Description dans les "Albums de Croÿ" - PLANCHE 240 FAULX A FAULX-LES-TOMBES
En cartouche: «Terre de Faulx». - Vue prise du sud-ouest.
Ce château, isolé sur une hauteur dominant la rive droite du ruisseau d'Arville, appartenait, au début du XVIIe siècle, au seigneur hautain du lieu, Jean de Berlo de Brus, en même temps que la censé située en contrebas et un bois si étendu que les manants n'en savaient «le nombre de bonniers» (Terrier). En plus du tavernier et du censier de la «maisor de Sté», domaine de l'abbaye de Grandpré, une vingtaine de familles vivaient sous le ressort de la seigneurie.
L'église est aux Tombes, de l'autre côté du Samson.
Adrien de Montigny décrit un ancien château féodal, édifié à même le roc, modernisé et adapté aux nouveaux modes de vie. Le donjon carré, puissant, nanti d'une bretèche porte une haute toiture en pavillon ornée de deux girouettes. À sa droite, vers la forêt, deu> tours rondes dont les poivrières accentuent le caractère altier, cantonnent des bâtiments inac cessibles et aveugles, sauf au dernier étage. Un pont-levis enjambe un fossé sec. En 1480 le château étant délabré, des experts émirent l'avis qu'il était nécessaire de remaçonner notam ment la «grosse tour quarrée», le mur du pont-levis ainsi que le pont fixe au-devant de celui-ci Ce document extrait des archives du Souverain bailliage de Namur (A.S.A.N., t. XXII p. 453, n. 1) est vraisemblablement le seul qui révèle tant soit peu l'aspect primitif.
À la Renaissance, si l'on en croit la gouache, un logis de briques fut ajouté à la gauch< du donjon, avec grand porche cintré, fenêtres à croisées sur trois niveaux, cordons de piern et fronton à volutes. En 1870, l'architecte Beyaert transforma l'ensemble à la demande de propriétaires, les Sauvage-Vercours, et en fit un château de «style troubadour», noyant d< pierre les façades, gommant les volumes anciens, multipliant les ornements, en un mot rendant quasi illisible le bâtiment primitif. L'incendie de 1961, qui ravagea une notabl partie du château, consomma la perte de l'édifice médiéval. Pourtant, il reste un logis gothiqu enjolivé d'éléments Renaissance et daté de 1563. Si c'est lui qu'a voulu représenter Adriei de Montigny, il devrait se trouver, sur la vue, à la droite et non à la gauche du donjon.
Galliot fit, à la fin du XVIIIe siècle, une description enthousiaste des charmes d la vallée du Samson, en cet endroit : «Le château de Faulx [...] est bâti sur un roc escarp* que la nature semble n'avoir fait naître à l'extrémité d'une colline que pour l'emplacemer de cet édifice. Il paroit qu'il n'étoit placé dans ce terrein que comme un fort capable d protéger le voisinage ou pour le plaisir de la chasse dont le terrein qui l'environne, offre toi: les agrémens. Il est, pour ainsi dire, au milieu des bois, qui n'en sont séparés que par u charmant vallon, occupé par de belles prairies qu'un très gros ruisseau arrose. Il jouit d'un des plus belles vues que les bois, les collines, les vallons, des lointains et une [sic] horizo sans bornes lui présentent» (Histoire... de Namur, t. IV, p. 10).