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ÉPOQUE   FÉODALE.

Le château de Samson, ainsi que les principales forteresses du pays, était un alleu des comtes de Namur. Il perdit cette qualité en 1204, par la vente qu'en fît Philippe-le-Noble à l'évêque de Liège, Hugues de Pierrepont, moyennant une rente annuelle de cinquante marcs d'argent '.  {styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}1 DE REIFFENBERG. Monuments pour servir à l'histoire des provinces de Namur, etc., t. 1, Chartrier de Namur.

Philippe l'avait fortifié cinq ans auparavant, et on aurait lieu de s'étonner d'une cession aussi importante si elle avait été réelle; mais Samson ne fit que perdre sa qualité d'alleud, l'évêque ayant remis de suite le comte de Namur en possession du château, avec la seule condition de le tenir en fief de l'église de Liège.
Ainsi le comte de Namur promettait de servir l'évêque contre tous excepté contre le suzerain dont il tenait son comté; l'évêque, de son côté, s'engageait à secourir le comte en toute circonstance, et ses successeurs, à leur avènement, devaient renouveler cette promesse. Ces ventes fictives étaient très en usage au moyen âge : les seigneurs, possesseurs de châteaux fortifiés, trouvaient ainsi l'occasion d'augmenter leurs revenus, moyennant de rendre l'hommage et le.service militaire à un seigneur plus puissant.

En 1216, Waleran II, marquis d'Arlon et comte de Luxembourg, après avoir échoué aux sièges de Bouvignes et de Namur, eut plus de succès devant Samson dont il s'empara sans trop de résistance. Le premier soin de ce prince fut d'en expulser tous les habitants qui, très dévoués à leur souverain, ne pouvaient lui offrir aucune sécurité. II s'empressa ensuite d'ajouter de nouvelles défenses au château et y fit travailler jour et nuit, sachant que Pierre de Courtenay ne tarderait pas à arriver pour le reprendre. En effet, le comte de Namur dressa bientôt ses machines de guerre contre les murailles de Samson ; il échoua dans une première tentative pour s'en emparer, et le siège menaçait de traîner en longueur quand une habile diversion de Waleran le força à s'éloigner : ce prince avait envoyé au-delà de la Meuse un corps de troupes pour ravager le pays, et le comte de Namur se vit obligé de voler à la défense de cette partie du comté '. {styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}1 1. BORG5ET. Histoire du comté de Namur, p. 79.

A partir de cette paix l'histoire garde un long silence sur le château de Samson. Des défenses nouvelles le rendaient inexpugnable; aussi rie verra-t-il plus à l'avenir un drapeau ennemi flotter au sommet de ses murailles. « C'est celluy seul, » dit Croonendael, de toutes les anciennes forteresses des contes de Namur, qui a eschappé la fureur des guerres qu'ont » fait à ce petit pays tant les Liégeois que roys de France '. » {styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}1 CROONENDAEL. Cronique, etc. II suit les vicissitudes du comté de Namur, et ses possesseurs ne cessent de prêter hommage aux évêques de Liège. Ainsi, en 1307, lorsque Jean I consent à relever le comté de Namur du Hainaut, il est bien stipulé que le château de Samson continuera à relever de l'évêque de Liège 2. {styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}2 J. BORGNET. Analyse des chartes namuroises qui se trouvent aux archives à lOle, p. 43.

Cependant quelques années plus tard, en 1333, il recouvra sa qualité d'alleud, sans que nous sachions bien qu'elles furent les raisons qui mirent fin à ce vasselage consenti autrefois par Philippe-le-Noble, moyennant une pension de cinquante marcs d'argent, réduite depuis à vingt-cinq. Comme ce contrat avait été entièrement libre de part et d'autre, il est à présumer que les évêques de Liège se seront lassés de payer une pension considérable pour un château qui leur était de peu d'usage. Samson fut de nouveau engagé par Jean II, à la suite d'un traité conclu avec Jean III, duc de Brabant; mais le contrat avec ce prince n'eut, croyons-nous, qu'une très courte durée 3. {styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}3 GODEFBOID, Inventaire des titres du château de Namur, L. b. L. 8.

En 1429 commence cette longue guerre entre les Liégeois et les Namurois qui réduisit notre comté à la plus affreuse misère. Chacun sait l'acharnement et la cruauté que mirent dans leur lutte ces deux peuples voisins qu'une amitié fraternelle aurait dû toujours unir. Le comté de Namur venait d'être joint aux immenses possessions de la maison de Bourgogne, sous le sceptre de Philippe-le-Bon; au premier bruit de guerre, ce prince, très occupé avec la France, ne put envoyer au secours des Namurois qu'un corps de troupe très faible sous le commandement d'Antoine de Groï. Ce chef, dans l'impossibilité de tenir tête à un ennemi qui envahissait le comté de tous les côtés à la fois, dut se contenter de mettre en bon état de défense et de renforcer les garnisons des principales forteresses du pays, Namur, Bouvignes et Samson.
Les Liégeois, après avoir détruit les châteaux de Beaufort, de Golzinnes et de Poilvache, vinrent mettre le siège devant Bouvignes. Les Hutois leurs alliés ravageaient le Condroz; ils avaient surtout à cœur d'occuper le château de Samson qui commandait la Meuse et dont la garnison les inquiétait beaucoup ; mais comment s'emparer de cette place formidable dont les défenses venaient d'être renforcées par notre comte Guillaume II (1404)? Les Hutois décidèrent d'employer la ruse : à cette fin ils se mirent en embuscade, de grand matin, dans un petit boisvoisin du château, et là ils attendirent le moment où les troupeaux enfermés dans la basse-cour sortiraient pour aller à la pâture ; ils espéraient se précipiter alors vers la porte et s'en saisir. Un certain Hustin d'Heure avertit, au péril de sa vie, le châtelain du danger qui le menaçait; celui-ci fit garder les portes avec soin, et quand les Hutois s'approchèrent, ils furent accueillis par une nuée de traits. Les assaillants voyant leur ruse découverte, se retirèrent en brûlant les moulins et les habitations au pied du château '. {styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}1 JEAH DE STAYELOT, publié par M. A. Borgnet, dans la Coll. des chron belges inédit£*,p.ï38.—Registren° 11209delà Chambre des comptes (1438-1439).  Saouo*. Arch. du roy. «    de Ottart de Vaulx qu'il devoit sur la maison  gisante en Vaulx dessous Samson, néant; la maison est arse et destruite  par la deraine guerre. »

