Que valent et que produisent ces terres ? Une parcelle n'est pas l'autre et nos sources ne livrent pas d'informations chiffrées suffisamment représentatives, mais le Terrier localise de «mauvais terroirs», de «mauvais labeurs», des «terres stériles» principalement dans le ban d'Andenne, des endroits marécageux aux Tombes, dans la vallée du Samson; il y en a aussi à Strud où coule son affluent le Struviaux. À Maizeret, les terres sont «maigres et coulantes, en montagnes et vallées», le pays «arsillasse»29. On y récolte de l'avoine, et à Ahin de l'epeautre et du houblon, comme à Ben et à Solières. Du raisin aussi. y a quelques centiares de vignes «gisant auprès de leglise» d'Ahin, tandis qu'à Beaufort, débiteur d'une rente en vin offre de la payer en argent «à la bonne foi», en raison de la "stérilité de la vendange».L'absence de baux de «censés» nous a empêchés d'évoquer les pratiques culturales qui seraient propres à la région. On a toutefois conservé le contrat de location, très court,d'une «maison de nourriture», c'est-à-dire d'un élevage, celui de «Boisgelot» (Bois Gillot ou Bois Gillet), que le Terrier répertorie à Mont (Arville), «réputé de toute ancieneté pour 1/2 charue [ça 42 ha], pays stéril mais pour nourrison commode». En 1609, Thiery Salmon,maïeur de Crupet, loue donc à Philippe Durieu, «résidant au lieu du Boigelot, tenant la posterie dillecq pour le service des Altezes [...] la maison, censé, jardins, prairies, pasturaiges, bois, hayes et terres labourables dudit Boisgelot emprès le Vivier l'Agneau» pour neuf ans, moyennant 120 florins de Brabant par an, quittes et libres d'impositions. Le payement s'effectuera «comme tous aultres circonvoisins» entre la Saint-Gilles (1er septembre) et la chandeleur (2 février). Le locataire disposera du «bois appelle le forrest» uniquement pour le pâturage de ses bêtes, le propriétaire s'en réservant les coupes. Il entretiendra à ses frais le «placcaige et couverture» des bâtiments et offrira annuellement au maître «ung bancquet honneste de récréation pour luy et ceulx de sa compaignie». Le Terrier recense trois autres élevages nettement moins importants près d'Andenne : à Bohissau, Clair Chêne et "Troullevaulx» (respectivement ça 11, 7,5 et 4 ha).À bien regarder à la file les vingt et une gouaches du bailliage de Samson, l'impression générale prévaut qu'il y a davantage de prairies et de bois que de terres de culture, prises isolément, les vues prêtent à discussion. Dans leur ensemble, et bien qu'il n'y ait de troupeau représenté nulle part, elles reflètent ce qui a pu, même inconsciemment, frapper l'œil des peintres, village après village : un sol pauvre, voué à l'élevage à défaut de l'être à l'agriculture.