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Telles ont été les fouilles de Samson. Leur produit, si remarquable sous tous les rapports, atteste une fois de plus, que les Francs furent loin de détruire toutes les traces de la civilisation romaine, mais qu'ils s'assimilèrent plutôt cette civilisation.

Il y a lieu de se demander maintenant à quelle époque remonte le cimetière de Samson. Pour résoudre cette question, les nombreuses monnaies que l'on a   trouvées fournisseni d'utiles renseignements.

 


Ces monnaies, à part celles qui sont trop frustes pour pouvoir être déterminées, appartiennent aux vingt-trois règnes suivants : Trajanus — Hadrianus — Antoninus Plus (imitation barbare, en argent, d'une pièce d'Antonin-le-Pieux; au revers : cos un avec foudre sur un lectisternium)—Faustina senior (4 pièces) — Marcus Aurelius (2 pièces) — Faustina junior -Severus Alexander— Pbilippus senior — Philippus junior -Gallienus — Salonina — Posthumus senior (2 pièces) — Clau-dius Gothictis — Maximianus Herculius — Constantinus I (3 pièces) —Constantinus II — Coiistans I ou Constantius II (2 pièces) — Magnentius (2 pièces) — Valentinianus I — Valens —Arcadius—Jovinus—Justinianus avec l'effigied'Athalaricus.

Ces pièces comprennent donc un laps de temps qui s'étend depuis l'année 98, où commença à régner Trajan, jusqu'en l'an o34, époque où finit le règne d'Athalaric.

Nous considérons cette dernière monnaie comme celle qui indique le mieux l'âge du cimetière de Samson, que nous croyons devoir attribuer généralement au VIe siècle, et en partie aussi sans doute, au Ve siècle. C'est également l'âge approximatif que nous avons cru pouvoir attribuer au cimetière du Tombois, àVédrin, M. Scbayes au cimetière de Lede, et la plupart des archéologues aux cimetières qui ont fourni des objets analogues à ceux que nous venons de décrire. A cet égard, le tombeau de Childéric, si savamment étudié par l'abbé Cochet, nous fournit de précieux renseignements *.


C'est donc vers les premiers temps de la monarchie mérovingienne que les Francs sont, vraisemblablement venus s'installer sur les rochers de Samson, installation qui présente le cachet de la stabilité, comme le prouvent les tombes de femmes et d'enfants dont nous avons parlé. Ces rochers constituaient, nous l'avons dit, une position stratégique importante et qui semble même avoir été occupée antérieurement par les Romains, à en juger par les restes de ciment romain existant dans un des pans de murs de l'antique forteresse.

La tradition qui attribuait la fondation du château de Sam-son, soit aux Romains, soit aux Francs, paraît donc vérifiée. La tradition cite même, comme fondateur du château, un fils de Clodion qu'elle appelle Aubéron, nom que nous ne voyons consigner nulle part dans l'histoire. Mais Clodion ayant fini ses jours en 448, s'il eut réellement un fils nommé Aubéron, c'est vers la seconde moitié du Ve siècle que l'on doit reporter son existence, époque qui correspond à celle indiquée par nos fouilles.

On pourrait se demander aussi si le cimetière de Samson a reçu la dépouille d'un peuple chrétien. Nos recherches ne nous permettent malheureusement pas de résoudre la question dans un sens afflrmatif. Aucun signe de christianisme ne nous est, en effet, apparu dans le cours de nos travaux. Les ossements de volaille rencontrés dans quelques tombes sembleraient même donner plutôt à ces sépultures une origine payenne. Mais nous ne pouvons nous prononcer d'une manière absolue à cet égard.




EUG. DEL MARMOL.




bibliographies


1 On a rencontré, entre autres, des pipes, soit entières, soit en fragments, dans des cimetières ou subslructions romaines en Normandie et surtout en Angleterre, en Ecosse et en Irlande. Dans ces derniers pays, elles portent le nom de pipes de fées, pipes celtiques on pipes danoises. La Normandie souterraine, par l'abbé Cochet (2m« édition , cliap. VI, pp. 76 et 77, notes), contient à ce sujet des renseignements fort intéressants. On y lit une citation d'un ouvrage anglais donl l'auteur, Mr Collingwood Bruce , émet l'opinion qu'avant l'introduction du tabac, on a vraisemblablement fumé le chanvre, substance encore employée pour cet usage en Orient,

1 Les textes de ces auteurs sont cités par Jusle-Lipse dans le Polfor-ceticon, lin. IV.

3 Normandie souterraine, 2« édition, chap. XX, p. 553. — Sépultures romaines, gauloises, franques, etc., chap. X, p. 218.

1 PACHYBERE, Histoire des empereurs Michel et Andronic, dans l'his
toire de Constantinople traduite par Cousin, liv. XII, chap. XXX.
2 Sépultures gauloises, romaines, franques, etc., par l'abbé Cochet,
chap. X, p. 201.
3 Rapports sur la découverte d'un cimetière franc-mérovingien, à Seraing, par G. Hagemans, dans le Bulletin <{e l'Institut drchéoloyique liégeois, lom. II, p. 479.

1    Sépultures gauloises, romaines, franques, etc., chap. X, p. 208.

2    Rapport sur la découverte d'un cimetière franc-mérovingien, à Se-
raing , par G. Hagemans, dans le Bulletin de l'Institut Archéologique
liégeois, lom. II, pp. 459 et suiv.
* Ibid. pi. 2, no 14.

1 Nous avons publié le dessin de l'un d'eux au tome III des Annales de la Société Archéologique de Namur. (V. la PI. III, à la page 206 el la page 209.) L'autre scramasaxe a été trouvé, depuis, sur l'emplacement de nos explorations.

1 Notice sur des antiquités gallo-romaines et franques trouvées dans le ffainaut,par Albert Toilliez. Mons 1857. — Antiquités celto-germani-ques et gallo-romaines trouvées sur le territoire de Renaix et dans les communes environnantes, par Ed. Joly, pp. 20 et29.

1 Le Tombeau de Cliildéric t", par l'alihé Cochet, -4e parlic, chap. II, pp. 500 et suiv.

1 N. HAOZEDR. Antiquités Gallo-romaines, franques, etc. (Annales de la Société Archéologique de Namur, tom. IV, p. 505.)

1 Sépultures gauloises, romaines, franques, etc., cliap. IX, p. lOfi.

1 V. La Normandie souterraine, etc., 2e édil.. p. 578.

1 V. entre autres le dessin de ces fuseaux romains dans le Dictionnaire des antiquités romaines, par Anthony Rich, aux mots Fusus et Perticiltus,

1 Le Tombeau de Childéric, par l'abbé Cocliet, Paris, 1859.





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General update: 19-01-2012 07:54
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