Un territoire dont les limites ne sont ni indiscutées ni indiscutables. On n'en veut pour preuve que l'enquête menée en 1571 par Michel de Warisoul, bailli et capitaine de Samson, pour déterminer si le Vivier l'Agneau, le Trieu d'Avillon et leurs dépendances font partie de Sart-Bernard et, par conséquent, du bailliage d'Entre-Meuse-et-Arche. L'intérêt des dépositions des quinze témoins interrogés - âge moyen : 55 ans - réside dans le fait qu'apparaît de la sorte ce qui, aux yeux de la population concernée, détermine l'appartenance à tel bailliage plutôt qu'à tel autre : l'endroit où se tiennent les plaids et l'obligation d'y assister; la comparution devant le bailli ou son lieutenant «pour quelques amendes de sang ou aultres»; le service de «guet et garde» au château de Samson, à la «semonce» du bailli, «comme faisoient ceulx dudit Jaulce [Jausse] et aultres dudit bailliage» notamment en 1567, «à la passée du prince d'Orange, envers le mois d'octobre»; de même que le choix des «gensdarmes» et l'élection des pionniers par les officiers du bailliage «quand besoing en estoit»; enfin, le payement des aides et des tailles. Ce dernier point pouvait susciter jalousies et disputes entre villageois propriétaires dans deux circonscriptions différentes. Il est d'usage, dans ce cas, de ne payer la taille qu'au lieu de sa résidence. Ce que ne fait pas, en 1604, Jean de la Hault, qui tient taverne au Vivier l'Agneau. Parce qu'il s'acquitte de son obligation à Poilvache et s'en estime donc dégagé pour ses quelques prairies et pachis au Bailliage de Samson, les manants de Sart-Bernard s'emparent de ses six bêtes à cornes qu'ils conduisent «à la Violette», à Jambes. Ils seront tous arrêtés et emprisonnés par ordre du gouverneur pour avoir refusé de relâcher le bétail. En représailles, ils menacent néanmoins le tavernier de désigner sa maison aux «vrijbutters» afin qu'ils la brûlent s'ils venaient à passer par là.Des contestations surgissaient également à l'intérieur du bailliage où le puissant chapitre d'Andenne, le maï'eur de Beaufort et celui du ban de Sclayn se heurtent souvent, au tournant des XVIe et XVIIe siècles, aux exigences du bailli de Samson, notamment en matière de logements militaires. Mais la relative pauvreté des sources et les obscurités qu'elles charrient nous empêchent de démêler la hiérarchie des pouvoirs, les rapports de forces, subtils et changeants, qui s'établissent entre les personnes par le biais des institutions. Warnier du Cerf, seigneur de Fumai, est bailli et châtelain de Samson depuis décembre 1603. La fonction de greffier est occupée par Godefroid Ramez, propriétaire de la «brassine» de Vaux-sous-Samson et du moulin de Villeval26. Dans le bailliage, une seule seigneurie hautaine, en même temps pairie: celle de Faulx que tient, depuis 1580, Jean de Berlo, futur bailli de Condroz; les archiducs l'autoriseront, en 1608, à réunir la seconde à la première moyennant payement d'un double droit de relief27. Sur les rives du Hoyoul ou ruisseau de Samson, où sont concentrées forges et «usines», les «ferons» échappent toutefois à la justice hautaine du bailli qui l'exerce au nom du souverain : ils relèvent, «sauf pour les cas graves», de la «Cour des ferons» qui fut créée par privilège comtal en 1345 mais dont les archives n'ont pas été conservées. Outre le chapitre des chanoinesses d'Andenne, deux abbayes cisterciennes : d'hommes à Grandpré, de femmes à Solières.*** importances des possesssionsPlus que dans les bailliages précédents, et indépendamment des réserves déjà faites à propos de la valeur des données fournies par le Terrier, il est malaisé d'avoir des indications précises sur l'importance respective des terres, des prés et des bois, parfois comptabilisés «en tout», ou en «charues» de 9, 10, 16 ou 18 bonniers au lieu de 30 28. On peut cependant avancer que les fermes comptent en moyenne une quarantaine de bonniers de terres labourables (environ 38 ha), comme ailleurs, sauf dans le Feix où elles atteignent la cinquantaine. Onze «censés» nettement plus importantes - jusqu'à quelque 85 ha - se situent toutes dans la partie occidentale du bailliage : celles du Domaine au Vivier L'Agneau, des Maillen à Sart-Bernard, Mont et Arville, de Jean de Jauche à Mozet, de Gilles Burlen à Tropnogrive (Sclayn), de Jeanne de Crehen et Lancelot d'Yves à Bonneville, de Philippe Tamison à Strud et de Jean de Berlo à Faulx; auxquelles il faut ajouter la «censé» d'Evrard de Brion à Ahin. Les propriétés ecclésiastiques, moins nombreuses et d'étendue plus modeste, sont disséminées dans le ban d'Andenne et la terre de Beaufort. Dans chaque exploitation, on note aussi quelques bonniers de jardins et de prairies, dont la superficie correspond généralement au dixième des terres labourables.