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VII.   GERARD MOREAU de THON, écuyer.

Gérard était plus souvent dénommé Gérard de Thon. Il était né en 1588. Son grand-père maternel, le chevalier de Hosden, lui avait sans doute donné le goût des armes ; il prit du service dans les troupes levées par nos anciens souverains. Le 30 juillet 1614, il obtint des archiducs Albert et Isabelle l'autorisation de disposer de ses fiefs pour payer ses équipages.
Il faut savoir que le métier des armes était coûteux, il fallait entre¬tenir le cheval et payer un valet. Gérard entretenait deux chevaux de selle.
Ces frais pesaient lourdement sur les genti'hommes de guerre, et comme l'écrivait Pierre de Vaissière, bien souvent les militaires se trou¬vaient réduits à regagner leur gentilhommière, la campagne terminée. Alors qu'ils étaient partis pauvres, ils revenaient misérables. Le séjour au régiment absorbait le maigre pécule leur octroyé (41).
Gérard avait même dû vendre un grand étang poissonneux de plus de 2 bonniers qu'il tenait en fief à Hall inné pour « subvenir aux dettes faictes pour s'ecquipper lorsqu'il s'estoit mis au service militaire ».
Nous ne savons malheureusement rien des batailles, campagnes ou faits d'armes auxquels le seigneur de Thon aurait participé.
Il s'était  engagé  «  sans  savoir  son retour   ».  Comme bien  souvent les gentilshommes ne revenaient jamais à leur village natal,  Gérard  de Thon avait fait son testament avant son départ.
Mais les préoccupations de la guerre ne l'empêchèrent pas de pren¬dre épouse, en l'occurrence, une demoiselle vivant dans la province de Luxembourg. C'est en 1615, qu'il épousa Anne de Waha, fille de Gilles de Waha, seigneur de Maboge, et de Marguerite de Wal (42).
Le contrat de mariage fut signé le 24 février au château de Rossi¬gnol. Les deux témoins de Gérard de Thon étaient
1° son  cousin  germain,   Giles   de   Glymes   de   Brabant,   capitaine   d'une compagnie de fantassins namurois ;
2° Christophe de la Blocquerie que venait d'épouser sa tante, Barbe de Hosden, veuve en 1"* noces de Michel de Warisoul.
Les témoins de Anne de Waha étaient : son oncle, le prévôt de Virton, Claude de Laittres, seigneur d'Allandry, Malmaison et autres lieux, et Ferry de Herbeumont, seigneur de Villers-devant-Orval.
Il était stipulé dans le contrat que le domicile des époux serait la maison forte et seigneuriale de Thon, que la dot serait constituée par 400 écus de 3 florins carolus, monnaie de Luxembourg et une rente de 300 florins en monnaie de Liège.
En ce qui concerne les objets mobiliers, il était convenu qu'Anne de Waha apportait ses bijoux, chaînes d'or, parures et vaisselles d'argent, tandis que son futur époux apportait ses chevaux et ses armes.
Les époux eurent quatre enfants : 1° HUBERT, qui suit 2" GILLES, 3° NICOLE, 4° FRANÇOISE.
La santé du seigneur de Thon ayant été compromise, lors de ses campagnes militaires, il fit son testament le 12 octobre 1632 « estant dé¬bile pour maladie ». Il avait quarante-quatre ans.
Il désirait que son corps repose en l'église de Thon et qu'une messe anniversaire soit célébrée chaque année à sa mémoire. Il laissait à Hubert, son fils aîné, le domaine de Thon et une ferme à Lestervin, près de Rochefort ; à Gilles, le puîné, il laissait la ferme de Robelmont, près de Virton ; les deux filles se partageaient la ferme de Hamerenne, près de Rochefort,
Mais une rente viagère devait être payée à la mère du testateur, Marie de Hosden. Il choisit pour exécuteur de ses volontés, les seigneurs de Grune et de Laittres, en récompense de quoi, il laissait à chacun une bague d'or.
Le testament fut signé et scellé à Namur, en l'hostellerie de l'Oran¬ge. Il mourait quelques semaines plus tard, le 17 décembre 1632.
Suivant ses dernières volontés, ses obsèques devaient se faire selon son état. Le curé de Thcn a relaté les funérailles du seigneur, qui furent réalisées avec un faste démesuré : le cortège était précédé par un bour¬geois de Namur qui portait les armoiries du défunt ; le cortège était formé d'une foule d'invites. Il faut savoir que les mariages et les décès donnaient lieu à des réunions qui duraient plusieurs jours, où l'on man¬geait et buvait beaucoup, soit pour se réjouir, soit pour se consoler 48.
Autour du convoi, marchaient les seigneurs de Grune, de Waha, de la Roque, de Moisnil et d'autres, dont le pasteur de Thon avait oublié les noms. Ils portaient de pelits blasons, représentant les huit quartiers de noblesse du défunt seigneur, à savoir : Moreau de Thon, Seron, Ber-voets, Marbais, Hosden, Oultremont, Velaine et Juppleu. La présence de pleurants était un luxe exceptionnel * (43).
En signe de deuil on suspendit au portail du château un drapeau en étoffe de velours, sur lequel était peint le blason de la famille.
Son corps fut inhumé en l'église de Thon, dans le chœur, sous une dalle funéraire, aujourd'hui invisible, qui portait l'inscription :

ICI REPOSE NOBLE ET VERTUEUX SEIGNEUR
GERARD de THON
Escuyer, seigneur de Thon
qui décédât le  17 de décembre  1632

42 Gilles de Waha, sgr de Maboge, était officier du comte de Rochefort  : son  épouse était la fille de Philippe de Wal, sgr de Rossignol, La Neuville, Villers-la-Ronde etc. 
43 Les souverains  durent  intervenir  pour  limiter le  nombre des invités  aux  fêtes  de
mariages ou aux funérailles, car ces réunions dégénéraient parfois. 44HUART  : Les Procès héraldiques dans le comté de Namur. A.N.B.,   1922, I.  133.





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General update: 19-01-2012 07:54
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