Lors de la guerre de 1466, qui se termina par le sac si célèbre de Dinant, la garnison liégeoise du château de Huy,
impuissante vis-à-vis du fort chasteal, ravage encore cruellement le bailliage de Samson '. {styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}1 Registre n" H225 de la Chambre des comptes     « Celui Jehan diffère de paierpourles grans dommaiges qu'il disl avoir en à cause de la guerre, Uni en sa maison qu'il a fa.it toute descouvrir pour le double du feu, et que » les bestaus du pays de Namur que on amenoit arierre des ennemis ont  comme tout gasté et foullé les biens estant aux champs , etc.

Du haut des murailles de la forteresse, où ils ont cherché un asile avec leurs meubles les plus précieux, les pauvres manants des environs peuvent voir les flammes qui dévorent leurs maisons et leurs récoltes. La guerre fut alors bien désastreuse, et nous voyons par les comptes du bailliage que, dix ans après, les terres sont encore en friche, faute de manants pour les cultiver, le peu d'entre eux que les malheurs du temps n'avaient pas conduits au tombeau s'étant réfugiés dans les villes où ils trouvaient au moins de la sécurité.
En 1489, eut lieu au château de Samson une assemblée des députés des villes du pays de Liège, convoqués par Albert de Saxe ; ils y jurèrent fidélité à leur évêque et souverain légitime Jean de Homes, dépouillé de ses états par Evrard de la Marck -{styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}2 FOULLOS. Hisloria Icodiensis. t. II, p. 174.
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En 1577, don Juan d'Autriche s'était emparé par surprise du château de Namur. Les Confédérés, avant d'en commencer le siège, résolurent, pour assurer leur tranquillité, d'emporter les châteaux du pays contenant des garnisons espagnoles. Ils espéraient se-rendre facilement maîtres du châleau de Samson, Michel de Warisoul, qui en était châtelain, passant pour leur être favorable. Cependant leur tentative échoua grâce à une troupe nombreuse qui, sous les ordres du capitaine Ployon, fut envoyée de Namur pour appuyer la garnison. Michel de Warisoul se disculpa entièrement du soupçon qui avait pesé sur lui3. {styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}3 - Mémoires anonymes jur les troubles des Pays-Bas, t. II, 119, 121,131.

Un demi-siècle plus tard, en 1639, eut lieu au château de Samson une exécution capitale pour crime de trahison. Un certain Daniel de Combremont, natif du pays et se qualifiant d'écuyer, avait pris le parti de la France. Après avoir traversé lès-provinces belgiques avec le régiment du colonel Trouillet, dont il était sergent-major, il s'était arrêté à Liège. Dans cette ville, dit l'acte d'accusation, « il avoit tenté, en présence d'un » ministre de France, d'y séduire à prix d'argent et autrement » un soldat du château de Samson, ainsi que sa femme qui » avoit été sa servante, afin de trahir et livrer entre ses mains » ce château ». Il fut condamné à être privé de son titre d'écuyer, et ses biens furent confisqués ; puis, conduit sur un échafaud, il eut la tête tranchée en présence de toute la garnison; son corps fut ensuite mis sur une roue et sa tête plantée sur une pique '. {styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}1 Sentences du Conseil provincial, 1655-4 657, arch. de l'État, à Namur.

Ce sont là les derniers faits intéressants que les documents nous fournissent sur le château de Samson. A la fin du XVIIe siècle, il avait subi peu de changements et ses défenses, formidables pour les armes de jet, étaient devenues insuffisantes depuis le grand développement donné aux armes à feu. Bien qu'il fût toujours occupé par une garnison, le peu de travaux de fortification moderne qu'on y exécuta nous fait croire que son abandon était décidé depuis longtemps. Trop près de Namur, alors place de guerre de. première force et commandant la Sambre et la Meuse, Samson n'avait aucune importance stratégique. Enfin les dernières années du XVIIe siècle virent signer son arrêt de mort : Charles II, roi d'Espagne et souverain des Pays-Bas catholiques, ordonna qu'il fût démantelé sous prétexte qu'il menaçait ruine. On commença à travailler à la démolition du château en novembre 1690. Les poudres et l'artillerie avaient été transportées à Namur dès le mois d'août précédant; les armes hors d'usage qui se trouvaient en magasin, telles'que arbalètes, couleuvrines, casques, hallebardes, etc. furent vendues comme vieux fer, en la place de la Fauconnerie au pied du château. Au mois d'avril 1691, la ruine de l'antique forteresse des Francs était complète; quarante-quatre tonneaux et deux cent cinquante sacs de poudre avaient été employés pour faire sauter les murailles qui causèrent, dans leur chute, de grands dégâts aux habitations de la vallée et surtout au moulin en Vaux '. {styleboxjp width=200px,float=right,color=grey,textcolor=black}1 Comptes du domaine particulier, domaine de Samson; archives du roy. nai H565, 11366 , -H567. Ces comptes renferment de longs détails sur la démolition du château de Samson.

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General update: 19-01-2012 07:54
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