II est fort probable que le formidable nid d'aigle constitué par le rocher de Samson était occupé dès la préhistoire. Il est tout aussi probable que les romains y établirent un poste stratégique ; aucun document ne nous permet cependant de l'affirmer avec une certitude absolue ?
Les fouilles réalisées au siècle dernier ont permis de confirmer que dès les premiers temps de la monarchie mérovingienne, les Francs étairnt établis à Samson.Suivant d'anciens auteurs, la tradition citerait comme fondateur du château un certain Auberon, fils de Clodion le Chevelu, le premier représentant de la dynastie mérovingienne (428-448). L'étendue des ruines et la grandeur du cimetière qui contient environ 250 tombes prouvent qu'il s'agissait d'une citadelle de première importance.
L'Abbé Blouard a décrit les vestiges de la place forte qui comportait trois enceintes distinctes :
« La première était en direction Est ; on y accédait par le village de Thon ; un retranchement en marquait l'entrée ; de vieux murs entourent des souterrains rocailleux ; il n'y a aucune cons truction ; c'est dans cet endroit que fut découvert le cimetière franc.
« La deuxième enceinte, limitée aussi par des restes de murs, renfermait la basse-cour, elle était séparée de la première par un ravin ; une tour — la plus grande des deux qui subsiste — dominait les autres défenses, parapet, petit donjon, etc. et protégeait la demeure du portier, les postes des guetteurs, etc.« Plus avant, en direction Nord, se trouvait la chapelle, les aisances, les écuries, la prison, etc. ; on peut voir encore aujourd'hui les portes en plein cintre, des couloirs, des débris de murs de ces bâtiments ;
« La troisième enceinte était rattachée à la deuxième par un pont-levis surplombant un large fossé ; {styleboxjp width=150px,float=left,color=black,textcolor=white}La vue sur l'éperon a partir de Namêche met en évidence la faille rocheuse constituant la troisième enceinte. on entrait dans cette enceinte par la porte Saint-Jean, de chaque côté de la porte, Sud et Nord, deux tours très larges défendaient le donjon proprement dit de la forteresse ; c'est à l'intérieur de cette enceinte que se trouvait l'habitation du châtelain ; les buissons recouvrent aujourd'hui les derniers vestiges des murs des différentes pièces de la « chastellerie » : grande salle, chambre plus petite, puit, etc...
« En avant de ces constructions et du donjon, vers l'Ouest, une caverne creusée dans le rocher reliait le château aux ouvrages avancés qui commandaient la vallée ». On peut constater sur le cliché reproduit ci-avant le pont-levis et la porte du château.
Cette porte était surmontée d'un écusson aux armes de Guillaume II de Namur et de Jeanne de Harcourt ; une inscription rappelait les importantes réparations qui avaient été exécutées par ce comte.
Dans les comptes du château-Fort de Samson disséminés un peu partout on trouve des dépenses faites par exemples pour les barbacanes : 1) Barbacane : petit ouvrage de fortification, ayant pour objet de masquer un pont ou une porte de ville, consiste en un simple mur percé de créneaux ou de meurtrières. 2) Des hommes sont payés aussi pour « faire au donjon de Sanson neuve porte... » « Item refait toutes neuves les allées de le bas dudit Samson contenant de loinq 200 pies de faire aussi 6 doub eschelles servant aux dits allées, avec ce de refaire la grande eschelle de le roche qui deschent vers la rivière dont le tout ce faire bien etsouffisament à leurs despens... »3) On paie aussi : « A Fastré le mavieur pour une pierre garnie d'un gros anneau et une chaîne pour atachier le bac de Sanson... ».On paie encore « audit chaste! de Sanson c'est assavoir refaire le ga desseure le vies puick... item refait le gait sur Meuze »(Notes de Monsieur Josy Muller). Un chemin de ronde situé à mi-flanc du coteau garantissait tout U pourtour du Château.
Comme la plupart des châteaux-forts, Samson était un alleu. Il ne fut inféodé que temporairement au Prince Evêque de Liège.La forteresse avait résisté aux Normands, elle fut restaurée par Philippe le Noble en 1199. Waleran II, comte de Luxembourg avait réussi à s'en emparer sans difficulté. Il ajouta de nouvelles défenses en 1216. Enfin, Guillaume II, en fit en 1404 une citadelle imprenable dont le chroniqueur Croonendael put dire : « c'est celluy seul, de toutes les anciennes forteresses du Comté de Namur qui a eschappé à la fureur des guerres qu'ont fait à ce petit pays tant les liégeois que les roys de France ». Le XVe siècle fut le théâtre d'une lutte meurtrière entre les Liégeois et les Namurois devenus les sujets du duc de Bourgogne.En 1429 les Liégeois ravagèrent le Condroz. Ils tentèrent de s'emparer du château par surprise. Ils s'approchèrent de la porte de la basse-cour, après avoir progressé de nuit sous le couvert des bois. Ils attendirent l'heure de la sortie du troupeau, espérant profiter de ce moment pour pénétrer dans l'enceinte.
Heureusement un Namurois prévint le châtelain et la ruse fut déjouée. Dépités, les assiégeant brûlèrent le moulin et les habitations qui se trouvaient au pied du château. A la fin des guerres en 1466, les Liégeois tentèrent tout aussi vainement de prendre le château. Avec la même rage que 30 ans auparavant, ils ravagèrent les villages voisins pillant et brûlant ce qu'ils ne pouvaient emporter. Du haut des remparts du château, les réfugiés assistaient impuissants à la ruine de leurs biens. Le XVIe siècle fut plus paisible, la forteresse demeura en possession des troupes fidèles à l'Espagne. En 1577 les Confédérés tentèrent sans succès d'investir le château commandé alors par Michel de Warisoul. Le château était devenu un asile pour les réfugiés chassés des Pays-Bas par les troubles et les guerres religieuses. Le XVIIe siècle marqua la fin de l'antique citadelle. Son importance stratégique avait diminué. L'entretien d'une garnison d'une trentaine d'hommes pouvait paraître superflu car la citadelle de Namur comptait une garnison beaucoup plus importante. D'autre part, il eut fallu renforcer les défenses du château pour permettre à celui-ci de résister à l'épreuve des boulets de canon. Sous prétexte que les édifices menaçaient ruine, le roi d'Espagne, Charles II, décida la démolition de la forteresse. La destruction commencée en 1690 se prolongea pendant plusieurs années. On fit sauter les murailles au moyen de 44 tonneaux et 250 sacs de poudre. Depuis plus de deux siècles la végétation a envahi les vestiges de l'antique place forte.