge de la fondation a été donné en franc-allou, dit-il, exempt de toutes charges ; certaines parcelles de terrain ont été cédées à des voisins, au cours des siècles. »
Le 13 août 1742, la veuve Nicolas Mahy, née Marie-Isabelle Chenu, donna aux religieux un terrain, sis derrière leur habitation, jusqu'à la muraille du rempart ad aquam (environ 52 pieds de long et 27 pieds de large), pour construire un mur mitoyen dans sa propriété. (138)
Le Refuge fut vendu, le 13 Nivôse an VI, pour la somme de 1.275 livres, à Hainguerlot, financier à Paris ; l'estimation avait été de 6.200 livres. (139)
II a été détruit, lors d'un bombardement de la ville, en 1940.
Le 15 juillet 1768, le métier des menuisiers de la ville de Namur, représenté par « son prévôt et les maîtres en offices », s'en prit à l'abbé de Grandpré, devant le Conseil Provincial, parce que des portes, chambranles et châssis ont été faits à l'abbaye par un frère profès, et placés par le même au Refuge clé Namur. Les prévôts et maîtres en office du Métier des menuisiers, tourneurs et sculpteurs appuyèrent leur requête, sur le fait que le frère-menuisier du couvent était une « personne étrangère audit métier » ; ils invoquèrent l'article 18 des chartes du métier des menuisiers ; aussi, ont-ils envoyé au Refuge leur valet assermenté ; ils s'y sont rendus eux-mêmes, munis d'une autorisation de visite du lieutenant-maïeur de Namur, afin de confisquer les dits ouvrages ; l'abbé de Grandpré s'est opposé à leur démarche ; le prélat était cependant passible de la confiscation et d'une amende de 6 florins, en vertu de la charte, octroyée par Albert et Isabelle, en mai 1608, à « ceux du métier des escrigniers, cuvelliers, tailleurs d'images et tourneurs de bois » de la ville de Namur. Le jugement, rendu le 29 juillet 1768, condamna les menuisiers aux dépens. (140)
— ETENDUE DE LA PROPRIETE MONASTIQUE EN 1787
Faulx :
Ferme de Jausse les Ferons 57 B. 69 v.
Ferme de Maizeroule 65 B. 1 j. 98 v.
Gesves :
Censé de Spase 79 B. 50 v.
Censé clé Borsu 137 B. 3 j. 37 v.
Jausse et Les Tombes :
1 moulin, 1 stordoir, terres, prairies et jardins 65 B.
Ferme « Trou Regnard » 4 B. 3 j.
Bois 700 B.
Sombreffe :
Terres et prés 4 B.
Courrière :
Ferme de Sart-Mattelet 47 B.
Florée :
Censé de la Neuve-Cour 186 B. 1 j.
Censé de Florée 123 B. 2 j.
Bois 46 B. 63 v.
Wierde :
Censé du Tronquoy 71 B. 2 j. 50 v.
Censé de Wierde 65 B. 3 j. 56 v.
Moulin et dépendances 6 B. 22 v.
Total: 1.555 B. environ. (141)
B. — Gestion financière
1. — Rentes foncières en grains et en argent.
Se rattachent au domaine foncier, les nombreux droits de cens et rentes, en nature et en argent, qui se rattachaient aux hiens de l'abbaye et affermés par elle, ou à des héritages particuliers, situés dans une quantité de localités du Condroz namurois et dans le plat-pays.
Les liasses d'archives de Grandpré sont remplies d'indications relatives à cette sorte de revenus; (142) de celles que nous retiendrons se dégagera un nouvel aspect de la puissance économique de l'abbaye. A l'intention des généalogistes et des toponymistes, nous relèverons les noms de certains débiteurs de rentes et de lieux-dits.
Anibresin :
L'abbaye percevait, sur 50 verges grandes de terre, 2 muids d'épeautre, payés en 1599-1692, par Jean Briart, puis Mlle Godinne ; puis, Briart, Mignon, avocat à Liège (1702 à 1727). et Gilles Motart jusque 1791.
Andoy :
Pierre Robinet, maïeur, devait livrer, au nom de la dame de Wespin, 1 muid d'épeautre, sur la tour d'Andoy (1708-1717) ; puis le chapitre de S. Aubain à Namur, et Thiry de Robianoy jusque 1792, pour Madame de Guillenghien et Michel de Raymond.
Assesse :
Toussaint Fissette payait, sur sa maison, 8 florins, 1 sol, 2 liards, en 1794.
Béez :
Les représentants de M. de Ronct étaient taxés à 4 muids et 2 setiers d'épeautre.
Bergilers :
Mlle Wanet jusque 1699, puis, plus tard, M. Germeau, prêtre (1773). Le sieur Hombrouch, représentant Mlle Clérin, livrait, chaque année, à Namur, 6 muids d'épeautre, sur plusieurs contrepans (1790).
Boneffe :
La famille Cuvelier tenait en arrentement les terres de Boneffe, imposées à 12 muids d'épeautre.
Bouge :
En 1716, Martin Detry, puis les héritiers de Bertrand d'Ohey étaient obligés à 4 setiers d'épeautre, soldés en 1763 par François Paquet; en 1793, par Nicolas Higuet.
Brochart :
Anne Dcrhet (1789), débitrice de rentes.
Brionsart (Gesves) :
Jean Dubois, Mathieu Dubois, Jean Dubois (1779-1784); Gilles Michaux (1783); Ambroise, Jean-Baptiste et Marie-Agnès Barsy (1790-1795): Pierre-Jos. Dessy (1784); Pierre du Coin du Mur, Jean Hoyoulx, François Matot.
Champs de Reppe :
François Hambroux (1792).
Courtière :
M. Zoude, seigneur de Courrière, devait, sur 36 bonniers de terre, 7 muids d'avoine, et 9 florins 7 \A sols.
Dave:
Vve Jean Absil, jusque 1703 ; Waldor Nicolas, charpentier à Namur; Pierre Delculée (1739-1791).
Faulx :
Tous les manants de Faulx soldaient, chaque année, à la Saint-Laurent, une rente de 5 livres de cire ou 5 florins, affectée sur une partie de la Ramesée ;
Jean-Martin Gaine, 10 chapons 6 sols 10 deniers parisis de rente foncière sur ses biens de Faulx ;
Philippe Bouchât et consors, 3 florins sur hypothèque d'un bien à Faulx ;
Marie-Catherine Dupaix : 3 sols de même nature ;
Les enfants de Jean-François Simon, 18 florins ;
M. de Jaminet et Jean-Georges D^mptinne, 4 florins, 4 l/i sols, 2 chapons, 2 deniers et 1 heaume, sur hypothèques, aussi à Faulx ; les enfants de ce dernier : 6 florins, 17 */2 sols, S deniers et 2 chapons sur leur maison ;
Philippe Demptinne, sur sa maison, une rente de 9 florins ;
Jean-François Dachet, une rente de 2 florins 5 sols :
Philippe Bouchât et consors : une rente de 6 florins, 1 pouille, 1 chapon, sur leur maison :
François Jacquet et consors : une rente de 5 florins, 9 sols et 2 liards, sur leur maison : ces renseignements sont donnés par la rescription de 1787, qui reprend, in gloho, et à peu de choses près, les droits de Grand-pré à Faulx aux siècles antérieurs.
Lieux-dits de Faulx cités : Croquet, La Gohstte, Pré Chaveau, Ram-sée (1794).
A Monceau (Faulx), le 9 juillet 1462, Thirion de Monchéal, et Hubi-non, fils de feu Henrard de Monchéal, payaient 24 muids de grains.
Florée :
Philippe Joyeux, Lamhert Foulon devaient, sur les biens dits « Malgras », 1 muid d'épeautre et 6 setiers d'avoine ; la famille Laijs, Jean Lambert et Gérard ; la veuve Lefèvre, 12 setiers d'épeautre et 6 % setiers d'avoine, sur des terres.
Francesse (Gesves) :
M. Malisoux et Charles Durieux, sur leurs biens, 16 sols et 6 setiers d'épeautre (1793), puis Guillaume Borsu (1794).
Froidebise :
Les représentants de Jean et Philippe de Lionct : Toussaint Hédon, Thomas Libion, Florent et François Halloy, chaque année, 3 muids d'épeautre, qui sont payés jusqu'en 1792.
Gesves :
« Pré St. Pierre
(1792) ; <« Pré Damide » (1792).
