XII. MARIE-THERESE LALLEMANT de LEVIGNEN épouse du maréchal comte de LEVIGNEN
Marie-Thérèse de Lévignen naquit au château de Bodeux. Elle fut baptisée le 21 novembre 1746. Son parrain était le prince-abbé de Stavelot-Malmédy, Joseph de Nollet et sa marraine, sa grand-mère maternelle Anne-Hubertine de Nollet, dame tréfoncière de Thon et baronne douairière de Rahier de Bodeux.
Elle était la fille de Marie-Marguerite de Rahier et de Louis-Charles-François Lallemant comte de Lévignen. Ce dernier était français ; il s'était établi à Liège où il avait prit le grade de colonel de cavalerie des troupes liégeoises. Le prince évêque de Liège, Jean-Théodore de Bavière l'avait choisi comme chambellan et l'avait fait élevé à la dignité de grand croix de l'ordre de St Michel de Bavière (58).
Marie-Thérèse de Lévignen épousa, moyennant dispense spéciale du pape, le propre frère de son père, le chevalier puis comte Félix Lallemant de Lévignen. Grâce aux relations du comte de Lévignen qui connaissait personnellement le cardinal de Bernis, ambassadeur de France à Rome, les autorisations furent aisément accordées. La dispense donnait cepen¬dant lieu à la perception d'une somme de 4.800 livres.
Marie-Thérèse de Lévignen était de vingt ans plus jeune que son oncle paternel.
Le mariage fut célébré en la cathédrale de Liège, le 3 juillet 1771.
Félix Lallemant dit le chevalier de Lévignen avait fait carrière dans les armées françaises. Il avait débuté comme mousquetaire à che¬val de la garde ordinaire du roi. Il fit ensuite campagne en Italie dans le régiment du « Royal Piémont ».
Il passa alors au régiment de Sabran. Il se distingua à la bataille de Prague où son cheval fut tué, alors qu'il se lançait à l'assaut. La bravoure de Félix de Lévignen. lui valut le cordon de chevalier de Saint Louis.
Il prit encore part aux guerres de Hanovre et de Flandres. Il fut nommé lieutenant colonel au régiment de Talleyrand, puis colonel. Il fut pensionné au grade de maréchal de camp (général de brigade).
Marie-Thérèse de Lévignen eut quelque peine à prendre possession de l'héritage de son oncle maternel Charles-Oger de Rahier. Elle entra en conflit avec sa mère. Des actions en justice furent intentées devant les échevins de Liège, le conseil provincial de Namur et la cour féodale de Stavelot.
On poursuivit les procédures en degré d'appel notamment devant la chambre de Wetzlaer. On alla même jusqu'au conseil aulique de Vienne. Comme les procès traînaient, on préféra vider le différend par un arrangement de famille qui fut réalisé le 14 mai 1783.
Suivant cette transaction, Marie-Thérèse de Lévignen obtenait les seigneuries de Thon et des autres localités, tandis que sa mère bénéfi¬ciait d'une rente de 200 écus et de l'usufruit de l'office héréditaire de Bodeux.
Marie-Thérèse de Lévignen et son époux habitèrent à Bruxelles et à Namur où ils avaient un hôtel particulier. Ils résidaient également à Thon (59). Ils menaient grand train de vie comme.la plupart des aris¬tocrates de la fin de l'ancien régime.
La révolution vint bien vite mener le comte et la comtesse de Lévi¬gnen sur le chemin de l'émigration. Ils firent un long périple à travers l'Allemagne. Marie-Thérèse de Lévignen revint la première à Thon. Elle put sans trop de difficultés réintégrer ses propriétés, d'autant plus facilement qu'elle était séparée de biens de son époux en vertu d'une sentence du Châtelet de Paris.
Le maréchal de Lévignen put également revenir au pays. Un passe¬port signé par Fouché quelques années plus tard nous apprend que Félix de Lévignen avait les yeux bleus, le nez assez gros, la bouche petite, le menton rond, qu'il mesurait 1 m 76 de taille et qu'il portait perruque.
Il n'était plus parlé de la dame et du seigneur de Thon mais du citoyen et de la citoyenne Delévignen.
La dernière dame de Thon transmit le domaine à ses descendants (60).
58 Son père avait été conseiller au Parlement de Paris, puis intendant d'Alençon. La famille actuellement éteinte dans les mâles fut annoblie par François Ier puii> décorée du titre de comte par Louis XV. cfr Bon de Ryckman de Betz. Armoriai de la Noblesse belge p. 261
59 Félix de Lévignen était né en la paroisse St-Eustache à Paris, il avait résidé
autrefois dans un immeuble de la place Vendôme.
60 Pour comprendre la dévolution héréditaire de la seigneurie depuis 1693, voyez
le tableau ci-dessous :
Gilles de Mozet de Grunne ép. Josine de Celles, petit-fils de Jean de Mozet sgr de Grunne et d'Anne Moreau de Thon | ||||
Hubert François | Marie-Marthe de Mozet de Grunne, dame de Thon r. 28.2.1693 ép. Nicolas-J. de Mollet qui veuf épousa M.-A. de Balbany | 3 filles | ||
du 1er lit | du 2ème lit | |||
ANNE HUBERTINE de MOLLET dame de Thon r. 24.6.1698 ép. Emmanuel Bon de RAH1ER de Bodeux. | Marie-Anne de Mollet ép. 1° Bon de Weich 2° Cte de Lalaing | |||
CHARLES OGER de RAHIER seigneur foncier r.29.10.1772 sgr hautain r. 5.3.1753 | Marie Marguerite épouse du Ctc de Lévignen | |||
|| | ||||
MARIE-THERESE de LEVIGNEN ép. de Félix maréchal Cte de Lévignen dernière dame de Thon. 14.5.1783 | Charles L. François cte de Lévignen | |||
Anatole L.J.F. Lallemant cte de Lévignen ép. de la Bonne de Gaiffier Tamison | ||||
Jules L.F. Lallemant Cte de Lévignen ép. la Bonne de Selys-Longchamps | ||||
Raoul mort sans descendance | Marie, épouse du Bon Paul de Gaiffier d'Hestroy |