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ÉPOQUE  ANTÉRIEURE   A   LA   FÉODALITÉ.Tous nos lecteurs connaissent les rochers de Samson qui s'élèvent sur les bords de la Meuse, à 12 kilomètres de Namur; leurs masses imposantes dominent au loin le cours du fleuve dont les eaux agitées tourbillonnent en se heurtant contre leurs dernières assises. Sur la rive opposée, les riantes habitations du village de Namêche semblent faire contraste avec l'aspect sévère de ces roches blanchies par les siècles.Le château de Samson occupait un vaste promontoire escarpé, défendu d'un côté par la Meuse et de l'autre par une vallée profonde, arrosée par le Hoyoul; une position si favorablement située dut attirer l'attention de l'homme dès l'époque la plus reculée. Les historiens nous ont transmis sur ses premiers temps de nombreuses traditions : les uns disent qu'il y existait, antérieurement à la naissance de J. G., un temple et des retranchements; d'autres font remonter à l'époque de la conquête du pays par les Romains l'occupation de ces rochers, et l'établissement d'un poste chargé par J. César de maintenir en respect les Ëburons et les Aduatiques; tous enfin rapportent la  tradition qui attribue aux Francs l'érection du château de Samson et citent un certain Auberon, fils de Clodion, comme son fondateur, vers la seconde moitié du Vmc siècle '. {styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}1 CROONENDAEL, Cronicque, etc. pag. 125. — GRAMAYE, Antiquitates Bel-gicae, p. 76. — RICHARD DE WASSEMBOURG.2 Le Musée Archéologique provincial possède plusieurs décès armes. En attendant que l'exploration des cavernes, situées au haut de ces rochers, vienne jeter un jour plus complet sur l'ancienneté de leur occupation par l'homme, mentionnons les découvertes d'armes en silex et de haches en bronze faites à différentes époques dans les vallées voisines 2. {styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}Musée archéologique de Namur
Les pans de murs qui ont supporté les défenses du moyen âge nous ont révélé, dans plusieurs parties de leur construction, une origine romaine. Au siècle dernier, on voyait encore à Namêche, en face du château, une inscription gravée sur un autel votif romain en pierre bleue 3. {styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}3 Voici cette inscription telle qu'elle est rapportée par nos historiens : DM N1NIVS DRAVSONIS VIVVS  SIBI M. F.

Enfin la découverte récente d'un cimetière franc près des derniers retranchements du château, nous prouve que ce peuple fit un long séjour sur ce vaste promontoire et qu'il' y éleva un castrum habité par des hommes libres, où séjourna, peut-être, un cornes puissant 4{styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}4 Aucun cimetière de cette époque n'a offert jusqu'à présent, en Belgique, des dépouilles aussi importantes; il a été longuement décrit dans ces Annales archéologiques, t. VI, 545. .
La tradition, avons-nous dit, mentionne un fils de Clodion-le-Chevelu, roi des Francs, nommé Auberon, comme fondateur du château. Bien que cet Auberon soit inconnu à l'histoire, nous ne voyons là rien d'invraisemblable : il demeure constant aujourd'hui que Clodion habitait la Belgique, quoique les auteurs soient loin d'être d'accord sur l'emplacement de Dispargum, sa résidence favorite '. {styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}1 WARNKOENIG ET GÉRARD. Histoire des Carolingiens , t. I, p. 41.

Au total on peut affirmer que le moyen âge n'a pu élever les vastes enceintes qui se voient encore aujourd'hui au sommet des rochers de Samson : il fallait une armée de guerriers pour les défendre et leur étendue, à cette époque, ne pouvait être qu'un embarras.