Gives (Andenne) :
Le Sr Raymond, 3 muids d'épeautre, affectés sur 5 l/i bonniers de terre ; rente payée jusqu'en 1794 ; auparavant. Demoulin, Nicolas Bodart (1759) ; il s'agit de l'héritage Servais-Goffart.
Goesnes (Jallet) :
Antoine Boisée, 6 carolus de rente, sur ses biens (1680) ; Nicolas-Charles Anciaux, pour 2 petites terres de Grandpré, 1765.
Guingondie :
Les héritiers d'Antoine Favier, puis le Sr Degive, médecin des Tombes, et Thomas Lionel, sur leurs terrains, 1 veau gras de 3 florins ; puis, François Hombeau (1771) et le Sr de Walhay (1786).
Haillot :
Pour ce qui relevait en cet endroit de la cour de Spinoit, Grandgaignage, Liévin Duchateau, Louis Sartiaux, étaient taxés à 6 setiers d'épeautre, pour une terre dite « al' cabosse » ; Madame de Jamblinne, M. de Noville, sur la censé de Stocquem, 2 muids d'épeautre ; Guillaume Saban, Jean Gobar, Jos.-Charles Libois, 7 muids d'épeautre ; toutes ces rentes furent acquittées jusqu'en 1792: puis, Lambert Matagne ; en 1756, Nicolas Formon.
Ivu (Groyne-Andenne) :
Le baron de Grosbeek, puis Pierre de Groyne et Jean Bertrand, Nicolas Fossion, Jean-François Thonet, Arnold Le Camus, la veuve Jacques Henrotte, devaient, sur la ferme, 20 setiers d'épeautre et 20 setiers d'avoine.
Jallet :
Michotte, François Cigan (1794).
Jambes :
à « Velaine », rente de 19 setiers de houblon, qui font 4 florins 15 sous en fruits et légumes, payés en 1763, par Marie Danhaive.
Jausse-les-Ferons :
Léonard Anceaux, M. Haccourt (1764), 15'4 setiers d'épeautre sur le bien de Picot le Mineur.
Sont cités: 1780, Joseph Cocos; 1786, Mathot-Pirson ; 1794, Barthélémy Sacré, Nicolas Cornélis, Gaspard Sciot, Nicolas Gérard, qui devaient un total de 15 muids d'épeautre sur différents biens particuliers sis à Jausse.
Labas (Strud) :
Léonard et Nicolas Jenicot, 1790.
Lesves :
Martin Grosfils, Louis Frésoul (1714) ; Madame de Chanclos (1732) : Lambert Bossiroy, Laurent Pochet et Grégoire Bovesse (1734), rente de 12 setiers (procès en 1608).
Lez-Fontaine par Emptinne (route de Luxembourg) : Brisfer, veuve Pierre Lonnoy, 1790.
Maibe :
Le seigneur de Ry était taxé à 3 muids d'épeantre, à conduire à la censé de Neuve-Cour, et à 3 muids, à livrer sur les greniers de l'abbaye.
Maillen :
M. de Corioul, François Dave, M. Zoude, M. Janmart, 1 muid d'épeautre sur la censé de Maillen.
Maizeret :
M. Lemede, le seigneur de la Fontaine, M. Baré d'Ochemée étaient
es à 14 seticrs d'épeautre pour la terre de « Piedcchaux », le pâchis •Mni'm ».
Maizeroule :
Joseph Cramion, puis Gaspard Monjoie (1793).
Cramion était tenancier du moulin Cramion, au confluent de la et du Samson.
Merdop :
En 1613, un procès eut lieu entre Godfroid de Villenfagne, seigneur de Vîllers, et l'abbé de Grandpré; l'arrêt prononcé maintint les 7 muids d'épeautre à Grandpré, tandis que le seigneur de Villers avait 7 muids «d'épeautre, affectés sur la ferme de Wierde, en contrepans dus par Fabbaye de Salzinnes, etc... : en 1731, la famille Chaltln, et, en 1762, le Sr Defay louèrent les terres de Mierdop et de Wasseige, pour 20 muids île froment par an; M. de Reukem, puis Arnould Jamar, Jacques Demp-rinne, devaient 7 muids d'épeautre.
Mont-Sainte-Marie :
Sur les prairies de la cure
Mozet :
Jean et Adrien Douflamme, Philippe Démarche, Noël, Moreau, payaient 3 muids d'avoine sur la censé Douflamme.
Namur — Jambes, certaines rentes étaient affectées sur contre-pans et devaient être payées « à notre hostel audit Namur » ; à Jambes, Jacques Baré, sur sa maison « à l'enseigne du Cornet », à la Saint-Jean, 48 soûls, et les héritiers de Jacques Dubois, sur une maison et jardin, le long de la Meuse, vers Velaine, à la Noël, 48 soûls, en 1678; Thiry Danhaive, possesseur de ces biens, paya de 1695 à 1716.
A Namur, !a veuve Mathy Tanier, à la saint Jean, sur sa maison, rue du Moulin de Sombre, 6 florins (1679); cette maison fut détruite au premier siège de Namur : à ce moment, elle appartenait à M. Wespin qui, du fait de la guerre, devait la rente des années 1689, 1690, 1692 ; Barbe Wéry, sur sa maison faisant le coin du marché aux foins à Namur, à la S. André, 20 soûls; il s'agit sans doute de la veuve Rabozée, citée en 1717; la veuve Albert Cagnoul, aussi à la S. André, 20 soûls, sur sa maison, joignant celle de Barbe Wéry ; la maison devant le refuge de Grandpré à Namur, sur laquelle étaient dus, à la S. Jean, 28 florins ; le remboursement de cette rente fut fait par Antoine Thomas, chanoine de Notre-Dame, croisier, pour la somme de 448 florins.
Naninne :
Au lieu-dit « Malpaire », Gilles Lelièvre, M. Cassani, 1710 à 1763, 42 patars de rente.
Ohey :
Monsieur de Seraing, Monsieur de Maillen, sgr d'Ohey, devaient
livrer à Grandpré, 5 muids d'épeautre, sur leurs terres; les Jésuites de Liège, 10 muids et 2 setiers d'épeautre, sur leur ferme d'Ohey ; rente payée, en dernier lieu par Nicolas Balthazar; auparavant, par Madame Lapierre ; Vve Piffct, Vve Wéra, 1790.
Saint-Servajs :
André Anciaux, substitut au procureur général du Conseil provincial de Namur, donna à l'abbaye, une rente d'un muid d'épeautre, sur un immeuble à Saint-Servais, en 1663. Noust, en 1736, puis le chanoine de Zualart jusqu'à 1774: Mlle Noust, jusque 1785: M. Lelièvre (1786) et M. François Zoudc (1788-1792).
Salzinnes :
Rente de 15 florins, sur la fontaine de Salzinnes, et une autre, au même endroit, « desseur les fontaines », sur une vigne, payée par les héritiers de Jean Sion, puis le prélat de Malonnc en 1676, etc...
Sart-Bernard :
Tous les manants devaient, chaque année, après la S. Remy, 2 setiers d'avoine ; les veuves, 1 setier et deux deniers noirs ; cette rente fut payée, d'après les archives, depuis 1477.
Sart-Mathelet :
Jean et Lambert Marcin, enfants de Lambert Marcin, 9 florins par
2 /4 bonniers, et 38 verges d'héritage ; puis, Nicolas Marcin et Etienne Marcin.
Sombreffe :
Le maïeur, qui tenait une terre de 4 bonniers, assignée pour un contrepan de 18 muids d'épeautre, devait, par an, 12 florins ; il n'a payé que 6 florins, pour les années 1682, 1683 et 1684, à cause de la guerre.
Sorée :
Madame de Sorée, M. Dery, sur la censé, le daigne (fléau-tarrare pour battre le grain), puis M. de Maillen, soit 3 muids d'épeautre, 1764-1795.
Spasse (Gesves) :
Censé du seigneur de Gesves : Martin Deborsu, puis M. Debarsy.
3 muids d'épeautre et 5 setiers d'avoine; Biens d'Antoine Warnant : Materne Dive, Pierre Warnant, Pierre-Joseph Descy, 11 muids d'épeautre.
Charnage de Frumont : Vve Barthélémy Servais, Gilles de Houte. Olivier Verlaine, 3 muids 3 setiers d'épeautre ; et pour 4 bonniers 3 journaux et 5 verges de terre, 2 muids 3 setiers d'épeautre.
Cités aussi : Guillaume Flamand, Wathier Demarcin.
