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LES MISÈRES DE LA GUERRE
Charles-Quint, dont les possessions entouraient le royaume de France, faisait peser sur ce pays une terrible menace. Le conflit était dès lors inévitable mais il se déroula pendant un certain temps loin des frontières des Pays-Bas. En 1554 malheureusement, le théâtre des opérations se déplace. Sous le commandement du roi Henri II, les troupes françaises pénètrent dans le comté de Namur par la vallée de la Meuse et s'emparent de Bouvignes et de Dinant qui sont mises à sac. La résistance de Bouvignes fut particulièrement énergique et le souvenir s'en est perpétué dans la belle légende des Trois Dames de Crèvecœur. L'armée française ravage la vallée mosane puis l'Entre Sambre et Meuse mais n'entreprend rien contre Namur où Charles-Quint est accouru avec ses troupes.
Désormais, pendant un siècle et demi, le comté de Namur va connaître les misères engendrées par la guerre. Aux combats, s'ajoutent les déprédations commises par les soldats amis ou ennemis. A cette époque, en effet, les armées ne disposent guère de services d'intendance si bien qu'elles doivent vivre sur le comté de la région où elles se trouvent. Les réquisitions de tout genre se multiplient et des impôts de plus en plus lourds doivent être levés pour payer la solde des troupes. A Namur, les finances communales se trouvent dans un état déplorable car la ville doit sans cesse pourvoir au logement et à l'entretien des garnisons espagnoles, allemandes et wallonnes qui séjournent dans la place.
Mais d'autres calamités viennent encore s'ajouter à cet état de chose. Très souvent, des bandes de brigands formées de soldats déserteurs parcourent la campagne, pillant et brûlant les fermes, attaquant les voyageurs et torturant les paysans. Ceux-ci doivent s'organiser pour résister aux pillards et aux maraudeurs. C'est alors que sont construites ces fermes fortifiées dont subsistent encore, à l'heure actuelle, de nombreux exemples: les bâtiments, construits en pierre et en briques, sont disposés en carré autour d'une cour centrale et flanqués de tours de défense. En cas d'alerte, la population environnante peut s'y réfugier. Il en va de même des églises et des cimetières dont les murs, les tours et les clochers permettent de repousser une attaque des hors-la-loi.
Réquisitions, razzias, passages des troupes mettent le pays en coupe réglée. Des villages sont abandonnés, de nombreuses terres ne sont plus travaillées, les moines quittent leurs abbayes pillées et incendiées et viennent, dans certains cas, se mettre à l'abri dans leurs "refuges" à Namur. Comme, à certaines heures de la période bourguignonne, un cri de souffrance s'élève à nouveau du pays de Namur.
Le château ferme de Courrière construit en 1622 par le maître de forges Muller à partir d'un domaine médiéval servait à protéger les habitants des soldats pillards (L'association "Les Scouts" rénove le bâtiment depuis 1987).