Bernard ouvre la voie à un style roman dépouillé, des images et des symboles les plus anciens statuts de l'ordre interdisent toute sculture et toute peinture dans les églises et les abbayes.
Si l'attrait qu'exerce sur nous l'art roman peut être d'ordre spirituel, et il répond en cela à une quête de notre temps, une grande partie de son rayonnement réside dans la beauté des sanctuaires qu'il nous a légués. Ces églises romanes ne s'imposent pas à nous par des proportions gigantesques ou des prouesses architecturales, comme le ferons les cathédrales gothiques; elles nous touchent plutôt par la simple harmonie de leurs volumes, l'équilibre de leur masses, toujours à la mesure de l'homme.
QUAND LES MOINES SE FONT BATISSEURS.
Parce que les statues de Cîteaux refusent toute sculpture et toute peinture dans les abbayes, l'architecture devient le domaine privilégié, si ce n'est l'unique expression, de l'art cistercien. Cet accort est si parfaitement obtenu dans les abbayes romanes qu'on en oublie que l'architecture cistercienne n'est pas seulement romane.
Les exigences des statuts cisterciens en matière d'architecture se réduisent à l'interdiction des clochers de pierre (inutiles puisque les laïcs des alentours n'étaient pas appelés aux offices) au profit de clochers de bois de portée limitée.
A elles seules, ces exigences résument pourtant l'idéal cistercien d'une architecture dépouillée de tout superflu. Pour concrétiser cet idéal, les architectes renouent avec des parties architecturaux archaïsants, loin d'être une limite technique, il s'agit d'un choix volontaire. La comparaison des voûtements mis en place dans l'église et dans la salle capitulaire en fournit la meilleure preuve: si la voûte de la nef est en berceau brisé.
Le chevet circulaire est abandonné au profit de la formule plus ancienne d'un chevet à chapelles alignées à mur droit.
La façade cistercienne n'ouvre que par deux simples portes latérales. L'architecture cistercienne est une réaction à l'art du temps, dés l'époque romane. Mais cette réaction se charge d'un spirituel, la façade plate est modeste, le chevet droit est l'emblème de la morale, la nudité des murs conduit le moine vers l'essentiel la pénombre l'invite au recueillement, la lumière vive exalte sa prière.
Les vitraux l'abstraction des vitraux cisterciens trouvent son originalité dans la mise en valeur du plomb qui sertit le verre blanc soigneusement découpé selon des formes simples.
La couleur est proscrite mais le verre est parfois rehaussé de traits de grisaille passés au pinceau. Cette technique d'origine cistercienne va se développer durant tout le moyen-âge. Les moines se révélent maîtres dans cet art, tant par la qualité du verre employé que par la pureté du dessin.
Carrelage le type de pavé, carré, grand et assez épais est gravé au compas et recouvert d'une glaçure fonçée. A côté de ce motif qui est propre à l'ordre, on en compte trois autres dont les entrelacs, un motif typiquement cistercien.
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