Strud :
M. Jaminet, Pierre Tonglet, Jean-Joseph Bourgogne, la veuve Nicolas Bouteille, payaient, par quart, 12 setiers d'épeautre et 16 sols, sur leurs biens du « petit Renard ».
Pour les héritages de Jean-Pierre et François Hubert, sont cités, entre autres, Joseph Thirionnet, la veuve Bernard Watelet, Jean-Martin Wïlmotte, qui soldaient ensemble 4 setiers d'épeautre (1768).
Sept setiers d'épeautre étaient dus par Pierre Dutilleux, Jean-Pierre et Martin Bodart, Jean-Joseph Dereppe, la veuve Hubert Delporte, sur leurs biens communs de Jausse.
M. de Gaiffier de Tamison livrait 16 muids d'épeautre sur les héritages de Pirson le Sauvereux (autrefois, Ansillon Malder).
Sont cités encore : Jean Tonglet, Thomas Défense, François Dumont, Vve Pierre Godfurnon (1781-1790), Charles Hanosin.
Donation, à Grandpré, d'un mnid dépeautre de rente à Strud, par Etienne le Gheghe, barbier à Jaussc-les-Ferons, pour la célébration de 4 anniversaires (29 novembre 1572).
Lieux-dits : « Pré Boreu » (1793), « Format » (1787).
Temploux :
Madame Comte de Balastre (Balâtre), représentant la veuve Louis Fumai, livrait sur les greniers de l'abbaye à Namur, 2 muids 4 setiers d'épeautre, pour sa ferme de Temploux, et les représentants de Nicolas Guillaume, puis N. Dury, Gilles Bouhon, M. Montpellier d'Annevoie, devaient 9 muids, 4 setiers d'épeautre, pour leur censé derrière l'église (1680) ; à Boquet, d'autres héritages (Baduel, Madame d'Hinglin, Madame Franquenne) étaient taxés à 6 muids d'épeautre, en 1689, 1701, etc...
Thon :
Le seigneur de Thon, sur ses biens, 6 setiers d'avoine ; Thiry Bernard, Marie Hamoir, Jeanne Tonglet, Guillaume Dachelet, 1 muid d'épeautre ; Philippe Legrand ; auparavant, maréchal de Lévignan (1786).
Tombes (Faulx) :
Les enfants de Joseph Flahaux et Ignace Rasquin, sur leurs biens, 9 florins, 7 y* sols de rente ; les représentants de François Dive : une rente de 21 florins, 1 liard, pour quatre anniversaires ; Jean-Martin Gaine : une rente sur hypothèque de 6 florins 4 y% sols ; une autre de 7 florins 10 sols; une troisième de 2 florins 10 sols; une quatrième de 14 sols, 2 chapons et 2 deniers parisis ;
Joseph Jauquet : 8 florins 8 sols de rente sur son bien des Tombes ;
Charles Nigot : 16 sols de rente :
La Vve Rémi Lamy : une rente de 8 florins 15 sols sur deux prairies aux Tombes, et une rente de 3 florins et 1 chapon.
Lieux-dits : « Pré à la Mostade » (1794), « Francs alloux » (1794).
Trieu d'Avillon-Fays :
Chaque chef de famille payait 1 setier d'avoine, par an, pour rachat du droit de mortemain, et 11 liards pour l'habitation ;
Pierre Demarcin, Vve Pierre Dubois, 6 setiers d'épeautre et 20 sols
sur le « pré Nausse ».
Cités encore : Henri Dozot, Marie Delfosse, Lambert Duchênc, Charles Warnon, Antoine Lambert, Maximilien Marcin, François Demarcin, dit l'Ermite, Philippe Firabras (1793).
Lieux-dits : « Terres du Franoy », « Baty des Fauches ».
Waret-la-Chaussée :
En 1698, les héritiers Colin Dieudonné, Quentin Sohicr, Antoine Rase livraient sur les greniers de l'abbaye, à Namur, 12 setiers d'épeau-tre; en 1607, Noël le Rousseau était taxe à 12 setiers d'épeautre de rente, sur son jardin; Jean Du Ravet, Dieudonné Colin, François Michel, beau-fils de Rase (1742-1771) : 12 setiers d'épeautre.
Wavremont (Assesse) :
Le marquis de Deynze devait, sur sa ferme, 1 muid d'épeautre ; cette rente fut acquittée, jusqu'en 1795, par M. Anciaux d'Assesse.
Wasseige :
Melchior Decoux, qui tenait ILS terres du couvent, livrait au Refuge de Namur, chaque année, 9 muids de froment.
Wez (Wierde) :
Le mambotir du Grand Hôpital de Namur devait, sur la ferme, maison, bois et prés de Wez, 30 muids et 1 setier d'épeautre : livrés jusqu'en 1792: Mambours : 1717, M. Gendebien ; 1721, M. Paradis; 1722, M. Balatc ; 1733, M. Logé ; 1733 à 1738, M. Hocmans Ordmans.
Dès 1739, supplément de 10 mesures d'épeautre « à comble » ; pour le passage des derles, sur les terres de Wez.
Wierde :
Baron de Maillen, puis Baron de Waha, sur sa ferme (1791) ; Gabriel Férard (1788-1792) ; Pontianne Blondeau, Jean-François Beaufays, Léonard le Mouchon, Martin, Jean François et Guillaume Lonnoy. Henri lé-Brasseur (1778) ; Biens Huart, taxés à 3 muids et 6 setiers d'épeautre ; Joseph Brumagne. Radu Michel, Michel Chavaux.
Le bien de Philippe du Bois Gilot, maintenant à Jean-Nicolas Férard, fut taxé d'une rente au profit de l'abbaye de Grandpré : ce bien se situait à Montigny.
Lieux-dits : « Aux Miners », << Fadée », « Rois de Fagne », « Bois de Pierre », « Montigny ».
2. — Revenus de nature ecclésiastique.
I. PATRONAGE :
Le monastère avait le droit de patronage ou collation de la cure de Mont-Sainte-Marie ; les abbés prétendaient que ce droit leur venait du comte de Namur, dès la fondation de l'abbaye en 1231 ; ce droit est appelé dans les documents « jus patronatus laïci » ; il valait à l'abbaye,en 1742, une rente de 14 setiers d'épeautre et 1 muid d'avoine ; en 1753, 1 muid d'épeautre et 1 muid d'avoine ; cette charge incombait au curé de Mont-Sainte-Marie, en sa qualité clé principal décimateur. (1)
L'abbaye de Grandpré acheta au chapitre de Ciney le droit de patronage de l'église de Florée. (2)
Jusqu'au 27 juillet 1436, elle intervint aussi, à raison d'un tiers, dans la présentation de l'église de Wez; les deux autres tiers appartenaient au couvent de Géronsart, et au seigneur de l'endroit. A cette date, l'église de Wcz fut incorporée à celle de Wierde, à cause clu peu de revenus. (3)
Elle avait aussi le droit de patronage de la cure d'Ivoi (Maillen).
En 1385, Jean d'Emmerée, prieur d'Oignits, fit savoir que l'abbé de Grandpré, Gilles de Ville et Libert clé Hun, chevalier, parron de la cure d'Ivoi, avaient conféré cette cure, vacante depuis la mort de Jean le Paye, à Persant, moine d'Oignies. (4)
Le droit de dîme et clé collation dt que relevèrent les abbés de Grandpré.
