Décrivons le mobilier de quelques unes de ces sépultures.
Une fosse qui n'avait qu'environ 1 mètre 17 centimètres de long, contenait, outre une petite hache, les objets suivants : deux soucoupes rouges à larges rebords, un verre de forme conique, une sorte de gobelet de verre, une écuelle de verre blanc avec petits filets sur le pourtour, une boucle de bronze ornée de dessins, une petite lame de bronze fendue à la base et que nous croyons l'extrémité du ceinturon, les restes d'un peigne d'os ou d'ivoire, enfin une monnaie d'argent de l'empereur Marc Aurèle, frappée à l'occasion de son apothéose.
Ailleurs, un petit cadavre d'environ 1 mètre possédait également une hache longue seulement de 17 1/2 centimètres, une boucle de bronze et une petite boîte de même métal (hauteur 2 cent., diamètre S 1/2 cent.) que l'on pouvait suspendre par une bélière, à laquelle semblait s'adapter une petite lame de bronze terminée en crochet (PI. V, n°8). A la gauche du cadavre étaient trois vases en poterie cassés et une cruche de poterie rougeâtre. A un pied et demi environ au-dessus de la tète, se trouvait un grand verre à pied.
Une autre petite fosse que nous pensons aussi avoir été celle d'un enfant, contenait une petite hache et deux petites lances ou couteaux fort détériorés. Comme dans la fosse précédente, on recueillit une petite boîte ronde en bronze et diverses plaques de même métal; l'une de forme lobée, munie d'un clou à sa base, était sans doute l'extrémité d'un ceinturon; les autres plaques avaient probablement fait partie d'un coffret. La même sépulture fournit une urne de verre à filets garnie extérieurement de grossières boursouflures ou larmes qui paraissent y avoir été ajoutées comme ornement; trois vases rouges, un autre gris, un plateau de bronze et une sorte de petite poêle de même métal garnie d'un mancbe orné de dessins.
Une petite hache d'environ 8 centimètres de long et une. petite boucle de bronze gisaient, avec un grand plat de fine poterie couleur ardoise et une bouteille de verre, dans une fosse étroite qui dut être celle de l'enfant d'un guerrier.
Telle fut-aussi, pensons-nous, la destination d'une fosse voisine, longue d'environ 1 mètre 30 cent., et creusée dans une partie du cimetière paraissant en quelque sorte réservée aux inhumations d'enfants. Ce qui semble indiquer encore que cette tombe était celle d'un enfant de guerrier, c'est la trouvaille qu'on y fit d'une lame de fer, longue de S centimètres, en forme de lance ou de bout de flèche (PI. VI, n° 3). La même sépulture renfermait un verre et une urne de verre, huit grains de collier d'or de forme oblongue; quelques petits grains de verroterie verte et d'autres n'ayant que la dimension du petit plomb de chasse; deux bagues de bas argent avec chaton portant, l'une un creux rond flanqué de quatre points, l'autre quatre cavités avec des signes que l'on peut à peine distinguer, mais où nous croyons reconnaître une abeille et un papillon. Ces deux bagues étaient superposées, ce qui pourrait faire croire qu'elles se trouvaient dans une boîte, d'autant plus qu'elles sont de grande dimension pour un enfant. Outre ces bagues, on recueillit les fragments d'un mince bracelet de bronze et d'un autre bracelet ou anneau ne pouvant s'ouvrir, une petite broche avec bélière longue d'environ 2 centimètres ayant peut-être servi comme fermeture, une épingle d'argent à tête taillée à facettes longue d'environ 8 centimètres, une petite chaîne de bronze longue de 10 à 11 cent, portant encore un fragment de fer à chacune de ses extrémités (PI. VI, n° 9), enfin quatre disques de bronze d'un diamètre de S cent., convexes au milieu (PI. VI, n° 8). Ils se composent de deux platines réunies au centre par une petite broche de fer rivée. Peut-être deux de ces disques s'attachaient-ils ensemble par la petite chaîne indiquée. On pourrait supposer alors qu'ils servaient de boutons pour attacher un vêtement qui restait en-tr'ouvert, système encore employé de nos jours. Une monnaie d'argent de l'empereur Jovin (411 à 413) portant le signe de l'atelier monétaire de Trêves, fut aussi extraite de la même fosse. Cette pièce, fleur de coin, porte à l'avers : DN IOVIN-VSPFAVG, et au revers : VICTOR IAAVG.TRMS.
II semble qu'il faille encore considérer comme celui d'un enfant un petit cadavre possédant une petite hache à droite de sa tête et accompagné de débris d'armes consommées. A la tête était une petite monnaie de bronze de Constans I, et, aux pieds, une jatte de verre blanc travaillé. Un petit caillou poli se trouvait aussi près du cadavre.
Nous avons signalé jusqu'ici des sépultures ayant incontestablement renfermé la dépouille d'hommes de guerre jeunes ou
vieux, comme le prouve le mobilier qui les garnissait. Il nous reste à décrire d'autres tombes assez nombreuses dépourvues de toute espèce d'attributs guerriers. Là, point de haches, d'angons, d'épées, etc.; mais des colliers, des bracelets, desbagues, des boucles d'oreilles, etc., ou autres objets de toilette.
Généralement aussi les fosses ainsi garnies sont de moindre longueur, les bagues, les bracelets, etc., d'assez faibles dimensions. Tout semble donc indiquer que nous avons sous les yeux la dépouille des compagnes des guerriers qui habitèrent jadis la cime des rochers de Samson.