Jausse les ferrons , Vaux sous Samson - centres métalurgiques
L'industrie métallurgique existait dans la vallée de Samson depuis le Moyen-Age.
Lorsque Guichardin, gentilhomme florentin, visita le comté de Namur en 1567, il fut surpris par le caractère industriel de la région.
Il releva l'existence de plusieurs mines de fer et de quelques-unes de plomb. Il fut impressionné par le nombre d'usines.
Il relate que partout l'on trouvait des établissements où l'on ne cesse de travailler, de battre le fer, de forger, de fondre, de marteler et d'affiner. « En tant de fournaises parmy tant de flammes et estincelles et fumées qu'il semble proprement qu'on soit là dedans les boutiques et forges estincellantes de Vulcain ».
Le voyageur qui passait sous l'ancien régime par Vaux sous Samson ou par Jausse les ferrons avait certes la même impression que le voyageur italien.
Les conditions, particulièrement favorables du milieu géographique, furent la cause naturelle de la naissance et du développement de la métallurgie dans le Pays de Namur.
Tous ces établissemen's industriels étaient groupés à Vaux, Samson, Goyet et Jausse parce que à ces endroits, le ruisseau de Samson avait un débit important et il permettait de faire tourner les roues hydrauliques de chaque atelier.
Plusieurs biefs avaient été construits, on devait payer une taxe au receveur des contributions du comté pour le « coup d'eau ».
La proximité de la Meuse facilitait les transports des produits vers la Hollande et vers la France.
Des bateaux venant de Givet amenaient du charbon de bois pour alimenter les fourneaux.
Les usines métallurgiques que l'on appelait vulgairement marteau, forge ou moulin à faire le fer, comportaient une série de bâtiments.
Il y avait tout d'abord le fourneau qui était une construction massive dont le creuset était destiné à recevoir le minerai de fer ; la combustion du charbon de bois provoquait la liquéfaction et la coulée de fonte pouvait être dirigée vers des moules aménagés dans le sol même de la fonderie annexée au fourneau.
C'était dans la fonderie que l'on travaillait les chenets, les plaques de foyers, les ustensiles de fer ou de fonte les plus divers.
Mais pour obtenir le fer, il fallait traiter les gueuses de fonte dans des feux d'affineries. Les pièces de fonte étaient débarrassées des impuretés et du carbone et l'on obtenait ainsi des pièces de fer qu'on passait alors au marteau.
Ces marteaux que l'on appelle généralement maka au XVIII"" siècle, avaient plusieurs mètres de long. Ils étaient actionnés par la roue du moulin, les pièces qui passaient entre l'enclume et le marteau étaient transformées soit en barres, soit en tôles de fer.
{styleboxjp width=450px,float=left}
La métalurgie de la vallée dans l'histoire
Vers 1350, en dehors du cadre primitif: l'Entre-Sambre-et-Meuse, la métallurgie s'est installée sur les ruisseaux de Samson et de Gelbressée, à Jausse-les-Ferons et à Marche-sur-Meuse.
Les forges de cette dernière localité viennent d'être favorisées par un privilège spécial du Comte de Namur, Guillaume Ier, qui en est le propriétaire. L'abondance des matières premières et le statut privilégié des ouvriers concourent au développement de la métallurgie: à la fin du XIVe siècle, il existe une trentaine d'usines dans le comté ; vingt-cinq ans plus tard il y en a près de quarante dont cinq hauts fourneaux.
C'est alors que survient la guerre liégeoise de 1430: c'est l'anéantissement total de la métallurgie du comté de Namur; aucune forge n'échappe à la destruction.
Philippe le Bon, désireux de voir renaître la prospérité de la forgerie étend à tout le comté, les privilèges octroyés primitivement aux ferons de Marche. Cette mesure est couronnée de succès; en 1450 nous constatons qu'un assez grand nombre d'usines sont déjà reconstruites. Par la suite, et jusqu'en 1500 par contre, leur extension marque un temps d'arrêt. Il faut donc attendre le XVIe siècle pour voir la métallurgie namuroise atteindre son plein épanouissement.
En 1550, il y a dans le comté et l'Entre-Sambre-et-Meuse plus de septante forges et trente-deux hauts fourneaux dont vingt-trois dans le comté de Namur : vingt ans plus tard, elle atteint son apogée et compte vingt-huit fourneaux au moins et plus de soixante forges. Cette prospérité décroît quelque peu dès les vingt dernières années du siècle.
En 1585, les comptes nous révèlent l'abandon de trois hauts fourneaux: ceux de Haigneau, Romiée et Flavion.
Sur la localisation des usines, il suffira de rappeler que l'industrie métallurgique du XIVe au XVIe siècle, ne disposant que de moyens de communications très limités, est entièrement dépendante de la situation, c'est-à-dire de la proximité des matières premières et des débouchés. Aux XIVe-XVe siècles, les usines se groupent davantage près des lieux d'approvisionnement en minerai et en combustible. Au XVIe siècle, par contre, la nécessité des débouchés devient la déterminante de la localisation des forges.