II. — DIMES :
la cure à Ivoi étaient un fief
L'abbaye avait des droits de dîme :
à Arville (Mont-Ste-Marie); en vertu d'un accord intervenu en 1233, entre les religieux de Grandpré et ceux de Géronsart, les premiers levaient la dîme d'Arville, etc... moyennant le payement annuel de 10 muids d'épeautre et 10 muids d'avoine aux seconds. (5)
à Eve, une petite partie lui venant du chapitre de Notre-Dame, à Huy, en 1527, comme à Libois, et qui valait, Sorée et Eve réunis, 16 florins. (6)
à Filée, une dîme de 3 muids et demi d'épeautre faisant 18 florins 4 sols, que devait payer le chapitre de Huy. (7)
à Florée, où elle percevait la grosse dîme, en même temps que les droits afférents au patronat de l'église de l'endroit: une partie de la petite dîme, achetée au chapitre de Ciney et qui valait, en 1787, 16 muids d'épeautre, 8 muids d'avoine, 15 setiers d'épeautre, 15 sols tournois et 2 chapons, et une autre partie de la dîme donnée en 1241 par le chevalier de Guinne, remise en 1787 à Jacques Ligot, et valant par an 112 florins; de cette somme, l'abbaye payait au curé de Florée, pour le pain d'autel et le vin, une pistole, soit 10 florins 10 sols. (8)
à Gesves : en 1332, un conflit éclata entre l'abbaye de Grandpré et le chapitre de Saint-Pierre à Liège, au sujet de la dîme des novales des curtes de Borsu et Neuvecoiir, propriétés de l'abbaye « cum per mantis laicorum excoluntur ». (9)
à Hemptiinne (Eghezée). en 1307, le mardi après la Trinité, Sœur Helwide, abbesse de Géviria, de l'ordre des Cisterciennes, reconnut qu'elle devait aux religieux de Grandpré la 35e part ou la 6e, de la dîme d'Hemp-tinne, soit 7 rnuids de bonne épeautre, à fournir à la grange du couvent, à Jettefols, à la St André, au moyen de nos chariots; « nostris vehiculis, etc. » et cela, en acccnse héréditaire, « ad firmam seu accensam heredi-tariam ». En 1717, les dames d'Aywières payaient, par leur fermier De-coux, puis Maximilien Philippart d'Hemptinne et sa fille, de 1735 à 1789. (10)
à Hossogne, 2 florins 16 sols de dîmes, remis au curé. (11)
à Ivoi et Arche, le tiers de la dîme, par suite de la donation du chevalier de Guinne en 1241, et qui valait par an 224 florins. Sur ce revenu, les religieux devaient payer au curé d'Ivoi 50 florins pour supplément de compétence (subsistance): 14 florins au marguillicr; 7 florins pour le pain d'autel, le vin et le premier feu; 40 florins 2 sols pour l'entretien de l'églis et de la cure, soit en tout 101 florins 2 sols (12). Les années bissextiles, ils devaient en outre solder 6 deniers pour droits cathédratiques, et les années non-bissextiles, 16 sols pour droit d'ob-sone (13). L'abbaye de Grandpré affermait sa dîme d'Ivoi: le 27 août 1564, elle la loua à Guy de Roscy, seigneur de Ronchinne, grand bailli de la Hesbaye; le 19 février 1710, elle en transporta le tiers, pour 9 ans, moyennant le payement de 55 écus, par an, payables à la Toussaint, à M. Bovez. (14)
à Juppleu (dîme de Champagne), la valeur de la dîme était évaluée à 11 muids d'épeautre, sur lesquels le chapitre de Saint Pierre à Liège recevait 6 muids, et Gesves cinq ; (15)
à Libois, en 1527, par accommodement avec le chapitre de la collé-V-ifi-c-Damc à Huy. le tiers de la grosse et menue dîme, de Libois échut à l'abbaye, qui l'afferma, pour une rente annuelle de 18 muids d'épeautre par an, soit 94 florins 6 sols ; le mandé de Saint-Paul à Liège intervint dans la perception de cette dîme (16) par Guilmot, maréchal à Ossogne (1780-1784).
à Longchamps, l'abbé de Malonne devait livrer, sur les greniers de l'abbaye de Grandpré à Namur : 3 muids d'épeautre, pour la moitié de la dîme de Semerée ; puis Le caille (1682), baron de Longchamps (1705), Joseph Hottelet et Nieuwenhuisen (1710) ; pour l'autre moitié de la dîme, Madame (l'abbcsse) de Salzinnes était redevable à l'abbaye de 3 muids d'épeautre, puis la famille de Lathuy (1686-1717) ; Jacques Brumagne (1741), M. Procès (1784) ; César de Longchamps (1789) : (17)
à Mont-Sainte-Marie, pour la dîme du droit de patronage et les francs alloux, 14 setiers d'épeautre, 1 muid d'avoine étaient dus par le curé de Mont (1773) ; (18)
à Mozet, quelques menues dîmes, dues par des particuliers : (19)
à Saint-Fontaine, le décimateur qui était l'abbaye, devait 3 muids d'épeautre au curé Joseph Montulet ; (20)
à Sorée, une petite partie de dîme, appelée dîme de la Bouchaille, et au hameau ; (21)
aux Tombes et Trieux, paroisse de Wierde, l'abbaye percevait la grosse et menue dîme, ensuite d'un accord de location perpétuelle entre l'abbé de Géronsart et l'abbé de Grandpré en 1553, et de la remise de quelques petites portions par des particuliers, ce qui faisait, par an, 260 florins, desquels Grandpré remettait à Géronsart, en vertu de l'accord précité, 109 florins 4 sols (21 muids d'épeautre), 54 florins (10 muids d'avoine) et 2 florins 2 sols en argent, soit un revenu net pour l'abbaye de Grandpré de 94 florins 14 sols. (22)
Le total des revenus de l'abbaye de Grandpré : domaine foncier, rentes en argent et en grain, patronages et dîmes, s'élevait en 1787, à la somme de 17.737 florins, 15 sols, 11 '/£ deniers. (23)
C. — Obligations de l'abbaye
1. — Charges publiques.
A. DROITS DU COMTE DE NAMUR.
En 1265, le comte de Namur percevait la taille (1) à :
Gelbressée, pour deux « courts » que l'abbaye de Grandpré y possédait et qui valaient, par an, 30 chapons à la Noël, et sur environ 5 bonniers de terre, qui faisaient, par an, 9 d. liégeois et 1 demi louv., à la S. Jean, 6 d. liégeois à la S. Remy, et 7 d. liégeois à la Noël. (2)
à Cognelée, sur deux pièces de terres « ki sont les Sars les Cou-viers de Grandprei, etc... 2 bon. ki sont en ries (en friche) ». (3)
En 1289 :
à Golzinnes (sans doute pour les biens de Sombreffe) sur 4 bonniers;
à Temploux, le monastère devait, à la Noël, « le cens du douaire » qui s'élevait, pour 3 mesures, à 2 d. et 1 partit; (4)
à Jettefolz, sur 9 /2 bonniers, à raison de 4 d. liégeois par an, à payer en 3 termes; (5)
à Mozet, « cil (ceux) de Grandpreit, por leurs tenanches (tenures), 30 d. ligois et 1 torn. à le Saint Jehan; (6) le cens de rivaige (7) dont le comte a le quart, et Godfroid de Mozet les 3 autres quarts; pour le cens, l'abbaye doit à la S. Jean, sur le pré Olivier, 4 d. et sur d'autres propriétés. (8)
à Ster, sur les masures de Ster, le couvent était taxé pour 5 chapons; (9)
à Namur, pour la ruelle derrière la maison de Rosial le Machelier (le boucher), 1 d. à Pâques; (10)
à Monchias deleis Grantpreit (Monceau), la taille du Comte valait par an 20 s.; le comte avait droit de mortemain et de formorture, etc. (11) Ces charges, à Monceau, intéressaient tout le territoire, pas seulement l'abbaye.
En 1294:
à Monchaux delès Grandpré (Monceau), elle valait par an 22 s. t.
à Vizin et Jache (Jausse) : 33 s. t. (12)
Ces charges devaient être partagées entre l'abbaye et les manants.
Relevons les noms de certains personnages de l'endroit, cités parmi les membres de la prisie (estimation et levée d'impôts) de la mairie d'Entre-Meuse et Arche, à savoir : Dom Henri Fillefort, prieur de Grandpré; Dom Alart, moine de Grandpré, frère Clavien de Grandpré; Godfroid de Monceau de Faulx, Simon de Vizin, Pirar Tonin de Visin et Jehan Boussée de Maizeroule. (13)
