Grandes consommatrices de bois aussi, les industries extractives et métallurgiques qui se développent à proximité des cours d'eau. Sans savoir à quel usage le marchand et maître de forges namurois Jean Muller destinait des chênes qu'il achète en 1598, on constate qu'ils valaient de 28 sous à 4 florins pièce; seize ans plus tard, il acquiert de Gérard de Thon 8 bonniers et demi de bois à 50 florins le bonnier.Ce n'est pas un hasard si Adrien de Montigny a représenté fourneaux et forges en activité à Jausse-les-Férons, à Samson, à Haltinne et à Beaufort. Comme en Entre-Sambre-et-Meuse, le minerai de fer abonde, en effet, dans le sillon mosan, en aval de Marche-les-Dames ainsi que dans l'ouest et l'est du bailliage. Depuis le XIVe siècle, des «usines» se sont établies le long des affluents de la Meuse, qui sont à la fois proches des lieux d'extraction, capables de fournir l'énergie hydraulique indispensable et peu éloignés, enfin, du fleuve qui facilite l'écoulement des produits finis : le ruisseau de Hoyoul ou Samson, le rieu Dotte, qui marque la limite entre le ban d'Andenne et la terre de Beaufort, le ruisseau de Solières, appelle aussi de Beaufort ou de Lovegnée. S'y ajoute, sur la rive gauche de la Meuse, celui de Sclaigneaux, en face de Sclayn. A. Gillard a pu établir qu'à la fin du XVIe siècle, il n'y a pas moins de douze usines dans le bassin du Samson - deux à Jausse, trois à Goyet et à Villeval, deux à Thon et à Samson - trois fourneaux en activité sur le ruisseau de Beaufort, à Lovegnée, et ceux de Rieudotte et de Sclaigneaux 40. «Allenthour du rieu de Hoyoul se trouvent plus de forges que charues» dit-on en 1606. Pour la perception des aides et des tailles, ces forges sont imposées «à l'advenant d'une charue» de terres labourables, mais près de Samson, l'une d'elles se loue «250 florins environ», tandis qu'une «charue charges déduictes» ne rapporte à son censier que 50 à 60 florins par an. À la même époque, Thierry de Robionoy donne le fourneau de Rieudotte en location à Jean Muller pour 1.550 florins à payer sur six ans .Cette industrie du fer, comme celle du plomb dans la partie orientale du bailliage, nécessite déjà des capitaux que ne peuvent fournir que de gros marchands namurois, dinantais et hutois, des armuriers et des munitionnaires, propriétaires fonciers de surcroît et détenteurs de fonctions publiques dans la région : les Tamison, les Moreau, les Gérard, les Jamotte, Jean de Ville, Jean Mullener ou Muller, surtout, et d'autres, suffisamment enrichis pour se porter acquéreurs, dans les premières décennies du XVIIe siècle, de nombreuses seigneuries hautaines ou foncières engagées par le souverain. Des veines de plomb, Henri Jamotte, maïeur de Beaufort, en a découvertes sur place et Jean de Ville, à «Cocufalize», où 40 à 50 milliers tirés par des ouvriers travaillant à la journée valent 400 florins42. Peu de carrières sont signalées dans le bailliage : à Haltinne (la «fallize le conte») et à Thon. Quelques modestes puits de charbon à Bonneville 43. Les moulins sont plus nombreux : quatre sur le Samson, dont deux appartenant au Domaine, de même que celui de Lovegnée à Ben; cinq sur le ruisseau d'Andenelle, tous aux mains de propriétaires privés, d'après le Terrier (Gobert Moulin, Neuf Moulin, Kevret, Jodion et Treton). L'arrentement d'une «brassine» à Ahin, «usine usinante avecq les ustensiles pour brasser», permet d'estimer à quelque 3.300 litres la contenance totale des «aymes, thonnes» et tonneaux y mentionnés.