Trois retranchements parallèles défendent le promontoire vers sa seule partie accessible; ils renferment des espaces plus ou moins grands. La dernière de ces enceintes, qui est en même temps la plus forte, est couverte aujourd'hui de ruines; là était la forteresse du moyen âge. La seconde enceinte plus grande que la précédente renfermait la basse-cour du château féodal, c'est-à-dire les écuries, granges, etc. Enfin la première plus vaste encore s'étend jusqu'à l'isthme ; elle ne fut jamais occupée pendant le moyen âge et renfermait des masures, des champs et des jardins qui, au XIIIe siècle, étaient en partie cultivés par le châtelain du château : ils sont situés, dit un compte de 1265, dedens les vies murs dou castiel de Sanson 2. {styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}2 Reg. velu. Chambre des comptes, n° 1001, arch. du roy. — J. BORGNET, Promenades dans Namur. Première et deuxième promenades. Voyez ce que dit cet auteur à propos des Vieux murs situés au dessus de la Gueule du Loup, au château de Namur.

Ce fut contre le retranchement de cette première enceinte, et près d'un endroit où une ouverture semble indiquer l'emplacement de la porte, que fut découvert le champ de repos des compagnons de Clodion. Nous avons eu le bonheur d'assister aux fouilles que la Société Archéologique de Namur y fit exécuter; nous nous rappelons encore l'émotion profonde qui nous saisissait lorsque s'offraient à nos regards ces guerriers couchés dans leur linceul de pierres, revêtus de leurs armes, la francisque et la framée au côté, comme à la veille d'un combat. Notre imagination invoquait l'apparition de leurs compagnes dont les froides dépouilles nous abandonnaient les bracelets et les colliers précieux, dont aimaient à se parer ces blondes enfants des forêts de la Germanie.

Nous ne terminerons pas ce chapitre des traditions sans rapporter un passage de la chronique de Jean d'Outremeuse ', {styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}1 Ly myreur des histors, publ. par Slr AD. BORGNET, dans la Collection des Chron. belges inédites , I, p. 527. relatif à l'origine surnaturelle du courant de la Meuse sous Samson et à l'étymologie du nom de Namêche. Bien que ce récit semble nous éloigner un peu de notre sujet, il nous a paru trop curieux pour le passer sous silence ; seulement nous 'l'avons un peu francisé pour le rendre plus intelligible au lecteur. S' Materne est, comme on sait, le grand apôtre de notre pays : une tradition, populaire encore, aUribue à ce Saint l'établissement de toutes les vieilles églises romanes de la province, surtout dans le voisinage de la Meuse. Notre vieux chroniqueur, après avoir longuement raconté la conversion des habitants de Binant et de Namur et les actions merveilleuses qui l'accompagnèrent, fait enfin arriver S' Materne à Namêche.
« En l'année 0 et XXIII, dit-il, S' Materne se rendit en la ville de Emordas sur Meuse; là il prêcha~la foi, convertit le peuple ainsi que le seigneur du lieu qui s'appelait Mege, et les baptisa. Ensuite il ordonna au diable Nam 2, {styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}2 Nam était le Dieu plus particulièrement adoré à Namur, à Binant et à Namêche. par tous les noms les plus sacrés de Jésus-Christ, de se précipiter dans l'eau qui 
coulait là près et d'y demeurer toujours sans jamais en sortir. Alors Nara s'élança à l'eau qui se rejeta en arrière avec un bruit de tonnerre, puis elle coula à grands flots et depuis lors a toujours coulé ainsi, quelque beau que fût le temps. S1 Materne appela la ville Nammêge, du nom de leur Dieu et de leur seigneur. Elle est située sur la Meuse devant un château nommé Sanson qui fut depuis élevé sur un rocher au-dessus du fleuve.» D'autres prétendent, rapporte J. d'Outremeuse, que cette ville s'appela Namêche, parce que S'Materne disait, quand le diable Nam se jeta à l'eau : Nam submersum, Nam noyé. Il attribue aussi à cet apôtre des Gaules la construction de l'église de Namêche, qu'il dédia à S1 Etienne, selon le désir de ce Saint qui lui était apparu en songe. Nous laissons le lecteur juge du degré de croyance qu'il faut accorder aux récits naïfs de ce chroniqueur.

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General update: 19-01-2012 07:54
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