B. — AIDES ET SUBSIDES.
Les charges publiques les plus onéreuses furent les contributions imposées par les Princes et les Etats ou, en temps de guerre, par les armées belligérantes; on les appelait aides ou subsides. (14)
Pour le XVe siècle :
En 1444, parmi les gens d'église qui devaient intervenir dans l'aide de 5.000 ridders, (15) l'abbaye de Grandpré fut taxée pour 60 ridders; la remise de cet impôt fut faite en faveur du monastère, le 18 septembre de la même année, parce que l'abbé avait contribué à établir l'assiette de cette aide; (16)
en 1449, à propos de la requête et du contrôle de la perception clé l'aide de 5.000 ridders, accordée par les Etats de Namur, il fut spécifié que l'abbaye de Grandpré avait bien été taxée à 60 rid.; (17)
en 1474-1475, l'abbaye clé Grandpré fut tenue de fournir IlIIc muids, qui font 33 liv. 6 s. 8 d. pour l'aide donnée par les Etats de Namur au duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. (18)
Dans les endroits où le monastère avait des propriétés, on trouve les noms de certaines personnes taxées : en 1449, à Jausse, Ypolite le mareschal : 1 m. d'avoine; Petit Jehan le mareschal, 3 rid.; Tirion le marteleur, 1 demi-rid.;
à Maizeroule, Hubinon de Maizeroule, 1 rid. (19) à Wierde, Piérart, bouvier de Grandpré, 1 rid. au Tronquoy, le meunier, 1 cl. (20) à Ster, Philippotte, bouvier de Ster, 1 rid. (21)
Pour le XVIe siècle :
en 1508, un extrait du compte du receveur des aides du comté de Namur pour les années 1504 à 1507, mentionne qu'on a payé à Jean Dubois, « messager à pied », la somme de 2 s. pour avoir porté, suivant ordre du dit receveur, Aubcrt le Veau, de messires Godfroid d'Eve et Charles de Ligny, chevaliers, lieutenants du gouvernement et du château de Namur, une convocation aux abbés de Grandpré, de Boneffe et de Florefie, les priant de se rendre à Namur, au jour fixé, pour s'entendre déclarer les charges imposées par le Roi. (22)
en 1533, on fit le dénombrement des revenus des abbayes, collégiales, cures et bénéfices, qui avaient des propriétés dans le comté de Namur, afin de déterminer leur part d'impôts.
« L'abbaye de Grandpré tient par an, en Brabant et Namur, sans les biens du pays de Liège, les revenus cy apprès déclarés :
Premiers, en cens et rentes non muables ,en argent, 337 1. 19 s.
Item en bois, y comprins leur chauffaige, 50 1.
Item leurs viviers peulient monter à 9 1.
Item leurs prez pour leur usaige, 3
Item ils ont en rentes, censés, dismes, molins et autres parties en blé, 316 m. 3 st. espeaultre, valent 493 1. 2 s.
Item, 109 l/2 m. avene, valent 75 1. 14 s.
Item 8 */2 rn. moitables, qui est moitié espeaultre, moitié avene, valent 6 1. 6 s.
Et ont à cause de la censé de Jettefort, par appointement fait avec l'abbé de Boneffe, par an, 150 1.
Somme : 1.152 1. 1 s.
Mises. Premières en cens et rentes héritables, 34 1. 11 s.
Item en tailles, 26 1.
Item en rentes ou conté de Namur, et autres comme églises, cures, etc. 132 m. 2 st. espeaultre, valent 106 1. et 10 m. avene, valent 6 1.
Somme : 1721. 11 s.
Ainsi vient bon : 979 1. 10 s. qu'est la moitié 489 1. 5 s. » (23)
Le 10 mars 1537, les Etats du pays de Namur, assemblés en l'église des Frères Mineurs à Namur, nommèrent leurs députés, pour l'assemblée des Etats généraux du 23 mars suivant, et leur donnèrent leurs instructions au sujet d'une aide éventuelle de 8.000 livres à accorder à l'Empereur; furent désignés, pour les abbayes de Grandpré et de Bo-ncffe, Jacques de Glimcs, bailli de Wasseige, et Philippe de Senzeilles, chevalier. (24)
En 1545 et 1546, fut établi le compte des aides dues par les prélats de l'état ecclésiastique du comté de Namur; l'abbaye de Grandpré fut taxée à 15 1. 18 s. 3 d.; le bilan de ce compte (recettes et dépenses) a été fait, passé, cloz et signé; présents Messeigneurs de Grandpré, Moulin, Floreffe, Boneffe, etc... (25)
Le 22 mai 1551, les prélats, abbés... du comté de Namur, réunis par ordre de l'Empereur, votèrent un subside de 150 florins par mois, pour l'entretien des délégués des Pays-Bas, au Concile de Trente. (26)
En juillet 1552, l'abbé de Grandpré prêta à l'Empereur 200 1. (27)
Le 7 août 1572, Philippe, roi d'Espagne, reconnut que diverses abbayes du comté de Namur lui avaient avancé une somme de 2.600 livres, « pour aider à fournir aux grands frais des gens de guerre à cheval et à pied, pour empêcher les invasions des rebelles, bannis et fugitifs à cause des troubles >•>; le Roi s'engagea à rembourser ce prêt sur la première aide qu'il ferait percevoir dans le pays, et déclara que, s'il en était besoin, il ferait approuver cet accord par le Pape; il autorisa ensuite les religieux à constituer des rentes sur leurs biens, pour la valeur du prêt; l'abbé de Grandpré avait prêté 300 1. (28)
C. — DOMMAGES DE GUERRE.
La réparation des désastres causés par les guerres fut une lourde charge pour l'abbaye de Grandpré. Souvent, lorsque les monastères n'étaient pas détruits complètement, ils étaient pillés ou convertis en casernes ou en hôpitaux.
Après la guerre entre Liégeois et Bourguignons, la trêve de 1430 et le traité de Marines du 15 décembre 1431, les Liégeois durent payer une somme de 60.000 florins du Rhin: le premier versement eut lieu le 9 mai 1433: une telle somme était évidemment insuffisante pour réparer tous les dommages de guerre: la restauration du pays avait déjà commencé en 1431: les indemnités furent versées en 1432, et l'abbaye de Grandpré, qui avait estimé ses dégâts à 12.000 clinquars, n'obtint que 1.200 florins. (29)
Au XVIIIe siècle, les Hollandais, comme nous l'avons dit d'autre part, avaient dévasté et incendié la plupart des bâtiments du couvent.
Il est intéressant de rappeler, avec M. Leconte, conservateur en chef du Musée Royal de l'Armée, s'inspirant du carnet de campagne du capitaine Maximilien de Biseau de Hauteville, commandant des volontaires de Binche, qu'aussitôt après la Révolution Française de 1789, les Flamands, les Liégeois et les Hennuyers se soulevèrent et se réunirent sous l'étendard aux couleurs noir, jaune et rouge, pour secouer le joug étranger trop longtemps supporté; les Autrichiens s'étaient rendus odieux vis-à-vis de la population belge, qui organisa ce que l'histoire nomme la Révolution Brabançonne: les aspirations des insurgés étaient de conquérir le Luxembourg, dernier repaire des Autrichiens; le 1er janvier 1790, le colonel Van der Mersch avait reçu des renforts afin de conserver le territoire compris entre Natoye, Fontaine, Assesse, Naninne et Vivier l'Agneau (Courrière).
C'est à cette occasion que la vallée du Samson, Goyet, Mozet, Jausse, les Tombes, Faulx, Gesves et le plateau de Sart-Mathelet et Vivier-l'Agneau furent occupés par les troupes patriotes. De ces endroits, partirent les expéditions et coups de main contre l'étranger; Mozet fut le siège d'un poste de commandement: le 28 janvier 1790, de Biseau dîna avec sa compagnie à l'abbaye de Grandpré; le 6 juin suivant, 200 volontaires et 150 chasseurs, venus de Mons, s'installèrent à Mozet, à Goyet et au château de Jausse; le 18 septembre, les contingents réunis à Andenne et Ohey marchèrent sur Gesves, dans l'intention de s'étendre le long de la gorge de Grandpré jusqu'à Schaltin; les Autrichiens s'opposèrent vigoureusement à cette marche; le 2 octobre, visite des postes dans les bois de l'abbaye, et le 20, de Biseau et ses hommes montèrent la garde dans les mêmes bois, d'où ils furent forcés de se retirer vers 10 heures du soir, sous la pression de l'ennemi, vers Jausse, Goyet, Samson, Jambes et Namur.
Ainsi, pendant presque une année, la région connut des mouvements de troupes, beaucoup d'escarmouches, sinon des combats fort sanglants, et les tribulations et les exactions des militaires des deux camps. (30)
Pendant la Révolution Française, le monastère connut les horreurs de la furie déchaînée: ni la tradition orale, ni les archives ne parlent de destructions totales et systématiques; il y eut surtout pillage de la part des étrangers et de la part des habitants de l'endroit qui, au dire des vieilles gens, étaient heureux de profiter de l'événement pour « récupérer », pendant l'exode des moines, une partie des prestations en nature, en vivres, qu'eux et leurs ancêtres avaient dû fournir à l'abbaye; on peut dire, à leur décharge, qu'ils sacrifiaient aux idées nouvelles que la révolution répandait dans les masses, par la persuasion et par la force.
2. — Autres charges de l'abbaye.
A. — EN CENS, RENTES ET GRAINS.
Outre les droits dus au comte de Namur, les impositions des aides fixées par les ducs de Bourgogne, l'abbaye était obligée à d'autres redevances, bien déterminées par la rescription de 1787
a) L'abbaye devait :
1°) à la recette générale de Sa Majesté à Namur, 33 muids et 6 se-tiers d'épeautre, sur l'ensemble de ses biens au Tronquoy, soit en argent 175 fl. 10 s.; cette rente a été payée jusqu'en 1792, à la S. André;
2") à la recette de Sa Majesté à Bouvignes, 1 muid d'épeautre à 22 sols d'argent sur le pré Néviaitx à Gesves, soit 6 fi. 6 s.;
3") à l'abbaye de Géronsart, 21 muids et 1 setier d'épeautre, pour la location perpétuelle de la dîme des Tombes, soit 265 florins 19 sols; en plus de 10 muids d'avoine et 42 sols de menus cens;
4") au curé et aux pauvres de Gesves, sur les biens du couvent à Gesves, 19 florins 10 sols, et au mandé de S. Paul à Liège, sur les mêmes biens, 104 florins payés jusqu'en 1792:
5°) au seigneur de Goyet, sur les bois de Grandpré, sis sous la juridiction clé Goyet, 9 florins 14 sols, soldés jusqu'en 1792:
6°) au chapitre de S. Pierre à Liège, 11 muids d'épeautre à 12 escalins affectés sur les mêmes dîmes novales de B... en Champagne et Juppleux, soit 61 florins 8 sols;
7°) au clergé de Liège, sur les biens du monastère à Florée et à Neuve-Cour, 200 petits muids d'épeautre, qui valent 70 florins;
8") au curé de Mozet, 10 setiers d'épeautre, sur la censé de Maize-roule, soit 6 florins 10 sols;
9") pour les Dames Blanches de Namur, 12 setiers d'épeautre, qui font 7 florins 16 sols:
10°) à l'Evêque de Namur, sur la ferme du Trou Renard aux Tombes,
2 setiers et demi d'épeautre, ce qui fait 1 florin 12 sols;
11°) au curé de S. Nicolas à Namur, sur une base inconnue, 5 setiers, soit 3 florins 5 sols;
12") à l'église de St-Fontaine, au pays de Liège, sur la censé de Spasse, 3 muids d'épeautre, qui font 15 florins 12 sols;
13°) à la recette de Sa Majesté à Samson, sur la censé de Jausse, 1 muid d'avoine, qui fait 5 florins 8 sols, payables le jour des Rois (1792):
14°) à l'église et au curé de Wierde, sur les biens de Grandpré à cet endroit, 7 muids 6 setiers d'épeautre, soit 40 florins 6 sols;
15°) au curé de Maizeroule, 15 sols;
16°) à la vénerie, 13 florins 15 sols, chaque année le jour du grand feu, sur la ferme du Tronquoy (1792)
17°) la taille, sur le stordoir ou moulin à huile de Grandpré, soit 7 florins, 7 liards, et la taille de Faulx, soit 9 florins, payés jusqu'en 1792 (13 vendémiaire en V.);
18°) la taille due au Roi, avec la communauté de Faulx, pour les terres du couvent à Fausurchamps (Mozet), la terre de Grandpré, etc..., environ 30 florins 2 sols 3 liards;
19°) la taille due au Roi sur les biens de Grandpré à Sart-Mathelet, aevc la taille de Trieu d'Avillon-Fays, soit environ 44 florins, 1 sol,
3 liards;
20°) à la recette de Son Altesse de Liège, sur des héritages de Ciney, 6 YZ setiers d'avoine, payés jusqu'en 1792;
21°) à l'autel S te -Agathe à Ciney, 2 muids d'épeautre;
22°) au seigneur de Walhay (Gesves), 12 sols, 1 J/i poule, etc...;
23°) au seigneur de Reppe, 4 setiers d'avoine, 16 sols, 21 deniers, 6 l/ï poules, 11 J/2 œufs;
b) Les religieux de Grandpré déchargeaient aussi des anniversaires fondés en leur église; relevons celui du Comte Philippe et de sa femme, fondateurs de l'abbaye, le 29 octobre, et celui de Marie de Dompierre et de Waltèrc d'Assesse, le 18 février. (32)
c) L'abbaye payait aussi des pensions viagères à certaines personnes :
à Mlle Elisabeth Ulters, 100 florins; à Mlle M. Catherine de Valen-sart, 200 florins; à Mlle Jos. Phil. de Marchant, 100 florins; à Mlle la baronne de Greenbourg, 100 florins; à Mlle Jos. Phil. de Coenens, 150 florins;à Mlle M. Jos. Rosart, 100 florins; à Mlle Ferdi de la Croix, 150 florins; à Mlle M.-Thérèse de Loos, 100 florins: à Dorothée Langlois, 70 florins; à Henri Scrrier, 80 florins.
Les rentes viagères étaient d'ordinaire le revenu annuel de terres données à l'abbaye, ou de sommes d'argent converties en terres. Les personnes qui achetaient des pensions viagères étaient surtout des époux sans enfants, des célibataires, des prêtres ou des religieuses, le plus souvent malades, vieillards ou infirmes; elles abandonnaient leurs biens qui ne pouvaient les nourrir, à condition d'être entretenues leur vie durant par le monastère. (33)
d) Le monastère soldait, par an, pour la taille ecclésiastique, la somme de 581 florins 14 sols 6 deniers. (34)
B. DEPENSES RELATIVES A L'INTERIEUR DE L'ABBAYE.
1. « L'entretien de bouche, habillement, tant de la maison que pour le chœur et vaccances, est évalué, par tête et par année commune, à 450 florins — ce qui fait pour les 15 religieux et les 2 frères-lais, la somme de 7.650 florins:
2. les seize domestiques qui lui sont nécessaires coûtent par an, à raison de 7 sols par jour, 2.044 florins; de plus, pour leurs gages, ils touchent 868 florins;
3. pour l'hospitalité envers les étrangers, parents et amis des religieux, on dépense, par an, environ 1.400 florins;
4. les 4 gardes des bois ou sergeants reçoivent ensemble, par an, 64 florins 8 sols;
5. la consommation de bois pour la brasserie et le chauffage de la maison, y compris l'abattage et le découpage, vaut 836 florins;
6. 4.000 fagots (abattage et confection) coûtent 112 florins;
7. la terre-houille destinée au chauffage des domestiques, environ 150 muids, vaut 52 florins 10 sols;
8. pour la nourriture des deux chevaux de l'abbé et du cheval du proviseur, on compte 1 tscalin par jour et par cheval, ce qui monte à 383 florins 5 sols;
9. pour l'achat et l'entretien du linge du monastère, il faut 100 florins;
10. pour ceux de la batterie de cuisine et pour les étains, 80 florins:
11. l'entretien et les réparations aux bâtiments de la basse-cour s'élèvent à 50 florins:
12. les frais de médecin, chirurgien et apothécaire, par an, sont de 200 florins;
13. il faut enfin 70 florins pour 200 livres de chandelles, destinées à l'éclairage du quartier (du monastère, sans doute ?) » (35)
C. — DEPENSES POUR L'EGLISE ET LE COUVENT.
1. « pour l'entretien et la réparation de l'église et du couvent, il faut 100 florins;
2. pour le luminaire de l'église, par an, 103 florins;
3. pour l'huile du sanctuaire, à raison de 150 pots par an, 117 florins 10 sols;
4. pour le pain d'autel et le vin, 78 florins 8 sols;
5. pour l'entretien des linges et des ornements de l'église, 84 florins. »
D. — BIENFAISANCE A L'EGARD DES PAUVRES.
« Pour les grains, pains, vin, bouillons, thé, viandes, sucre, bière et bois, qui se distribuent journellement et volontairement en charité, tant aux pauvres mendiants des environs qu'aux pauvres malades, il faut, par an, une somme de 700 florins. » (36)
Le total des charges en impôts seigneuriaux, aides et subsides, dépenses communautaires, fondations, pensions, etc., s'élevait, en 1787, à la somme de 17.527 florins.
Références
(1) Houtart : o. c., p. 195.
(2) Brouwers : Chartes et Règlements, I, p. 40.
(3) Blouard : Mozet, Histoire et Archéologie, p. 31.
(4) Brouwers : o. c., p. 51, et C. G. P. 1-90 (1286).
(5) Houtart, o. c., p. 197 — C. G. P., f° 53.
(6) C. G. P. 1-27.
(7) C. G. P. 1-30.
(8) C. G. P. 1-29.
(9) Blouard, o. c., pp. 126 et 127.
(10) Brouwers, o. c., p. 86.
(11) Brouwers, o. c., p. 140 — Pré de la Maieurerie, situé près du château de Paulx, où l'on rendait la justice.
(12) Archives privées.
(13) C. G. P. 1-32-33.
(14) Brouwers, o. c., p. 142.
(15) Ibid., p. 156.
(16) C. G. P. 1-80, et Brouwers, o. c., p. 165.
(17) C. G. P. 1-77, et Brouwers, o. c., p. 169.
(18) Houtart, o. c., p. 197.
(19) Brouwers, o. c., p. 196.
(20) Ibid., o. c., T. II, p. 5.
(21) Ibid., o. c., p. 127.
(22) Archives privées.
(23) Blouard, Mont-Ste-Marie et Arville, p. 53.
(24) Archives privées.
(25) Ibid.
(26) A. E. N. Liasse 16, Grandpré.
cours foncières
(1) Jenicot, o. c., pp. 297 à 307, passim.
(2) de Moreau, o. c., p. 152.
(3) Jenicot, o. c., p. 104 et note 5.
(4) Ibid., o. c., pp. 297 à 307, passim. — Fermes de l'abbaye et du Trou Renard.
(5) Pour plus de clarté, nous ferons le relevé des principales possessions de l'abbaye, en les situant par secteurs : secteur N.-O., cour de Monceau ; secteur N.-N.-E., cour de Vizin-Jausse : secteur O., cours de Wierde et de Wez; secteur S.-O., Saint-Bernard; secteur S., Sart-Mathelet (Cour-rière), les Loges et Trieu d'Avillon-Pays ; secteur E., cour du Spinoit (Gesves) ; secteur S.-E., Plorée et Neuve-Cour.
(6) C. G. P. I, 471; II, 585; I, 393, et S. B. Maizeroule n° 333. — Revue héral-dilque et onomastique, n° 15, T. III, I" fascicule, pp. 16-17.
(7) A. S. A. N. XXII, p. 450. — « Guillaumes, contes de Namur, faisons sca-» voir à tous, que pour les bons services que nos chers cousins féables, » Messr. Arnouls d'Aagimont, sires de Thiennes et de Paus, nous a fais » et espérons qu'il nous doibt faire, nous luij avons donnet et donnons, » pour lij, ses hoirs et successeurs, en accroissance d'où fief de la hau-» teur de la ville et terre de Faus, qu'il tient de nous, toutte la haute jus-» tice, signourie et autre chose quelconques, fust de tailles ou autrement, » que nous avions ou avoir paijens a grant Monch-et a petit Monchiaux, » en la ditte terre de Faus, si avant que les bonnes (bornes) s'éstendent, » qui], pour ce, y sont mises, atenir de nous et de nos hairs, comtes de » Namur, tout en un seul fief, aveac la ditte hauteur de la ville et terre » de Faus, en le manière et condion que pardevant il en tenoit de la » dte hauteur, et en tesmoing de ce, nous avons mis et appendut nîre » saiel, a cher pntes 1res, faites et donneez a Namur le trezime jou: » d'octobre l'an mil C.C.C et sexante. » (Liasse 26. G. P.)
(8) A. E. N. Liasse 12 de Grandpré - 1673.
(9) Blouard, o. c., p. 89.
(10) A. E. N. Liasse 11 - Grandpré.
(11) Ibid. Liasse 21 - Grandpré.
(12) Ibid.
(13) Ibid.
(14) Brouwers, Terriers, p. 233, et A. E. N. Liasse 24, - Grandpré.
(15) Ibid. Liasse 14 - Grandpré. 44
(16) Ibid. Liasse 25 - Grandpré.
(17) Archives privées, Rescription de 1787 et I. Detalle, o. c., p. 243 et seq.
(18) M. Masoin : L'ancienne Féronerie Namuroise, Charleroi, Editions de la « Terre Wallonne », 1928, pp. 7 et 8. L'auteur note que « les métiers des fèvres vivaient en véritables clients de la féronerie »... Dès le XVIII" siècle, « le mode de travail des ferons subit une importante transformation, par l'introduction des hauts fournaux (ainsi appelés parce qu'ils avaient 20 pieds de haut) et par l'emploi simultané du charbon de bois et de la houille... Cette industrie du fer revêtit « un caractère aristocratique », dès le XIV siècle ; après le comte, les seigneurs, les abbés, de nombreux concessionnaires dont les noms existent encore : d'Harscamp, d'Agimont. de Halloy, Wasseige, Zoude, Renson, Richald, de Raymond, de Montpellier, Jaumenne, etc., s'y intéressèrent activement ». (Ibid. passim.)
(19) A. E. N. Cours d'eaux.
(201 Ibid. Liasse 11 — Grandpré, et Brouwers, Terriers, p. 237.
(21) Aujourd'hui, le moulin de la forge l'abbé est exploité par M. Augus:-Chevalier; la maison de la forge Denis est occupée par Mme Vve JU'.TS Sprimont, et l'ancien moulin des Anglais appartient à Mme Vve Louis
Chevalier.
(22) Brouwers, Terriers, 1601-1612, et Rescription de 1787.
(23) Brouwers, ibid., p. 236.
(24) A. E. N. Liasse 11 — Grandpré.
(25) Ibidem.
(26) C. G. P. II, p. 459.
(27) C. G. P. 11, p. 461.
(28) Ibid. II — p. 468.
(29) Ibid. II — p. 468.
(30) Ibid. II — p. 618.
(31) Ibid. II — p. 477.
(32) Ibid. II — p. 479.
(33) Ibid. II — p. 621.
(34) Reg. aux rentes, cens, etc. de l'abbaye de Grandpré, p. 61.
(35) Ibidem. II — p. 484.
(36) Ibidem. II — 486.
(37) Ibidem. II — 488.
(38) Ibidem. II — 490 et 492.
(39) Ibidem. II — 496.
(40) Ibidem. II — 498.
(41) Ibidem. II — 501.
(42) Ibidem. II — 504.
(43) Ibidem. II — 509 et 511.
(44) Ibidem. II — 512.
(45) Ibidem. II — 702.
(46) Ibidem. II — 514.
(47) Ibidem. III — 1065.
(48) Ibidem. II — 516.
(49) Ibidem. II — 800.
(50) Ibidem. II — 517.
(51) A. E. N. Liasse Grandpré.
(52) Voir en annexe notes sur l'histoire de l'ancienne paroisse de Maiz«roule.
(53) Barbier : Histoire du Chapitre de Sclayn, p. 210.
(54) Tonglet, o. c., tiré-à-part.
(55) A. E. N. Liasse 12 — Grandpré.
(56) Registre Cens et Rentes de Grandpré, p. 62.
(57) Tonglet. Revue héraldique et omonastique, T. III, n. 13.
(58) C. G. P. II — 589-594.
(59) Brouwers — Terriers, p. 237.
(60) A. E. N. Liasse 26 — Grandpré.
(61) A. S. A. N., T. XL, p. 312.
(62) C. G. P. II — 465, 472, 475, 494 et A. E. N. Liasse 11 — Grandpré. 56
(63) C. G. P. II — 596, 599, 604 -
(64) Jenicot, o. c., p. 137, note 3.
(65) A. E. N. Liasse II — Grandpré; digne-daigne : fléau, tarrare pour battre le grain.
(66) Ibid. Liasse 26, Grandpré — Copies de 1679 et 1685.
(67) Blouard, Mozet, p. 59 et note 3.
(68) A. E. N. Liasse II, Grandpré.
(69) Brouwers, o. c., Chinage = chevage = droit perçu sur les habitants par tête.
(70) Blouard, Mont-Ste-Marie et Arville, p. 20.
(72) A. E. N. Liasse 11 — Grandpré.
(73) Ibid. Liasse 12.
71) Archives du château d'Arville.
(74) Ibid. Liasse 11.
(75) Brouwers, Terriers, p. 399.
(76) Ibid., p. 340.
(77) A. E. N. Liasse 23 — Grandpré.
(78) A. E. N. Rescription de 1787.
(79) Ibid. Liasse 5 — Grandpré.
(80) Brouwers, o. c., p. 340.
(81) A. E. N. Rescription de 1787.
(82) Ibid., T. XL, p. 259 — I. Delatte.
(83) Ibid., pp. 292 et 314.
(84) C. G. P. III — 911.
(85) Ibid., 916.
(86) A. E. N. Liasse 16 — Grandpré.
(87) Barbier — Histoire du Monastère de Géronsart, pp. 75-76 et pp. 326 et suiv. — Dans des notes manuscrites, M. Félix Rousseau indique qu'avant l'incorporation de l'église de Wez à celle des Wierde, « en 1223, une pan du patronage de Wez appartenait à l'abbaye de Floreffe (Barbier, Histoire de Ploreffe, II, p. 751 ; en 1237, une part était la propriété de l'ordre de S. Jean de Jérusalem (C. G. P. I, p. 52) ; en 1343, la moitié du patronage était possédée par l'abbaye de Grandpré, l'autre moitié était tenue en fief par Wautier de Wierde, mort avant 1362, et père de Jean de Limoy.
(88) A. E. N. Rescription de 1787.
(89) Jenicot, o. c., p. 76, note 1.
(90) C. R. B. — CCLVIII.
(91) A. E. N. Liasse II — Grandpré.
(92) Brouwers, o. c., 241.
(93) A. E. N. Liasse 11 — Grandpré.
(94) C. G. P. 1-29 et passim.
(95) A. E. N. Liasse 11 — Grandpré.
(96) Brouwers — Terriers, p. 243.
(96) A. E. N. Liasse 25 — Grandpré.
(97) Ibid. Liasse 14.
(98) Houtart, o. c., passim.
(99) Ibid. Liasse 11 et Rescription de 1757.
(100) A. E. N. Liasse 25 — Grandpré.
(101) Ibid.
(102) Ibid. Liasse 11.
(103) Ibid. Liasse 27.
(104) Note de M. Bodart.
(105) A. E. N. Liasse 11, Grandpré 1750, et Liasse 12. 1753.
(106) Note de M. Bodart.
(107) A. E. N. Liasse 12 — Grandpré.
(108) Bescription de 1787.
(109) A. E. N. Liasse 12 — Grandpré.
(110) A. S. A. N.. T. XL, p. 292 — Delatte.
(111) Archives privées.
(112) Rescription de 1787.
(113) Houtart, o. c., pp. 195-197 et passim; Canivez, o. c., p. 40.
(114) Jenicot, o. c., p. 43, note 2.
(115) Ibidem., pp. 150-151, note 1 : « Les premiers exemples de lay vesti sont de 1228 et 1229 à Grandpré; on s'inquiète peu de la personne ou de l'âge; la seule qualité requise des lays est d'être masuis; ils doivent faire ce que les masuirs font : payer le cens, éventuellement les amendes, desservir les plaids, mais surtout payer le relief à leur vêture; il est vrai que, pour être masuir, il faut être au moins majeur ou émancipé; mais on peut être, pour les besoins de la cause, émancipé fort tôt. Le répertoire de 1483 montre ainsi un paysan, qui se repentait d'avoir vendu âne terre, émanciper sa fille âgée de 8 ans, pour qu'elle fasse retrait; plus fort, l'abbaye de Salzinnes peut choisir pour desservir son fief de Sombreffe, un enfant de 5 à 6 ans (A. S. A. N., T. II, p. 206).
(116) Ibidem., p. 174, note 2.
(117) Houtart, o. c., pp. 197, 251, 252.
(118) Jenicot, o. c., p. 12, note 3.
(119) Houtart, o. c., p. 197 — A. E. N. Liasse 14 — Grandpre.
(120) Ibidem, pp. 197, 198, 231, 232, 235.
(121) Brouwers, Terriers, p. 273.
(122) A. E. N. Liasse 11 — Grandpré.
(123) I. Delatte, o. c., p. 312.
(124) Houtart, o. c., pp. 178-177 — « L'hôte » rappelle que l'ancien fief de Prancesse comprenait une taverne.
(125) Rescription de 1787.
(126) Jenicot, o. c., p. 105, note 3.
(127) A. E. N. Liasse 10 — Grandpré.
(128) Rescription de 1787.
(129) A. E. N. Liasse 12 — Grandpré.
(130) Rescription de 1787.
(131) A. E. N. Liasse 11 — Grandpré.
(132) Delatte, o. c., XL, p. 258.
(133) Ibid., p. 312.
(134) Ibid., p. 29
(135) Blouard, Mont-Ste-Marie et Arville, p. 53.
(136) Rescription de 1787.
(137) Namurcum, 1933, n. 1, p. 6. — Le refuge a été occupé par la pharmacie Nemery.
(138) A. E. N. Liasses 11 et 12 *- Grandpré.
(139) Delatte, o. c., p. 300.
(140) A. E. N. Liasse 25 — Grandpré.
(141) Delatte, o. c., XL, pp. 243 et seq.
(142) A. E. N. — Cfr. surtout liasses 11, 12, 16, 17, 21, 23 et Rescription de 1787.
Revenus
(1) Blouard, Mont-Ste-Marie et Mozet, pp. 36 et 42.
(2) Rescription de 1787.
(3) Barbier, o. o., pp. 75 et 327.
(4) A. E. N. Liasses 14 et 16 — Grandpré.
(5) Blouard, Mont-Ste-Marie et Arville, p. 40.
(6) A. E. N. Liasse 14 — Grandpré.
(7) Rescription de 1787.
(8) Rescription de 1787 et Liasse 10.
(9) C. G. P., p. 216.
(10) A. E. N. Liasses 11 et 17 — Grandpré.
(11) Ibidem.
(12) Rescription de 1787.
(13) Blouard, Mozet, p. 125, note 6 : « droit cathédratique » = redevance annuelle à payer à l'évêque; « droit d'obsone » = droit d'hospitalité dû à l'évêque et aux archidiacres, lors de leurs visites pastorales.
(14) A. E. N. Liasse 14 — Grandpré.
(15) Ibidem. Liasse 10 — Grandpré.
(16) Ibidem. Liasses 16 et 19
(17) Ibidem. Liasses 16 et 17 -
(18) Ibidem. Liasses 15 et 21 -
(19) Ibidem.
(20 et 21) Ibidem.
(22) Rescription de 1787.
(23) Rescription de 1787.
Obligations
(1) Blouard, Mozet, p. 53 — La taille était un impôt proportionnel basé sur la capacité de l'exploitant du sol, et la valeur des moyens de production
(2) C. R. B. I, p. 89.
(3) Ibidem. I, p. 102.
(4) Ibidem. II, p. 88.
(5) Ibidem. II, p. 194.
(6) Ibidem. II, p. 233.
(7) Blouard, o. c., p. 54. — C. R. B. I, p. 251 : Droit sur les marchandises qui voyageaient par eau.
(8) C. R. B. II, p. 237.
(9) Ibidem.
(10) Ibidem. II, p. 266.
(11) Ibidem, p. 196.
(12) Ibidem, p. 246.
(13) Ibidem, pp. 244 et 245.
(14) Brouwers, Les aides et subsides dans le comté de Namur, au XV siècle, Introduction, p. 11, etc.
(15) Nicolas J. — L'argent des principautés belges pendant le Moyen-Age et la période moderne, T. II, p. 77. — Le ridder était une pièce d'or du duc Philippe-le-Bon, qui vaudrait environ 12 francs de notre monnaie.
(16) Brouwers, o. c., pp. 71 et 76.
(17) Ibidem, p. 144.
(18) Ibidem, p. 155.
(19) Ibidem, pp. 139 et 140.
(20) Ibidem, pp. 38 et 39.
(21) Ibidem, p. 140.
(22) Brouwers, Les aides et subsides dans le comté de Namur, au XVI" siècle : p. 13.
(23) Ibidem, pp. 49 et 50.
(24) Ibidem, pp. 87 et 88.
(25) Ibidem, pp. 105 et 111.
(26) Ibidem, p. 111.
(27) Ibidem, pp. 113 et 114.
(28) Ibidem, p. 160.
(29) A. S. A. N. XL, pp. 87 à 97, Passim, Brouwers. En 1429, le clinkar d'or valait 57 heaumes que l'on devait estimer à environ 12 à 13 francs de notre monnaie.
(30) Leconte, Les Binchois et la Révolution Brabançonne, passim.
(31) A. E. N. Liasse 10 — Grandpré.
(32) Ibidem, Liasse 12, 1796.
(33) De Moreau, o. c., pp. 154 à 157.
(34) Rescription de 1787.
(35) A. E. N. Liasse 14 — Grandpré, et R/escription de 1787. — Le 28 7bre 1765, on dépense 31 esealins pour acheter un chapeau à bord d'or pour le domestique de l'abbé de Grandpré !
(36) Rescription de 1787.